Chapitre 27 : Le refuge de Varenn, Partie 3

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  • C’était un projet complètement fou à imaginer… Jusqu’alors, toutes les révoltes avaient été brutalement réprimées. Mais votre père, la douleur et l’espoir de la liberté nous ont convaincus de tenter notre chance. La suite, je pense que vous la connaissez. Nous avons saisi une occasion qui se présentait et, avec un groupe de partisans, nous avons réussi à défaire nos colliers pour nous emparer d’un stock d’armes. A la fin nous étions pratiquement une armée. Le temps que le Royaume Submergé tout entier entre en alerte, nous avons réussi à nous frayer un chemin jusqu’aux portes en profitant de l’effet de panique.

Evander s’interrompit brièvement, son visage s’assombrit.

  • Et puis, les nosferatus et les shinobis sont arrivés. Les seigneurs vampires envoyés par la reine n’étaient pourtant que cinq, mais ils ont massacré les trois quarts des nôtres avant que nous ayons réussi à atteindre les embarcations permettant de rejoindre la Surface, talonnés par les shinobis. Jorenn a alors choisi de se sacrifier pour couvrir nos arrières. Alors que nous étions sur le point d’embarquer, lui et une poignée d’esclaves ont tenté de retenir les shinobis. C’est à ce moment-là que Jorenn s’est retrouvé face à un nosferatu… et qu’il l’a terrassé !

Triss haussa les sourcils.

  • Mon père a… tué un nosferatu ? Répéta-t-elle, incrédule.
  • C’est sans doute le seul servilis au monde à être parvenu à en éliminer un à lui tout seul. Cela a provoqué une grande panique dans les rangs des soldats de Némésis. Nous en avons profité pour nous enfuir. La dernière fois que j’ai vu votre père avant que le vaisseau ne décolle, il était debout avec six survivants face aux shinobis. J’étais persuadé comme tout le monde qu’il était mort quand votre oncle m’a envoyé une lettre, il y a quelques années, m’apprenant non seulement qu’il était en vie, mais aussi qu’il était devenu un nosferatu et avait eu un enfant avec la reine. Après réflexion, je ne suis pas étonné que Némésis ait choisi de l’épargner et d’en faire son amant… Elle devait penser qu’un guerrier pareil ferait un allié puissant et elle ne s’était pas trompée. En revanche, elle avait sous-estimé sa détermination. Même devenu un nosferatu, il n’a pas oublié ses camarades et la rébellion. Il nous a offert l’espoir…

A ces paroles, Evander s’inclina devant Triss et cette dernière déglutit en comprenant qu’il parlait d’elle.

  • Mon père en est mort, lui rappela-t-elle en sentant la colère l’envahir, même si elle ne savait pas vraiment vers qui la tourner… Oncle Sirius m’a raconté qu’il était déjà blessé avant de me laisser à Umbrella et que les serviteurs des Nocturii étaient toujours sur ses traces. Il est reparti presque aussitôt pour entrainer ses poursuivants vers une fausse piste. Il savait qu’il allait mourir avant même de quitter Némésis. On n’a jamais retrouvé son corps, c’est vrai. Mais je sais au fond de moi qu’il n’est plus là... Mon père a donné sa vie pour moi, et mon oncle après lui. Et pas seulement eux : les habitants du Quartier Umbrella, mes amis… de nombreuses personnes sont mortes en mon nom, pour rien…
  • Ils ne sont pas morts pour rien, Votre Majesté, répondit Evander. Ils croyaient tous en vous, et en ce que vous représentez. Et un jour, vous accomplirez le rêve qu’ils partageaient tous… Notre délivrance !

A nouveau, Triss se retint de répondre et serra les dents. Elle n’aimait pas vraiment la façon qu’avait Evander de la traiter comme un objet, un trophée dans sa lutte contre la tyrannie des Nocturii. Mais il avait pris le risque de l’accueillir dans son refuge malgré le péril pour sa communauté… Elle se devait donc de faire bonne figure.

  • Ilyann m’a informé qu’une de vos camarades était blessée et portait l’uniforme des shinobis… déclara soudain Evander en changeant brusquement de sujet.

