CHAPITRE XX

7 minutes de lecture

Dimanche je me suis levé tard, j’ai un peu trainé au lit mais je ne me suis pas risqué à faire quoi que ce soit de risqué …

‘Je ne vais pas me faire chopper deux fois de suite !’

Même si en y repensant, je ne pense pas qu’il y ait vraiment de risque parce que Stéphane a du être aussi gêné que moi voire davantage et qu’il a du prévenir Sébastien qu’il valait mieux ne pas rentrer brusquement dans ma chambre compte tenu des activités manuelles que je j’étais susceptible d’être en train d’y pratiquer …

Après avoir pris mon petit déj’ sur la terrasse, compte tenu de la belle journée qui s’annonçait, j’ai un peu trainé avant de m’installer dans le salon pour regarder Téléfoot.

Ca m’énerve de ne pas pouvoir jouer pendant trois mois !

‘Ca fait presque la moitié de la saison fichue en l’air !’

Après manger j’ai décidé d’aller voir mes copains jouer ; on a, enfin ils ont, un match amical cet après midi au stade du Verger contre Les Sorinières. J’y suis allé en vélo puisque cela au moins ne m’est pas interdit. Le médecin m’a interdit de courir, donc pas de foot, de sauter et pour le reste il a essayé de me réconforter en m’indiquant que je pouvais faire du vélo donc ou de la natation.

Stéphane a rebondi là-dessus en me proposant d’aller à la piscine à la place de mes entrainements de foot et puis Sébastien m’a dit qu’il pouvait me faire un programme de muscu si j’étais intéressé. Je pense que je vais dire oui ; de toute façon, ça ne va pas me faire de mal et puis ça aura le mérite de me faire garder la forme.

‘J’ai pas envie de devenir un mollusque qui passe son temps affalé dans le canapé du salon !’

En même temps, c’est exactement ce que je suis en train de faire ! …

Après le match, je suis rentré avec Boris et ensuite j’ai revu mes cours pour lundi. Je n’ai pas trop de devoirs mais Stéphane et Sébastien n’ont pas arrêté de me rabâcher qu’il fallait tout de suite se mettre au travail parce qu’au lycée, le rythme est beaucoup plus élevé qu’au collège. Et puis si je veux continuer à faire du sport, même si ce n’est pas du foot, il faut que je m’organise bien pour ne pas me laisser déborder.

...

Ce lundi matin, il fait froid et sur mon vélo, j’ai regretté de n’avoir pris qu’une veste légère ; je crois que c’est clair, les beaux jours sont derrières nous et il va falloir bientôt ressortir l’équipement contre la pluie et le froid.

‘Brrr, j’aime pas cette saison !’

C’est vrai que si l’été durait toute l’année, franchement, ça ne me dérangerait pas du tout !

‘Quand je pense que « chez moi », il fait chaud !’

C’est rare que je pense à mon pays d’origine, les Philippines, et encore moins que je le considère comme mon pays mais de temps en temps je ne peux m’en empêcher. Quand il fait un temps à ne pas mettre un orteil dehors par exemple ou quand on entend parler de quelque chose aux informations, sur la politique du pays ou sur un fait divers tragique.

Je suis particulièrement touché quand il s’agit d’une catastrophe naturelle comme un tremblement de terre, une éruption volcanique ou un typhon parce que ça me ramène à ma propre histoire et au malheur qui s’est abattu sur ma famille. J’avoue que ça me donne un coup au moral mais je reste tout de même à regarder les terribles images que la télévision offre complaisamment aux yeux distraits des lointains téléspectateurs …

...

-« Guten Morgen ! »

-« Bonjour monsieur, guten Morgen » répondons-nous poliment à notre prof d’allemand.

Bérangère s’est assise à côté de moi et on s’est regardé un peu gêné avec Boris. On a oublié de lui demander si elle voulait bien lui laisser la place pour les cours d’allemand. On n’a rien osé dire et il est allé s’asseoir à sa place habituelle.

J’ai l’impression que ça ne va pas être aussi simple qu’on le pensait de lui demander de changer de place …

‘On verra bien, il faut juste trouver le bon moment pour lui en parler …’

-« Avant de commencer le cours, j’aimerai prendre un peu de temps pour vous donner des informations sur le voyage à Saarbrücken de février. C’est dans cinq mois mais cela va venir vite. Tout d’abord, je rappelle que ce voyage linguistique n’est pas obligatoire mais j’espère que vous serez nombreux à vouloir y participer parce que … »

C’est vrai que dès le premier cours, il nous en avait parlé mais je me disais qu'on avait encore le temps.

-« L’objectif de ce séjour linguistique est bien sûr en tout premier lieu, la langue ; cela va permettre de vous tester in vivo et bien sûr de vous améliorer dans la pratique, parler et compréhension. Et puis bien sûr c’est également une occasion unique de découvrir l’Allemagne, sa culture, ses habitants et de vous enrichir dans ce domaine. Oui, Julie ?

-« C’est pendant les cours ou pendant les vacances, monsieur ?

