Qu’elle nous semble bien belle, blanche et droite. Dressée vers le ciel comme si rien ne pouvait la faire fléchir. Elle nous laisse entrevoir l’aura de sa future chaleur. Elle patiente, attendant la flamme qui viendra l’allumer. C’est une symbiose parfaite entre l’objet créé et l’élément dont il porte le triomphe. Mais une bougie, une fois allumée, se consume bien plus vite que ce qu’on aurait pu imaginer.

La flamme ondule au gré des brises, tantôt ardente tantôt craintive. Elle est soumise aux caprices de la Nature, tout en sachant que tout ce qui ne l’éteint pas la fait grandir. Alors elle apprend à accepter les aléas et les tourments, ainsi qu’on accueillerait de vieux amis en notre sein. Que les évènements soient tragiques ou plaisants, ils forment notre tout unique et universel. La flamme souhaitant vainement combattre les brises se transforme alors en incendie, ravageur et destructeur. Et au détriment de sa propre sécurité, elle transformera son monde en royaume du chaos.

La bougie sensée, elle, a apprit d’expérience que nul ne sert de lutter, il faut par moment se laisser porter par le vent. Une flamme courageuse ne sera jamais éteinte sans un combat au goût de sel.

Au fil du temps, au fil des jours, de sa taille déclinante elle commencera à côtoyer la poussière. Ses longues larmes blanches effleurant le sol de leurs douces arabesques figées. Une lueur toujours vive résiste, abaissant les barrières de son monde, tutoyant les cieux infinis. Les lointaines heures de fierté s’en sont allées, ne restent que les souvenirs, reflets fanés d’un ancien temps.

C’est avec douleur et résignation que s’achève le voyage. D’étincelante à vacillante, la flamme a consumé toute la bougie. Bientôt elle se dissoudra complètement, rejoignant le néant dont elle est née. Les vestiges d’un passage éphémère encore gravés dans le sol, elle s’envolera au-delà de toute forme physique.

Mais le feu jamais ne mourra. La flamme unique renaîtra, et quelque part en ce monde débutera l’histoire d’une nouvelle bougie. Ainsi se perpétuera le cycle éternel de la vie. Parce qu’après tout, la vie n’est qu’une bougie, et notre âme une flamme aux accents d’humanité.