Triss tressaillit, inquiète, mais le guide de Varenn leva la main pour l’arrêter :

  • Ne vous inquiétez pas, je n’ai pas exigé sa mise à mort, Votre majesté, précisa-t-il. Ilyann m’a expliqué que vous lui avez assuré qu’elle ne représentait pas un danger, et je vous crois. Cependant… vous comprendrez qu’héberger une shinobi ici constitue tout de même un certain risque. Et en tant que chef, il est de mon devoir d’écarter tout ce qui pourrait compromettre la sécurité de notre communauté. Pouvez-vous m’expliquer les raisons pour lesquelles vous avez décidé de l’emmener avec vous plutôt que de l’achever ?

La jeune fille ne savait pas comment répondre à une telle question. De ce qu’elle dirait dépendrait en effet le destin de Philippa. Or Evander avait l’air moins facile à convaincre que son fils. Devait-elle mentir ou avouer la vérité ? Un mensonge pouvait lui permettre d’écarter les soupçons de son hôte ; cependant, s’il apprenait un jour le rôle de Philippa dans la destruction d’Umbrella et les crimes qu’elle avait commis, sa confiance envers Triss serait probablement brisée. Et puis, c’était elle qui avait décidé d’emmener l’espionne jusqu’à leur refuge… Elle devait donc assumer les conséquences de cette décision.

  • Philippa était la secrétaire de mon oncle au Quartier Umbrella, mais aussi l’espionne envoyée par le nosferatu Forlwey pour me retrouver, lui révéla Triss. C’est elle qui a sapé nos défenses pour permettre à Forlwey de réduire Umbrella en cendres…

Le visage d’Evander se figea brusquement.

  • Elle est responsable de la mort des habitants d’Umbrella ? s’exclama-t-il d’une voix dure. Et vous l’avez laissée vivre ? J’avoue ne pas comprendre pourquoi...
  • C’est une esclave, répliqua Triss. Tout comme vous l’étiez avant. Elle a été asservie par Forlwey et on lui a appris à obéir sans discuter. Moi aussi, je voulais sa mort… Croyez-moi, j’ai souhaité lui faire payer ses crimes… mais j’ai réalisé qu’elle n’était rien de plus qu’une arme dans les mains de Forlwey. Elle n’a pas la volonté de se rebeller. C’est une victime, autant que les autres.
  • Quand bien même ce serait vrai, elle reste dangereuse, objecta Evander, maitrisant au mieux sa colère. Que se passerait-il si elle réussissait à contacter son maitre et qu’il reproduisait le massacre d’Umbrella ici même, à Varenn ?
  • Elle n’est plus en état de nuire à qui que ce soit pour le moment… Et je vous promets qu’elle ne tentera rien. Je ne la laisserai pas faire, assura Triss, déterminée.
  • Dans son état, l’achever serait peut-être préférable… et ce serait la solution la plus sûre.
  • Je ne suis pas comme les nosferatus, répliqua la jeune fille en serrant les dents. Et je croyais que vous non plus...

Evander l’observa intensément, Triss soutint son regard. Pendant une angoissante minute, aucun d’entre eux ne prononça une seule parole, jusqu’à ce qu’Evander se décidât à rompre le silence :

  • Mon fils est un brave garçon, dit-il, à la surprise de Triss. Il est toujours prêt à aider ceux qui en ont besoin. Mais il est aussi très attaché à la sécurité de notre groupe. Je fais confiance à son jugement autant qu’au vôtre. Votre amie restera à l’écart, gardée en permanence par deux hommes pendant sa convalescence… et si elle survit, elle sera placée en détention à l’isolement, jusqu’à ce que j’en décide autrement… Cela vous convient ?

Etonnée qu’Evander se fût laissé convaincre aussi facilement, Triss sauta tout de même sur l’occasion et hocha la tête.

  • Je vous remercie, Evander.

Le guide de Varenn s’inclina brièvement devant elle.

  • Je vais vous laisser vous reposer, votre Majesté, déclara-t-il avec un sourire bienveillant. Et vous préparer, pour la fête de ce soir. Je sais que vous êtes probablement épuisée par votre voyage, mais… tout le monde veut vous rencontrer.

Après l’avoir officiellement présentée à la foule, Evander avait en effet aussitôt annoncé qu’une fête serait préparée en l’honneur de la jeune princesse, qui se serait bien passée de telles festivités… Mais pour ne pas offenser Evander et tous ceux qui les avaient accueillis, Triss avait accepté.

