XXIX - 2014

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Elle scanna le couloir du cinquième étage, espérant ne pas croiser d’autres lève-tôt. Elle était venue à huit heures, priant pour que les autres aient assez de paresse pour rester au lit. Ils semblaient s’être calmés, ces temps-ci. Sûrement la fièvre des projets de fin de semestre.

Un des professeurs de L2 avait mis les copies du test précédent à disposition de ses étudiants et les avait encouragés à les consulter ce vendredi matin.

La porte du bureau était entrouverte. Respire. Elle toqua deux petits coups et une voix enrouée l’invita à entrer. Levant des yeux bouffis, son professeur parut surpris de la voir.

— Tu es bien matinale ! s’exclama-t-il gentiment.

La quarantaine, obèse – on aurait pu la faire rentrer quatre fois dans ce corps –, T-shirt orange. La caricature du programmeur geek.

Elle repoussa soigneusement la porte derrière elle et avisa la pile de copies posée sur le petit bureau à sa droite.

— Je t’en prie, assieds-toi, prends ton temps pour bien situer tes erreurs. Je suis à ta disposition si tu as des questions.

Elle s’assit donc et parcourut la liasse de feuilles. Iris, Iris… Son cœur eut beau se serrer à la vue du nom de l’étudiante, elle fut contente de constater que la note de celle-ci était médiocre. Un poil rassérénée, elle se mit alors à la recherche de son propre nom.

Au bout d’une minute, elle entendit des pas pesants s’approcher et une tête massive se pencha par-dessus son épaule. Le gros doigt gigota sur quelques lignes de code et son professeur lui expliqua deux ou trois corrections. Elle hocha patiemment la tête.

— Tu es satisfaite de toi ?

Sa réponse ne dut pas être très convaincante.

— C’est bien, non ?

— Oui…

— C’est bien, hein ! insista-t-il.

Il avait souri, comme s’il voulait la persuader. Il semblait le penser sincèrement. Il ne l’avait pas laissée partir avant qu’elle accepte sa remarque.

Elle finit par mettre le doigt sur ce qui clochait. C’était la première fois depuis longtemps qu’on l’encourageait avec tant de vigueur, qu’on l’obligeait à voir qu’on croyait en elle.

Elle ne rasa pas le mur de l’université mais s’engagea dans la rue à la vue de tous, se cramponnant de toutes ses forces au soupçon d’espoir que son professeur avait instillé.


L’espace d’un instant, ces mots avaient tout illuminé.

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