CHAPITRE LXXIX

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En pédalant ce lundi matin pour rejoindre le lycée, je me suis rappelé que nous n’avions pas eu de retour des CPE à propos du projet du Geography Club.

‘Ce n’est pas bon signe, si ça avait été positif, ils nous auraient prévenus !’

Comme j’étais en avance, comme d’habitude, j’ai décidé de passer à leur bureau pour leur en parler. A neuf heure moins vingt, il n’y a personne dans le hall, ni dans les couloirs. Tous ceux qui ont cours à 8 heures sont dans leur salle ; même les retardataires sont arrivés et rares sont ceux qui comme moi sont déjà là s'ils commencent à 9 heures ; le matin, les minutes sont précieuses pour les lycéens et peut-être plus encore le lundi !

La porte du bureau des CPE est ouverte alors je m’approche et je frappe. Ils sont là, tous les deux, en train de boire un café.

-« Bonjour Madame Faure, bonjour monsieur Jawari, je ne vous dérange pas ?

-« Ah bonjour Diego, non pas du tout ! Entre !" me répond ce dernier.

-« Tu viens pour votre projet ?

-« Oui, c’est ça ; comme on a une réunion du club demain soir, je venais aux nouvelles pour pouvoir tenir les autres au courant.

-« Et nous on a été débordés la semaine dernière avec les inscriptions au bac des terminales, excuse-nous, on ne vous pas tenus au courant.

-« D’abord pour ce qui est des recherche sur internet et des filtres du lycée, ça va être modifié dans la semaine et comme ça il n’y aura plus de problème pour faire des recherches avec les mots clés gay, lesbienne, transsexualité, bisexuel etc. On a essayé d’être complet mais si vous remarquez qu’il y a des mots pour lesquels ça continue de bloquer, vous nous le dites et on fera modifier.

-« Oui, il n’y a pas eu de débat, tout le monde était d’accord et votre demande a été complètement approuvée." complète madame Faure en souriant.

-« Super, merci ! Et pour le projet ?

-« Là, ça n’a pas fait l’unanimité, on en a beaucoup discuté et le Proviseur voudrait vous voir, Matthys et toi, avant de prendre sa décision.

-« Oui, il faudrait que vous passiez à son secrétariat pour prendre rendez-vous…

-« Ah d’accord… vous pensez qu’il y a quand même une chance pour que ça puisse se faire ?

-« Oh oui sinon cela aurait été un non ferme et définitif. Moi, je te conseille de bien travailler le projet, particulièrement les modalités de mise en place et de venir avec un document écrit clair, ça renforcera votre crédibilité.

-« Oui d’accord, merci pour vos conseils ! Je vais prévenir Matthys et on va s’organiser. Bonne journée !

-« Merci Diego, bonne journée à toi aussi ! »

J’ai envoyé dans la foulée un sms à Matthys en lui donnant rendez-vous ce midi à la cafète pour qu’on trouve un créneau dans nos emplois du temps pour prendre rendez-vous avec le proviseur et puis je me suis dirigé vers la salle de maths. Léa était là et on a discuté de nos weekend respectifs puis elle m’a demandé de lui expliquer quelque chose qu’elle n’avait pas compris ce qui nous a occupé jusqu’au début du cours.

Après, on a eu deux heures de français avec madame Ravier. J’aime bien le français, bien sûr cela dépend un peu des textes que l’on étudie mais madame Ravier est sympa, dynamique et elle fait souvent le parallèle entre la situation observée et le monde d’aujourd’hui que ce soit sur la société, les situations dans lesquelles se trouvent les personnages, les sentiments et la façon dont ils sont exprimés et ça rend le cours vivant et très accessible. Je ne sais pas comment Stéphane fait cours à ses élèves mais je suis sûr que lui aussi sait rendre la matière vivante pour ses élèves. Par contre en y réfléchissant, je plains Mathieu qui a eu sa mère en maths en 6ème, j'aurai détesté cette situation.

En ce moment, on étudie 1984 de Georges Orwell. C’est un livre qui décrit une approche totalitaire de la société avec un contrôle de la population par l’intermédiaire de la télévision. Ce qui est particulièrement intéressant c’est que ce livre a été écrit juste après la seconde guerre mondiale et c’était un livre de science fiction à l’époque alors que pour nous c’est un livre qui parle du passé, le 20ème siècle, qui n’a pas eu lieu et heureusement, mais nous renvoie aussi à notre monde actuel avec le contrôle des peuples par les Etats totalitaires comme la Chine par exemple mais aussi d'autres comme les Etats-Unis via la technologie, les réseaux sociaux etc. Big Brother est plus que jamais d’actualité !

A midi j’ai mangé avec Boris et Corentin. J’ai écouté Boris nous parler de l’avancée ou plutôt du surplace dont il se plaint dans sa relation avec Alicia.

