CHAPITRE C

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Je me suis réveillé vers onze heures avec mal à la tête, complètement embrumé et avec un énorme rhume. J'ai décidé de me lever pour aller prendre un cachet et souhaiter bonne année à Sébastien si par hasard il était déjà levé. Ce n'était pas le cas et je suis donc retourné me coucher après avoir avalé un cachet en espérant que mon mal de tête allait vite passer.

Les souvenirs de la soirée d'hier me sont revenus immédiatement. Quelle soirée catastrophique ! J'étais censé m'amuser, oublier un moment mes soucis et je me suis retrouvé à pleurer toutes les larmes de mon corps, seul, dans ce garage glacé !

Je n'en reviens pas de ce coup de blues qui m'a sonné et m'a fait perdre pied. J'avoue que j'étais très gêné après que Nicolas et Thibaud m'eurent trouvé dans le garage. Thibaud s'en voulait de m'avoir laissé seul mais ce n'est pas de sa faute et c'est normal qu'il ait eu envie de passer un peu de temps avec ce garçon gay.

Je me souviens encore de ses yeux verts qui me regardaient, j'ai senti tant d'émotion dans son regard que cela m'a fait pleurer à nouveau à son plus grand désespoir.

-"Heu je suis désolé Thibaud, je ne sais pas ce que j'ai...

-"C'est rien, tu es crevé, tu es malheureux à cause de ce qui arrive à ton père et c'est normal que tu craques. C'est rien et je suis sûr que tout va s'arranger !"

Il s'est approché de moi et m'a enlacé pour me consoler alors que je continuais à sangloter nerveusement.

-"Tu es... mon ami, la personne qui compte le plus pour moi et toi aussi, tu peux compter sur moi, je ne te laisserai jamais tomber, jamais !

-"Merci Thibaud, merci..."

Nous sommes restés plusieurs minutes l'un contre l'autre le temps que je m'apaise et qu'enfin les larmes arrêtent de couler.

-"Ca va mieux ?" murmure-t-il à mon oreille.

-"Oui.."

Il a relâché l'emprise de ses bras et m'a regardé avec intensité.

-"Oh, j'ai mouillé ta chemise avec mes larmes...

-"C'est pas grave ça va sécher. Allez, viens, ça va être le décompte de minuit, allons rejoindre les autres !"

J'ai hoché la tête et je me suis levé ; je n'avais pas envie de faire la fête, pas du tout, mais je ne voulais pas non plus gâcher la soirée de Thibaud.

Quand nous sommes arrivés dans le salon, la musique a été coupée et j'ai entendu la voix de Nicolas s'élever.

-"Attention, prêts pour le décompte ?

-"Prêts !" répondent les invités, survoltés.

-"Alors avec moi ! 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1, bonne année !

-"Bonne année !

-"Bonne année 2013 à tous ! " reprend Chloé.

Tout le monde s'est mis à s'embrasser dans un joyeux brouhaha.

-"Bonne année, Diego, tu vas voir cette année sera la meilleure parce que je suis sûr que tout va s'arranger !

-"Merci Thibaud, merci ! Bonne année à toi aussi !"

Il m'a serré fort contre lui et m'a embrassé sur les joues. Il avait les yeux qui brillaient tandis que moi je me retenais pour ne pas me remettre à pleurer...

...

S'il n'y avait qu'une chose à retenir, c'est le fait que Thibaud est la personne dont je me sens le plus proche. C'est celui qui compte le plus pour moi et il me l'a prouvé hier soir encore !

Quand madame Winogravski est venue nous chercher à 3 heures du matin, j'avais à peu près remonté la pente. Certes, je n'ai pas déliré comme tous les invités mais j'ai réussi à faire bonne figure et à oublier un peu tout ce qui m'avait touché. Nicolas est venu discuter un moment avec moi.

-"Ca va Diego, tu as récupéré ?

-"Oui, oui, excuse-moi...