  • Je ne suis pas fatiguée, répondit aimablement Triss en se forçant à sourire. Ne vous inquiétez pas.
  • Si vous désirez vous changer en quelque chose de plus… festif, je vous ferai parvenir une robe. Nous avons une ingénieuse tisseuse qui réalise des merveilles avec de la toile, ainsi que quelques personnes qui seraient ravies de vous coiffer pour vous aider à vous…

Un frisson lui parcourut l’échine quand elle se rappela son sentiment d’agonie entre les mains de Noémie et Mérissa au Primera.

  • Ce n’est pas la peine, refusa-t-elle aussitôt. Je n’aime pas trop les robes. Je compte rester telle quelle… si cela ne pose pas de problème.

Evander haussa les épaules.

  • Comme il vous plaira, obtempéra-t-il en la saluant une dernière fois. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, il vous suffit de nous le demander.

Il sortit de la pièce, laissant Triss seule. La jeune fille s’écroula sur le lit, qui gémit sous ce poids soudain. Elle avait appréhendé cette journée, incertaine de l’accueil qu’elle recevrait parmi les habitants de Varenn. Et puis, l’attaque de Philippa, la rencontre avec Voldra… Tout cela avait pris le pas sur son inquiétude. Et avant même de pouvoir cligner des yeux, elle se trouvait à présent dans cette pièce, essayant de démêler le fil de ses pensées.

Qu’allait-elle faire désormais ? Les réfugiés la prenaient pour une sorte de sauveuse, descendue des cieux pour les libérer de la tyrannie des Nocturii… Or cela lui pesait. Elle souhaitait bien entendu que Némésis fût vaincue, ne serait-ce que pour se venger du mal qu’elle lui avait infligé, mais l’attente et les espoirs que les réfugiés de Varenn plaçaient en elle était un fardeau qu’elle avait du mal à porter… Car si elle échouait, cet endroit subirait le même sort que le Quartier Umbrella, voire peut-être pire encore. Et cela… Triss ne voulait surtout pas l’avoir sur la conscience.

Ses pensées se tournèrent alors vers Philippa et Naru… Comment allaient-elles ? L’état de son ancienne amie s’était-il stabilisé ? Triss ne doutait pas des capacités de la sorcière. Elle avait après tout, réussi à délivrer Sheamon de la malédiction de Damoclès. Mais elle se sentait désolée de placer un tel poids sur ses fragiles épaules. Philippa avait bien failli la tuer elle aussi, et pourtant Naru n’avait pas hésité un seul instant à la soigner. Triss se sentit heureuse d’avoir pris la décision de s’enfuir avec la jeune sorcière. Naru mettrait en œuvre tout ce qui était en son pouvoir pour sauver Philippa. C’était quelqu’un de bien.

Et ensuite ? Que ferait-elle une fois que Philippa serait guérie ? Laisserait-elle Evander l’enfermer pour l’éternité ? Ou bien la relâcherait-elle ? Triss doutait que Philippa fût un jour acceptée à Varenn. Or si elle la laissait dans la nature, il était à prévoir qu’elle retournerait vers son maitre… Triss se demanda si telle était la raison pour laquelle certains ne gardaient aucun prisonnier. Cela leur facilitait probablement la tâche…

Soudain, on frappa à sa porte, l’arrachant à ses rêveries. Triss se redressa sur sa couche.

  • Entrez, déclara-t-elle.

La porte s’ouvrit, livrant le passage à Sheamon, Jonas et Ryku sous sa forme de chat.

  • Salut princesse ! s’exclama Jonas avec son habituel air moqueur en pénétrant dans la pièce. Alors, c’est comment d’être vénérée comme une reine ?
  • Je ne tiens pas à en parler… grommela Triss.

Ryku sauta immédiatement sur le lit pour se frotter contre la jeune fille, qui le caressa affectueusement, constatant avec plaisir qu’il ne souffrait plus d’aucune blessure.

  • Je suis contente de voir que tu vas mieux, Ryku ! murmura-t-elle doucement tandis qu’elle le grattait sous son menton.

Le félin ronronna de plaisir.

  • Il en faut plus pour le mettre à terre, commenta Sheamon avant de s’adresser à Triss. Sa race guérit vite. Ça va, gamine ?