-« Ca m’énerve, on dirait qu’elle fait un blocage. Je peux lui caresser les seins, les embrasser, pas de problème mais impossible d’aller en bas même juste pour voir. Elle ne veut pas et ça devient crispant !

-« Elle trouve qu’elle est trop jeune, elle n’a pas envie de se compromettre avec un Dom Juan comme toi !" réponds-je.

-« Elle a quinze ans quand même, moi je deviens fou !

-« Et toi, elle te fait quoi ? Parce que tu devrais peut-être lui laisser s'amuser avec ton joujou, ça la mettrait peut-être en confiance…" glisse Corentin.

-« Ah mais moi je demande que ça, j’ai l’impression que je vais faire exploser mon fute tellement je bande mais ça c’est pareil, elle veut même pas me voir à poil !

-« Alors soit patient et ne te plains pas trop, nous on n’a pas de copine alors t’es déjà mieux loti que nous et que la plupart des gars de seconde ! » réplique Corentin.

Mais visiblement ce n’était pas suffisant pour Boris ce qui m’a fait me demander si c’était ça avoir une relation avec une fille, être avant tout à la recherche de toute activité à caractère sexuel pour satisfaire des désirs physiques.

‘C’est clair que ce n’est pas du tout ce qui m’intéresse !’

Après le repas, je suis allé jouer au échecs à la cafète. J’ai vu Matthys et on va essayer de voir le proviseur demain matin à 11h ou alors à midi n’importe quel jour de la semaine. Matthys m’a dit qu’il passerait à son secrétariat pour fixer le rendez-vous et qu’il me tiendrait au courant.

Aujourd’hui, Dylan notre « prof » d’échec n’est pas là alors on a décidé de se faire des parties entre nous et bien sûr je me suis mis avec Thibaud. On n’a encore jamais joué l’un contre l’autre sur une vraie partie, seulement lors d'exercices mis en place par Dylan et c’est avec un réel plaisir que nous avons installé nos pièces sur l’échiquier. Thibaut qui avait les blancs a commencé par une ouverture classique que nous avions étudiée avec Dylan et la partie s’est engagée.

J’aime bien cette atmosphère qui se crée quand on joue aux échecs. Il n’y presque pas de mots échangés, pas de geste brusque mais on est très proche de la personne qui joue avec nous ; on entre dans une bulle de concentration et il y a une forme d’intimité qui se crée et j’ai eu l’impression de me retrouver seul avec Thibaut alors que la pièce était remplie de lycéens. C’était plaisant.

Rapidement, Thibaut m’a mis en difficulté avec ses cavaliers notamment ; il m’a pris plusieurs pièces et j’ai essayé de lutter mais il a conservé son avantage et m’a contraint a resté dans une stratégie défensive un peu désespérée.

-« Echec ! »

Oui, je le sentais venir, j’ai essayé de trouver une parade mais j'ai été une nouvelle fois contraint à bouger mon roi sans possibilité de contre attaquer. J’ai tenu quelques minutes supplémentaires jusqu’au moment fatidique où il m’a pris en tenaille avec sa reine et son cavalier.

-« Echec et mat !

-« Oui, je suis cuit. Bien joué !

-« Merci mais tu t’es bien défendu.

-« Tu m’accordes une revanche ? »

On s’est retrouvé en cours d’allemand, nous nous étions quittés avant la fin de notre deuxième partie mais cette fois je menais en tous les cas si on compte les pièces prises. Avantage certes mais rien de définitivement acquis !

Monsieur Zeiger nous a parlé d’une seconde réunion pour le voyage à Saarbrück dans quinze jours et nous avons parlé un peu du programme de la semaine en Allemagne. Ce n’est pas tout de suite, puisque c’est juste avant les vacances de Février mais il y avait comme une vague d’excitation qui a parcouru la classe d’autant plus que tous les élèves participent au voyage donc tout le monde se sentait concerné.

Tout à coup nous avons entendu quelqu'un frapper à la porte de la salle.

-« Oui, entrez !

-« Bonjour, excusez-moi de vous interrompre, je cherche Diego Brisset, il est bien ici ? » dit le surveillant en s’adressant à M. Zeiger.

-« Oui tout à fait. »

J’ai levé la main pour me signaler et le surveillant s’est adressé à moi.

-« Le Proviseur te demande tout de suite. »

Un silence s’est fait alors que je me lève rapidement. J’hésite un instant et je prends mon blouson. Je sais que tout le monde me regarde alors j’essaye de faire bonne figure. Boris me regarde un peu inquiet et j’intercepte les regards interrogatifs de Léa et de Thibaut alors que je sors de la salle.

‘Merde, qu’est-ce qu’il se passe ?’

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