-"Oh non, tu n'as pas à t'excuser, Thibaud m'avait dit pour ton père et c'est normal de craquer, on ne choisit pas quand, c'est tout...

-"Oui c'est vrai...

-"C'est à cause de Jérémy ?" glisse-t-il en me regardant dans les yeux.

-"Heu je crois que j'ai tout mélangé et puis avec le punch... je croyais que c'était du jus d'orange !" réponds-je en évitant de parler de Jérémy.

-"Ah oui, heureusement que j'ai dit à Thibaud d'arrêter sinon vous seriez tous les deux saouls comme des cochons!"

...

'Jérémy ! Est-ce que Thibaud le trouve beau ?'

Objectivement, et je sais que je ne suis peut-être le moins bien placé pour être objectif, il n'est peut-être pas très beau mais il a quelque chose, une allure, une façon d'être ; il dégage une vraie force, tranquillement, naturellement et surtout il est ouvertement gay et l'assume.

'Je comprends que Thibaud ait été fasciné...'

Je me souviens de ce que j'ai ressenti lorsque je les ai vus si proches et cela me touche douloureusement encore.

'Qu'est-ce que j'ai ? Pourquoi ça me fait mal ?'

Je sais qu'au fond de moi je connais la réponse mais qu'une partie de moi n'est pas encore prête à l'entendre...

Je me tourne dans mon lit en essayant de chasser cette scène si durablement inscrite dans mon esprit.

'Allez, lève-toi et oublie tout ça !'

...

Sébastien a fini par se lever et a débarqué dans la cuisine alors que je finissais mon petit déjeuner. Il avait une mine affreuse ; il était très pâle, les yeux cernés et visiblement avec mal à la tête lui aussi parce qu'il a pris une aspirine avant de s'installer pour prendre un café.

-"Bonne année, Séb' !

-"Oh oui, bonne année Didi ! Tu as passé une bonne soirée ?

-"Oui... enfin oui dans l'ensemble mais un peu difficile aussi... et toi ?

-"Pareil ! C'est pas facile d'être parmi des gens joyeux et insouciants...

-"Oui c'est ça, j'étais en décalage moi aussi et même si par moment on oublie un peu, il y a des moments où ça revient et c'est difficile..."

Il a bu son café noir sans sucre en grimaçant un peu ; il a tenté de sourire mais j'ai bien vu qu'il se forçait.

-"Bon, je vais aller courir un peu, j'ai besoin de me dépenser et de me vider la tête.

-"Oh, je peux venir avec toi ?

-"Tu crois, avec tes genoux ?

-"Oh c'est bon, je n'ai plus mal du tout depuis plus d'un mois ! Et d'ailleurs le docteur Dufresne avait dit qu'en janvier je pourrai reprendre le foot et on est bien en janvier ?

-"Oui, c'est vrai... on dirait que tu ne perds pas de temps !

-"Moi aussi, j'ai besoin de me vider la tête...

-"D'accord. On va aller au parc de la Gaudinière mais tu iras à ton rythme, tranquillement et sans forcer.

-"Yes ! Merci Séb' !"

Nous n'étions pas nombreux à fouler les allées du parc en ce 1er janvier 2013, quelques accros de course à pied qui ne pouvaient se passer de leur drogue quotidienne, quelques rares promeneurs qui faisaient prendre l'air à leur chien et c'est à peu près tout.

Quoi qu'il en soit, ça nous a fait du bien à tous les deux. Je n'ai pas eu mal aux genoux et Sébastien est resté courir à côté de moi pendant les vingt premières minutes. Quand je me suis arrêté à sa demande, il a accéléré et je suis retourné l'attendre à l'entrée en marchant doucement.

Ca a été un bon moment que nous avons partagé ensemble, un moment de complicité silencieuse, un moment père-fils qui nous a permis de nous recharger mutuellement et Dieu sait que nous en avions besoin.

'Je ne sais pas comment sera 2013 mais j'espère que j'oublierai vite 2012 et que nous serons tous les trois réunis à nouveau !'

...

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