LIV - 2012

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Il ajusta le casque anti-bruit. Il était seul au stand de tir. Dès qu’il avait franchi pour la première fois les portes du complexe, il avait su qu’il avait pris la bonne décision. Un royaume secret l’avait accueilli. Un monde nouveau, un monde pour lui. Le regard dans le vague, il laissa le silence pulser à ses oreilles.


Il ne ferait jamais…

… de mal à une mouche ? Oui, tu es une créature si tranquille.


Reléguant sa voix intérieure au second plan, il baissa les yeux sur le Colt M1911 qu’il tenait entre les mains. 9 × 19 mm Parabellum.

Leva la sécurité.


Bang.


Il savoura le son qui se répercutait entre les murs, se prolongeait dans toute la salle, dans son corps, dans sa tête. Il vibrait au même rythme. Expirant doucement, il resta immobile jusqu’à ce que la résonnance se meure.

Il inspira de nouveau.


Et tu te souviens de ce que tu faisais, après chaque fois qu’il te hurlait dessus ?

Il ne faisait rien.


Bang.


Et comment te sentais-tu alors ?

Il s’était senti… désarmé.


Bang.


EXACTEMENT ! Tu l’as laissé se moquer de toi presque tous les jours et tu n’as rien fait. Tu avais peur. Mais tu as toujours ressenti cette fureur délicieuse, qui inondait ton corps. Tu te noyais dedans.


Bang.


Mais à la vérité, t’as jamais eu les tripes.


Bang.


Tu n’as jamais réagi, tu ne t’es jamais rebellé, tu ne t’es jamais mis en colère, tu n’as jamais crié sur personne, même si tu avais de bonnes raisons de le faire. Non. Tu as simplement écarté ces émotions.


Bang.


Ces merveilleuses, dangereuses émotions.


Bang.


Tu les as écartées, supprimées, tu as cru qu’elles étaient parties, mais rien ne disparaît jamais vraiment dans la nature. Non, non, non. Elles étaient là tout du long. Cachées, tapies, n’attendant que d’être redécouvertes. Mais tu as trop pris pour pouvoir t’en sortir.


Bang.


Tu as tellement pris que, d’une manière ou d’une autre, elles se sont matérialisées.


Bang.


T’as besoin d’une putain de rage. T’as encaissé pendant trop longtemps.


Il souffla, ravalant la bile qui lui était montée à la gorge. Il avait le contrôle. C’était fini.

À présent, il reprenait son destin en main.

Il passa au .45 ACP.

Il releva la tête, fixa ses yeux sur la cible. Raffermit ses doigts sur la crosse de l’arme.


Tira une première fois.

L’impact était parfait.


Tira une deuxième fois.

Et il tira encore.

Et encore.


La détermination se plaqua sur ses traits alors qu’il se laissait emplir de nouveau par l’exquise sensation d’apaisement qui coulait dans son corps. Avec chaque tir, il tuait une partie des mots qui avaient rongé son enfance. Une balle pour un souvenir.


Et encore. Plus fort.

Et encore.

Il la sentait, cette énergie qui courait dans ses veines. Cette rage qu’il n’avait jamais eue.

Il inspira.

« T’arriveras jam… »

Expira.

Et tira la dernière balle.


Tu m’impressionnes. Peut-être qu’on pourra tirer quelque chose de toi. Peut-être que tu ne vivras pas toute ta vie comme un bon à rien.

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