-« Les deux ! On partira le mercredi de la dernière semaine de cours et on restera une semaine complète, ce qui fera un retour au milieu la première semaine des vacances.

-« Et comment ça se passera pour ceux qui ne viennent pas, ils auront pas cours ?

-« Si, sauf avec moi et madame Ravier, qui nous accompagnera. »

Un murmure de dépit à peine perceptible s’élève des rangs ; il devait y avoir des élèves qui se voyaient déjà avec trois jours de vacance supplémentaire !

-« Et combien ça coûte ?

-« J’y viens ! Nous avons reçu hier l’accord du Conseil Départemental pour nous aider et nous recevrons également une subvention de la Mairie car Saarbrücken est jumelée avec Nantes. Donc grâce à ces aides et la participation du Fonds Lycéen de notre établissement, le prix, pour une semaine entière n’est que de 200 euros ! »

Cette fois c’est plutôt un murmure satisfait qui retentit distinctement.

-« C’est pas cher ! »

-« Non, franchement, je pense que pour ceux qui ne connaissent pas l’Allemagne, c’est une sacrée opportunité et j’espère que vous la saisirez ! Aujourd’hui, je vous distribue des papiers d’information à faire passer à vos parents et j’organise une réunion à la fin du mois pour répondre aux questions et tout expliquer. Il me faudra les réponses définitives avec les chèques pour la mi-octobre, d’accord ? »

Une certaine excitation nous gagne et ça discute pendant que monsieur Zeiger distribue les feuilles.

-« Tu vas y aller toi, Diego ? me demande Bérangère.

-« Ouai, je pense ; en tous les cas j’ai bien envie ! Et toi ?

-« Oui moi aussi ! Ma sœur y allée il y a deux ans et elle m’a dit que c’était super ! »

Le lundi, je finis à quatre heures et je suis rentré directement à la maison. J’ai dit au revoir à Boris et je lui ai souhaité bon entrainement avec un peu d’envie dans la voix …

J’ai décidé d’aller à la piscine pour m’occuper et ne pas rester à la maison à tourner en rond.

J’ai avalé rapidement deux madeleines, j’en ai fourré deux autres dans ma poche, et muni de mes affaires de piscine, je suis remonté sur mon vélo.

Normalement je devrai aller à la piscine de la Cholière qui est à peine à deux kilomètres de chez moi mais elle est fermée pour une histoire d’infection d’après ce que m’a dit Sébastien.

L’autre piscine, celle des Dervalières, n’est pas loin non plus mais elle est découverte et je crois qu’elle ferme fin septembre et de toute façon aujourd’hui il fait gris et il y a du vent.

‘C’est pas un temps à faire du bronzing !’

Je me rabats donc vers la piscine du centre ville, celle de l’île Gloriette. Je file jusqu’au tram, j’attache mon vélo et c’est parti, direction le centre ville !

A cinq heures, j’arrive devant la piscine après avoir traversé le grand parking du centre ville. Je paie et me dirige vers les cabines pour me changer.

‘Il n’y a pas grand monde !’

Je n’ai croisé personne et deux minutes plus tard, j’arrive devant les bassins. C’est encore plus désert que je ne le croyais. Personne dans le petit bain et j’aperçois quelques rares bonnets de bain dans le bassin de cinquante mètres !

‘Eh ben, ça va pas être la joie !’

Je reste un instant immobile ma serviette à la main commençant à regretter d’être venu jusqu’ici et en me demandant ce que je vais pouvoir y faire à part nager, bien sûr …

‘Ouh, elle est froide !’

Décidemment, ils ne font rien pour attirer le monde. Je ne sais pas à combien elle est mais par rapport à l’été, il manque facilement cinq ou six degrés !

Après avoir hésité un court instant sur le bord du bassin, j’ai fini par me mettre à l’eau. Il m’a fallu deux ou trois minutes pour m’habituer mais après finalement ça allait.

‘C’est pas si terrible que ça ! Et puis je suis venu pour nager alors si je me remue un peu …’

J’ai fait plusieurs longueurs en crawl tranquillement, trois en fait, et puis je me suis arrêté. Il n’y a vraiment personne à part le club de natation qui occupe la moitié des lignes d’eau. J’ai croisé quelques bonnets et j’ai aperçu un entraineur, je pense, qui marchait le long du bassin mais à ces exceptions près, c’est désert.

Adossé au bord pas très loin de l’échelle qui permet de sortir du bassin, je reprends mon souffle avant de commencer le petit programme que je me suis concocté. Le médecin m’a dit qu’il fallait surtout faire du dos parce que c’était la meilleure nage ; c’est celle où le corps est le plus allongé horizontalement dans l’eau et la meilleure, justement, pour le dos.

Je m’apprête à m’élancer et je regarde derrière moi pour vérifier qu’il n’y a personne quand contre toute attente, je vois un bonnet blanc passer sous la ligne de flotteurs qui sépare le bassin en deux et arriver à toute allure sur moi. Un peu surpris, j’attends que l’importun me laisse le champ libre mais au lieu de m’éviter il s’approche tout près et lève la tête hors de l’eau.

-« Salut ! »

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