Triss esquissa un sourire. Ce n’était pas une simple question anodine que lui posait le renégat. Il avait perçu sa détresse et s’inquiétait de son état. Cette attention lui réchauffa le cœur.

  • Je suis juste un peu fatiguée, le rassura-t-elle.
  • Allons princesse, il ne faut pas que tu aies une pareille tête de déterrée ! lui conseilla Jonas. Le grand chef a dit que les réjouissances seront en ton honneur !
  • Elle n’a peut-être pas envie de se réjouir aujourd’hui, lui dit Sheamon. Je te rappelle qu’il y a moins d’une heure, nous avons failli être tués par un dragon…
  • C’est vrai, mais nous nous en sommes sortis en un seul morceau, non ? Et puis… Nous sommes arrivés ! C’est notre destination finale, cela mérite une fête !

Les paroles de Jonas laissèrent Triss et Sheamon silencieux. C’était vrai, leur périple qui avait commencé à Florence s’était achevé au moment précis où ils avaient franchi la porte du refuge. Le contrat qui liait Triss et Sheamon avait donc pris fin.

  • C’est exact, approuva Sheamon en hochant la tête. Tu es libre de t’en aller, devin.
  • Voyons, Sheamon mon ami, ne joue pas les rabat-joie ! Pour ma part, je compte profiter à fond de cette belle soirée. On l’a mérité, il me semble, vu le périple que nous avons dû accomplir… C’est une aventure que je raconterai à mes enfants, si jamais j’en ai un jour !

Le devin s’adossa au mur et poussa un soupir.

  • Mais après tout ça, ce soir, croyez-le ou non, je suis content d’être en vie, lâcha-t-il. Et j’ai bien l’intention de profiter de la fête. Alors mettons ces sombres pensées de côtés, d’accord ? Le temps de se séparer viendra bien assez tôt…

Jonas se dirigea alors vers la porte.

  • Je vais aller me promener en ville, annonça-t-il. J’ai vu quelques petites vampirettes qui me regardaient avec beaucoup d’intérêt… Peut-être seront-elles attentives au récit de l’affrontement épique du chevalier Jonas Perceval (et de ses compagnons) contre l’effroyable Voldra !

Sa tirade réussit à esquisser un sourire sur les lèvres de ses interlocuteurs. Sur ces dernières paroles, Jonas referma la porte derrière lui, laissant Sheamon et Triss seuls. Un silence gêné s’installa, jusqu’à ce que le renégat se décidât à le rompre.

  • Tu as parlé avec Evander, tout à l’heure ? lui demanda-t-il.
  • Oui, grimaça Triss. Il est au courant, pour Philippa. Je l’ai convaincu de la laisser rester pour le moment, mais il est fermement déterminé à la garder en détention… Je comprends, c’est sûr. Mais je suis étonnée qu’il n’ait pas montré plus d’opposition… il a cédé un peu trop facilement.
  • Il n’a pourtant pas l’air d’être le genre d’homme à accepter des compromis, raisonna Sheamon.
  • Peut-être qu’il fait confiance à Ilyann…
  • J’en doute. Ce type est un survivant ; il sait ce qu’est la souffrance. Si quoi que ce soit mettait en danger sa colonie, il l’éradiquerait immédiatement. S’il a laissé Philippa en vie, c’est qu’il est persuadé qu’elle ne constitue pas un danger… Pour l’instant, en tout cas.
  • Donc… Tu penses qu’il a décidé de la laisser vivre ?
  • Je ne peux pas me mettre à sa place, gamine, et je ne suis certainement pas un devin comme Jonas. Mais pour l’heure, ta prisonnière n’est pas en danger. D’ailleurs elle peut difficilement se mettre à causer des problèmes dans l’état où elle est…
  • Et si je décidais de m’en aller en laissant Philippa ici, tu penses que…
  • Ils la tueront, répondit Sheamon sans hésitation. Si tu n’es plus là, elle ne sera plus qu’un fardeau sans intérêt, ou pire encore, une menace. Evander n’hésitera pas deux secondes à écarter un danger potentiel qui pourrait un jour causer la perte de sa colonie, surtout quand on sait qu’elle est responsable de la destruction du Quartier Umbrella.
  • Sur les ordres de Forlwey.
  • C’est du pareil au même pour eux.

