CHAPITRE XXII

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-« Didi, on mange dans cinq minutes ! me demande Stéphane en frappant à la porte de ma chambre.

-« Ok, je finis un truc et j’arrive !

-« Au fait, tu es allé à la piscine ? » reprend-il en entrouvrant la porte.

-« Ouais et j’ai rencontré un gars de ma classe ! Enfin pas de ma classe mais qui est en allemand avec moi. Il fait de la natation et il est resté après son entrainement. Il m’a montré la technique du dos et du coup je me suis bien amélioré, il est super sympa !

-« Ah ben tant mieux ; j’imagine que c’est plus sympa de ne pas être tout seul ?

-« Ouais c’est sûr parce qu’au début, une fois que j’avais fait quelques longueurs, je commençais à trouver ça un peu long…

-« Et tu comptes y retourner alors ?

-« Oui, je vais y aller mercredi en début d’après midi, lui, il a entrainement de 13h à 14h30 et il m’a dit qu’il pouvait rester au moins une heure après.

-« Bon et bien c’est parfait si tu t’es fait un nouveau copain.

-« Oui j’avoue que déjà ça rend la natation plus agréable…

-« Bon je file préparer l’entrée, je t’appelle dès que c’est prêt ! »

Pendant le repas, on a parlé du voyage en Allemagne tous les trois. Sébastien nous a rejoints un peu en retard et comme je le pensais, il n’y a eu aucun problème. Au contraire, ils étaient enthousiastes, presque encore davantage que moi.

-« Ca me rappelle mon premier voyage en Angleterre ohlala, les souvenirs… » déclare Sébastien avec un sourire qui en dit long.

-« Dis-donc, c’était pas « A nous les petites anglaises » quand même ? » dit Stéphane en faisant mine de s’inquiéter.

-« Heu non, pas de risque ! Moi à cet âge, je savais déjà que les filles c’était pas ma tasse de thé !

-« T’avais quel âge, Séb’ ? » interviens-je.

-« Oh je sais plus… ça devait être en fin de collège…

-« Non mais plus sérieusement, les voyages linguistiques, je trouve ça formidable ; tu vas découvrir un pays, des jeunes allemands de ton âge… c’est quand on est jeune qu’il faut s’ouvrir aux autres !" reprend Stéphane.

-« Jeconnais déjà un allemand, Tobias !

-« Ah oui c’est vrai ! Vous vous entendiez bien tous les deux. Tu as de ses nouvelles ?

-« Oui, de temps en temps, on s'envoie des mails. Et vous savez pas le plus incroyable, il habite Saarbrück !

-« C’est vrai ? Mais c’est génial ça, tu vas peut-être le revoir !

-« Oui j’espère bien, je lui ai envoyé un message pour lui dire que j’allais surement venir à Saarbrück …

-« Dis donc, tu étais bien sûr de toi !

-« Ben oui, j’étais presque sûr que vous alliez être d'accord…

-« Et bien tu avais raison, c’est une opportunité à ne pas manquer !

-« Et ta réunion c’est quand ? »

Mardi, Boris a demandé à Bérangère s’il pouvait se mettre à côté de moi en allemand et ça a failli tourner au drame…

On était dans la cour, à la récré de dix heures et je l’ai vu arriver vers nous. Je pense qu’il en avait assez de cette situation et il y est allé sans détour.

-« Heu Bérangère, ça te dérange pas si je me mets à côté de Diego en allemand ?

-« Quoi ? A côté de Diego, ben pourquoi ?" lui répond-elle vivement.

-« Heu ben l’année dernière j’étais toujours à côté de lui et cette année comme on n’est plus dans la même classe…

-« Diego, tu préfères être à côté de lui, c’est ça ? »

Elle m’a regardé dans les yeux en disant ses mots et j’ai senti qu’elle était blessée. Franchement, je ne savais plus où me mettre alors j’ai balbutié une réponse embarrassée.

