chapitre 9

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Ça faisait mal. Tili cligna doucement des yeux, très lentement, mais sa vue eut beaucoup de mal à s’ajuster. Il sursauta en comprenant soudain que l’on bougeait autour de lui, mais ce n’était pas noir. Ce n’était pas un Laeïa, c’était autre chose. Une ombre, non, moins que ça encore. C’était quelque chose de flou qui passait devant ses yeux. Il se concentra dessus, désespérément attiré et un flot de données lui parvinrent.

Soudain, il sut exactement que la quantité d’énergie était non optimale et qu’il fallait réduire la vitesse générale du vaisseau pour s’approcher, du point d’équilibre. Qu’est-ce que ça pouvait bien vouloir dire ? Malheureusement même en étant totalement à l’arrêt, ce ne serait pas parfait. C’était une certitude sortie de nulle part. Les dépenses énergétiques étaient simplement trop importantes. Il sut quels étaient les systèmes les plus couteux et les systèmes déjà mis à l’arrêt. Il sut qu’habituellement, les Laeïas n’avaient pas besoin d’être aussi immobiles.

Sa tête lui fit un peu plus mal encore et il ferma les yeux, presque aussitôt les informations cessèrent d’affluer. Que s’était-il passé ? L’angoisse monta très rapidement en lui. Il rouvrit les yeux pour chercher Rivière et le trouva non loin de lui. Pleins de zones étranges l’entouraient. L’une d’entre elles se dirigeait directement vers lui et il ne put y échapper. Passer d’une communication au mot à mot si pénible à ça, c’était trop. Une partie de lui paniqua. Que lui avait-il fait ? Aussitôt la réponse arriva, expliquant les détails d’une opération qu’il n’aurait pas dû pouvoir comprendre mais qu’il comprenait à présent. Etait-ce comme cela qu’ils communiquaient entre eux ? Pouvait-il communiquer avec tout le monde à présent ? A nouveau un flot brut de données lui répondit factuellement.

La communication de Laeïas se faisait à l’aide de différents canaux sur lesquels ils envoyaient des lots de données. Il sut, sans le moindre doute que chaque envoie comportait dix-neuf strates différentes. Dix-neuf ! Et il sut, dans le même temps que l’opération n’avait permit que lui ouvrir l’accès à la toute première et d’une manière vraiment imparfaite.

Depuis le premier jour, Rivière cherchait une méthode quelconque pour arriver à avoir un véritable échange et cette solution partielle était la seule réponse qu’il avait pu trouver. Tili tremblait comme une feuille, un mal de tête toujours aussi présent, alors qu’il tentait de décortiquer ce qu’il apprenait. Dix-neuf couches. L’une d’entre elles étaient dédiées aux informations factuelles, c’était ce à quoi il avait été ouvert. Une autre était liée à l’idée de l’expéditeur. Rivière avait-il seulement un nom dans sa langue ? Pour la première fois, Tili comprit que ce n’était peut-être pas le cas. Un autre encore était liée à l’identité de leur trio. Dix-neufs… et il n’en connaissait pas la moitié.

- Merci… finit-il par murmurer.

Seulement s’il recevait des données, il n’en émettait aucune alors il tendit la main et tapota sa peau pour écrire ce petit mot qui exprimait toute sa gratitude. En réponse, Rivière le caressa doucement. L’opération avait été laborieuse et Tili était déjà épuisé. Du coin de l’œil il observa Epine, en se demandant s’il pouvait recevoir quoique ce soit de lui, mais il n’y avait aucune zone floue sur laquelle se concentrer. Absolument rien. Il fit attention aux autres, qui étaient proches de l’endroit à Epine attaquerait, mais ce fut tout aussi non concluant. Les autres, encore plus loin, ne l’aidèrent pas davantage.

C’était étrange de se dire qu’à présent, il pouvait poser des questions à Rivière et s’attendre à de véritables réponses. Pas juste des détails qu’il pourrait mal comprendre mais des données brutes prenant en compte énormément de paramètres différents. Il n’aurait jamais cru pouvoir en arriver là, mais à présent qu’il y était, il se rendait compte qu’il n’était pas sûr de vouloir toutes ces réponses.

Une partie de lui avait envie d’écrire « Prendre Epine ? » et de voir. Une autre partie aurait préféré demander : « Vous avez besoin de quoi ? », mais même dans son esprit l’immensité de la tâche lui faisait peur. Au lieu des questions importante, il tenta de penser à autre chose et détourna le sujet en écrivant :

« Vous communiquez toujours comme ça ? »

Et presque aussitôt Rivière lui fit parvenir les différentes formes de communications chez les Laeïas et il découvrit qu’il y en avait une immense variété en fonction des interlocuteurs et de leurs proximités. Un Laeïa ne communiquait pas de la même manière avec un autre Laeïa ou avec son trio. Il ne communiquait pas non plus de la même façon avec une autre espèce mais à chaque fois, ils cherchaient une solution optimale en fonction de l’espèce et des données à transmettre.