Triss sentit son cœur se serrer en entendant cette condamnation à mort.

  • Alors dans ce cas, on devra l’emmener avec nous.
  • C’est trop dangereux, gamine.
  • Mais si elle reste ici elle va mourir, tu l’as dit toi-même ! Quel est l’intérêt de l’avoir épargnée si c’est pour l’abandonner à son sort ici ?

Sheamon resta silencieux mais il n’avait pas l’air convaincu pour autant. Triss décida donc de pousser son avantage.

  • Elle mettra du temps à se rétablir, lui dit-elle. Philippa ne représentera absolument aucun danger pour nous et on la surveillera. Une fois à la Surface, on avisera de son sort, d’accord ?

Le renégat poussa un soupir vaincu.

  • Dans ce cas, ce sera à mes conditions, la prévint-il. Pas d’objection, gamine ?

Triss secoua la tête, rassurée. Pour lors, le destin de Philippa était en suspens. Mais c’était suffisant. Cela lui laissait un répit, et le temps de décider du sort de l’espionne. Elle savait que Sheamon n’avait accepté que pour lui éviter de se sentir encore coupable, et elle lui en était reconnaissante.

  • Merci Sheamon ! lui dit-elle avec sincérité.
  • Pas de quoi, grommela celui-ci d’un ton bourru avant de changer de sujet. Tout ce qu’Evander voulait, c’était parler de Philippa ?

Triss se tendit en se rappelant sa conversation avec le dirigeant de Varenn.

  • Non… reconnut-elle avec lenteur. Evander m’a aussi parlé de mon père et mon oncle… de leur passé commun dans le Royaume Submergé quand ils étaient gladiateurs. Il m’a également déclaré que… mon rôle était de devenir le symbole de la rébellion contre Némésis. Je crois qu’il ne sera pas très réceptif à l’idée que je veuille partir…
  • Il n’aura pas le pouvoir de t’en empêcher, la rassura Sheamon. S’il essaye de te l’interdire, je me chargerai de lui.
  • Mais il m’a déclaré que c’était mon destin, que toutes les personnes mortes en mon nom s’étaient sacrifiées pour que je puisse devenir ce symbole… l’arme de la rébellion contre Némésis ! Le sang des martyrs, la flamme de la rébellion… exactement ce qu’a prédit Jonas. La prophétie… Est-ce qu’en m’en détournant, je ne rendrai pas totalement vains ces sacrifices ? Est-ce que j’ai seulement la possibilité de choisir mon destin ?

Sheamon posa une main apaisante sur son épaule, l’incitant au calme.

  • Tu seras qui tu décideras d’être, déclara-t-il avec conviction. Tu n’as pas à devenir ce que les autres aimeraient que tu sois. Il s’agit de ta vie, de tes choix. Laisse les morts là où ils sont. Et, quoi qu’il arrive, je m’assurerai que tu sois la seule à décider de ton destin.

La jeune fille esquissa un sourire reconnaissant. Sheamon avait raison. Son destin lui appartenait et, quoi qu’elle décidât, ce serait sa décision, non pas celle que d’autres auraient prise pour elle. Elle se sentait désormais d’autant plus confiante dans son désir. Varenn était peut-être très accueillante, mais Triss n’avait aucune envie de s’enterrer là ! Elle aspirait à vivre dans le monde avec Sheamon. Plus que jamais, la jeune fille était certaine que telle était la voie qu’elle voulait suivre.

  • Quand partirons-nous ? lui demanda-t-elle.
  • Dès que j’aurai touché ma récompense et que Philippa aura repris suffisamment de forces pour supporter le voyage…. Quoiqu’il vaudrait mieux partir au plus vite. Je sens qu’Evander et les autres risquent de ne pas apprécier nos projets. On mettra ensuite le cap vers le sud. Il y a un passage vers la Surface peu fréquenté dans le Comté d’Estoga. Une fois de retour dans le monde d’en haut et ton amie la sorcière déposée là où elle voudra, nous nous ferons discrètement oublier pour semer nos poursuivants… Si tu es toujours partante d’ici là, bien sûr…
  • Plus que jamais, affirma la jeune fille.

Sheamon sourit.

  • Alors dans ce cas, nous nous en occuperons dès demain.

A suivre...

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