-« Heu ben non mais… enfin c’est juste pour l’allemand…

-« Oh d’accord ! Et si tu préfères être à côté de quelqu’un d’autre dans les autres cours, t’as qu’à me le dire, je déménagerai ! »

Elle était en colère et je me suis senti bête, presque coupable ; j’ai baissé la tête et j’ai « rougi »…

-« Moi, je croyais qu’on s’entendait bien et que t’étais content d’être à côté de moi mais c’est peut-être mieux comme ça si tu préfères !" reprend-elle.

On a échangé un regard avec Boris. Il était consterné lui aussi par la réaction de Bérangère. Il y a eu un petit silence et puis il a repris la parole.

-« Non Bérangère, ça n’a rien à voir avec Diego, c’est moi qui voulais… mais je comprends, vous vous entendez bien, c’est pas grave, je vais rester à côté de Freddy. »

A nouveau il y a eu comme un blanc dans la conversation et puis heureusement la sonnerie a retentit et nous nous sommes regardés à nouveau gênés.

-« Oui, on reste comme ça ; je disais juste ça pour voir mais pas de problème …reprend-il en ramassant son sac.

-« Oui, oui, on reste comme ça… » renchéris-je.

A cinq heures, j’ai retrouvé Boris au hangar à vélo et aussitôt il est revenu sur l’incident de ce matin.

-« Ben dis donc, j’ai cru qu’elle allait me sauter dessus ce matin ! T’as vu comment elle a réagi ?

-« Ouais, je m’doutais que ça allait pas trop lui plaire mais je pensais pas que ce serait à ce point là !

-« Tu sais, j’ai réfléchi et je crois que… enfin franchement …

-« Franchement quoi ?

-« Ben pour moi, il n’y a qu’une seule raison pour qu’elle ce soit mis dans cet état là…

-« Bon qu’est-ce que tu veux dire ? Explique !

-« Pour moi, c’est clair, elle a flashé sur toi !

-« Quoi ?

-« Ben oui il y a que ça qui peut expliquer comment elle a réagi, elle a craqué pour tes beaux yeux noirs ! »

J’ai relevé la tête et détourné mon regard pour tenter de cacher mon trouble parce que ce que Boris vient de me dire ne me surprend pas complètement. J’avais eu la même pensée mais je l’avais vite écartée loin de mon esprit comme si je ne voulais pas y réfléchir…

-« Tu crois ?

-« Ben oui, plus j’y pense, plus je crois que c’est la seule explication, mon petit gars ! Allez, fais pas cette tête au moins comme ça tu sais à quoi t’en tenir ! Petit veinard, Bérangère, la fille de seconde la plus mignonne du lycée !

-« …

-« Tu dis rien ? Tu devrais être fou de joie ! Moi à ta place, je serai déjà en train de lui demander de sortir avec moi ! T’es pas content ?

-« Heu si, si… mais quand même c’est pas sûr…

-« Purée Diego, vas-y fonce, c’est du tout cuit ! Elle est folle de toi ; t’as vu comment elle était ce matin, une vraie tigresse !

-« Ouais, c’est sûr… »

J’ai essayé de montrer que c’était une chance, un rêve comme le dirait Boris mais je ne sais pas pourquoi, au fond de moi, je n’en étais pas du tout convaincu …

On s’est quitté à l’embranchement du boulevard du Massacre, le boulevard de notre lycée.

-« Salut Boris, à demain !

-« Ouais et retiens toi cette nuit, va pas asperger tous tes draps !

-« N’importe quoi !

-« En même temps, t’aurais tort, moi à ta place je sais à quoi je rêverais! »

Il m’a salué avec un grand sourire et a tourné vers Plaisance tandis que je remontais vers chez moi.

Je suis rentré doucement, pas du tout excité, bien au contraire…

Je crois que je voulais retarder le moment où je serai obligé de regarder la réalité en face chez moi, au calme dans ma chambre.

‘Mais pourquoi, je suis pas fou de joie comme le dit Boris ? Bérangère, c’est la fille avec laquelle tous mes copains voudraient sortir !’

J’ai roulé tranquillement en tentant de chasser cette idée qui n’arrête pas de trotter dans ma tête…

‘Pourquoi, j’suis pas heureux, juste à cette idée ?

Pourquoi, ça me fait peur ?

Pourquoi Diego ? Pourquoi ?…’

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