Rivière lui renvoya plusieurs fois des informations, faisant d’autant plus palpiter cette veine très douloureuse le long de sa tempe. Il se concentrait sur la communication au sein du trio et en sa valeur très égalitaire. Les données tournaient entre eux pour les mettre tous au même niveau. Pourquoi ? Tili avait bien trop mal à la tête pour le demander et il n’avait vraiment pas envie d’aborder le sujet d’Epine. A chaque fois qu’il y pensait une vague de ressentiment grimpait en lui. Elle fut très rapidement éclipsée par les caresses de Rivière sur sa peau. Plusieurs fois par jour, il recommençait, avec toujours la même douceur et ce qui semblait être les mêmes objectifs. A chaque fois, après le coït, Tili se sentait plus léger et plus propre de l’intérieur comme de l’extérieur d’ailleurs. Même ses vêtements ne sentaient pas la transpiration malgré le nombre de jours conséquents où il les avait portés !

Fermant les yeux et se laissant aller de son mieux malgré la migraine, il profita des caresses, se blottit tout contre le corps frais de Rivière. L’alien parvenait toujours à trouver la position idéale pour l’accueillir contre lui. On aurait dit un magicien qui savait comment se placer, comment le toucher, comment le manipuler pour qu’il soit pleinement satisfait.

Il poussa un gémissement lorsque Rivière le pénétra simultanément dans ses deux orifices intimes. Il s’y était habitué mais c’était toujours un peu étrange. Comme à chaque fois, Rivière détourna son attention le temps de s’installer profondément dans sa verge et puis, il se mit à bouger au fin fond de lui jusqu’à le faire jouir. C’était aussi rapide qu’efficace et comme souvent, Tili s’endormit juste après, bercé dans le corps de son doux compagnon.

***

Au réveil suivant, il eut l’impression d’avoir rêvé jusqu’à apercevoir ce flou qui volait dans l’air autour de Rivière mais qui ne semblait plus lui être particulièrement destiné. C’était plutôt comme si Rivière l’avait inclus dans les personnes qui pouvait intercepter ce message. Tili fit de son mieux pour ne pas le faire, sa tête allait un peu mieux et il ne doutait pas que le nombre de données qu’il pourrait recevoir avant que la migraine ne reviennent était au moins très limité.

Il passa un long moment à se dégourdir les pieds en remuant gentiment, sans trop s’éloigner de l’arbre. Il bailla également et s’étira, autant de gestes qui semblèrent attirer la curiosité des autres à son grand désespoir. Epine s’interposa, prenant une forme hautement menaçante et Tili nota qu’au bout de chacun de ses pics, la pointe s’était faite encore plus rude. Pourquoi ? Peut-être perdait-il patience ? Après tout, cela faisait longtemps maintenant qu’il s’interposait constamment et les autres n’avaient pas l’air de comprendre ses avertissements.

Il pouvait bien se faire discret, ça ne changeait pas grand-chose… Et même s’il n’avait vraiment pas envie d’aborder le sujet « Epine », il devrait le faire tôt ou tard. Le jeune homme se sentait assez lâche de ne pas vouloir le faire pour le moment, mais lorsque Rivière approcha et tendit le bras en lui proposant d’écrire, il évita soigneusement le sujet.

« Où allons-nous ? »

Cette fois-ci la réponse fut encore plus précise et imagée. La destination se rapprochait assez vite, dans quelques jours à peine ils atteindraient la planète-mère des Laeïas. Une planète brisée qui avait volé en éclat et se comportait actuellement d’une façon tout à fait atypique en raison de leur technologie. La première fois, Tili avait cru que les amas étaient reliés simplement pour des raisons pratiques : Rivière ne pouvait sans doute pas se découper et faire voler des bouts de lui-même. Mais à présent, il avait une image mentale des plus nettes et il savait que d’immenses bouts de toiles noires venaient assembler les différents débris. Quel lieu étrange ça allait être ! Flotterait-il ? Y avait-il une apesanteur ? Une végétation ? En faites, y avait-il de la vie en dehors des Laeïas ? Et puis, aurait-il de l’oxygène ? Un air respirable ? Il n’avait jamais eu de soucis ici, alors ce n’était pas la première interrogation qui lui venait et puis, on lui avait toujours fournis ce dont il avait besoin. Envoyer un émissaire sur une planète où il allait mourir n’aurait aucun sens ! Il fit de son mieux pour se rassurer tout en continuant de fouiller dans le flot de données. C’était étrange à faire. Il suffisait de se poser une question et d’observer la réponse qui s’imposait tout naturellement. Il comprenait et il savait avant même d’avoir pris le temps de réfléchir à la question.

Au bout d’un très long moment, ce fut l’un des doigts de Rivière qui traça sur sa peau « Ʌ ? » mais Tili recula immédiatement, refusant d’aborder ce sujet. Il avait tant à découvrir et Epine ne lui apportait jamais rien de bon…

Alors il tenta de changer simplement de sujet, réclamant de parler de leur lieu d’arrivée, de la géographie et de ce qu’il y trouverait. Rivière resta immobile un très long moment avant de consentir à lui transmettre les informations en question. Il ne pourrait pas toujours éviter le sujet, mais au moins, ça ne viendrait pas aujourd’hui.

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