CHAPITRE CXVI

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Nous avons passé le pire weekend que j'ai jamais connu !

Samedi après le départ de l'avocat, nous sommes restés hébétés toute la journée, comme incapables de comprendre ce qui nous arrivait.

Dimanche heureusement, Sébastien m'a proposé d'aller courir avec lui et cette fois tant pis pour mes genoux, j'y suis allé à fond ! Après plus d'une heure de footing, j'étais physiquement complètement explosé mais mentalement cela m'a fait du bien. L'après-midi j'ai essayé de m'occuper l'esprit en travaillant avec un succès plus que mitigé. Sébastien est resté dans le bureau et a passé son temps sur internet à faire des recherches et quand je suis allé le voir il m'a expliqué ce qu'il avait trouvé.

-"Ce que je crois avoir compris c'est que le PACS n'est pas aussi complet que le mariage et particulièrement en ce qui concerne les conjoints lorsqu'il y un problème comme un décès ou une séparation...

-"Mais Stéphane n'est pas mort !

-"Non et je suis sûr qu'il va se réveiller ! Il faut y croire !

-"Oui, moi aussi j'y crois ! Mais en attendant qu'est-ce qu'on peut faire ?

-"On va attendre l'analyse de monsieur Frot mais ça peut vouloir dire que je n'ai pas les même droits vis à vis de toi que ceux qu'aurait un conjoint marié.

-"Oh... et concrètement ça veut dire quoi ?

-"Je ne sais pas... je ne suis pas assez calé en droit mais j'espère que notre avocat va nous expliquer et surtout trouver un moyen de nous sortir de là...

-"Oui, j'espère aussi..."

Sophie est passée dans l'après midi et ça a été à nouveau des discussions sans fin. Elle a proposé de dire qu'elle allait venir habiter à la maison pendant que Stéphane était encore à l'hôpital pour contrer l'argument de l'assistante sociale qui prétend que Sébastien ne peut pas s'occuper de moi à cause de ses déplacements professionnels et ça nous a un peu ragaillardi. Et puis elle est partie et nous nous sommes retrouvés seuls tous les deux.

'Tous les deux, pour la dernière fois !'

Cette pensée m'a glacé et je suis parti dans ma chambre pour appeler Thibaud. J'ai besoin de parler et à part lui ou Léa, je n'ai personne et je sais que Léa a un concours ce dimanche.

-"Salut Thibaud, je ne te dérange pas ?

-"Salut Diego ! Tu ne me déranges jamais !

-"Merci, c'est gentil... heu je ne pourrai pas aller à la piscine demain, j'ai des problèmes...

-"Qu'est-ce qu'il se passe ?" reprend-il alors que j'entends une grande inquiétude sourdre dans sa voix.

-"Je... je vais aller habiter ailleurs...

-"Tu déménages ? Oh non, c'est pas possible !

-"Non, je déménage pas, enfin pas exactement..."

Je lui ai tout expliqué. Je me suis effondré en pleurs à la fin de la première phrase et j'ai terminé comme j'ai pu. Il était choqué d'apprendre ce qui m'arrivait et j'ai senti qu'il pleurait lui aussi. Ca n'a pas été facile mais je crois que cela nous a fait du bien de parler ; cela ne résout en rien mes problèmes mais les partager amoindrit un peu leur fardeau...

J'ai passé la soirée devant la télé avec Sébastien, ce n'est pas habituel surtout quand il y a cours le lendemain mais je crois que nous voulions tous les deux être ensemble le plus longtemps possible.

'Le plus longtemps avant quand ?'

Quand le film s'est terminé, il était presque 23 heures. Je me suis levé à regret, j'ai embrassé Sébastien et je suis parti tristement passer une dernière nuit dans ma chambre...

...

Ce matin quand je suis parti pour le lycée, j'avais le cœur déchiré. Sébastien m'a embrassé longuement.

-"Je t'appelle dès qu'il y a du nouveau, d'accord ?

-"D'accord...

-"Et quoi qu'il se passe, on ne perd pas espoir. On serre les dents et on s'accroche, d'accord ?

-"D'accord..."

-" Je t'aime Didi ! Je t'aime très fort !

-"Oh moi aussi je t'aime Séb, je vous aime tous les deux !"

Les yeux brouillés par les larmes, je suis monté sur mon vélo et suis parti sans aucun entrain pour le lycée.

A 10 heures, avant même d'être sorti de la salle, j'ai pris mon téléphone et j'ai vu que j'avais un message de Sébastien. Je suis sorti précipitamment et je l'ai rappelé immédiatement.

-"Allo Séb, c'est Didi ! Tu m'as appelé ?

-"Ils sont venus, Didi !

-"Les services sociaux ?

-"Oui... ils ont pris tes affaires...

-"Oh, ça veut dire que... que je ne rentre pas à la maison...

-"Non... ils vont venir te chercher au lycée à la fin des cours..."

Malgré tous mes efforts, je me suis mis à pleurer. J'ai senti les larmes couler sur mes joues. Nous avons échangé encore quelques instants et j'ai tout d'un coup pris conscience d'un grand silence autour de moi. J'ai levé les yeux et je me suis aperçu que tout le monde me regardait.

-"Heu il faut que je retourne en cours, je t'appelle ce soir !

-"D'accord, je t'aime Didi !

-"Oui, moi aussi Séb !"

J'ai raccroché et j'ai essuyé mes larmes en lançant un regard noir à tous ceux qui venaient de faire preuve d'une curiosité déplacée puis je suis parti vers le fond de la cour à grandes enjambées.

Quand la sonnerie a retenti quelques minutes plus tard, je me suis senti incapable de retourner en cours. J'ai envoyé un message à Léa pour qu'elle ne s'inquiète pas et je suis parti me réfugier dans une petite salle de travail déserte. C'est là que Félix, le surveillant, m'a trouvé en train de pleurer quelques instants plus tard.

-"Bonjour Diego, tu n'as pas cours ? Ca ne va pas ?"

Incapable de lui répondre, j'ai secoué la tête.

-"C'est ton père ?

-"Non ! Mais... c'est..." m'interromps-je en luttant pour ne pas m'effondrer.

Comprenant que je n'arriverais pas à formuler ce qui se passait, il a repris.

-"Ne bouge pas, je vais chercher madame Faure !"

Elle est arrivée aussitôt, inquiète et je pense qu'en me découvrant hagard, les yeux rouges, cela ne l'a pas rassurée.

-"Bonjour Diego, Félix vient de me prévenir... non, calme-toi, reprends tes esprits et tu m'expliqueras quand ça ira mieux."

J'ai hoché la tête et patiemment elle a attendu que je me ressaisisse. Je lui ai raconté ce qui m'arrivait et j'ai senti qu'elle compatissait à mes malheurs.

-"Je ne sais pas quoi te dire, Diego, je suis choquée par ce qui t'arrive. Tu en as parlé au proviseur ?

-"Non, je viens juste de l'apprendre à la récré...

-"Et j'y pense, il n'est pas là ! Il a une réunion au Rectorat..."

Elle s'est interrompue un instant et je voyais qu'elle cherchait ce qu'elle pouvait faire.

-"Ecoute, tu vas aller à l'infirmerie, je vais t'accompagner et on verra si tu retournes en cours plus tard... je ne sais pas comment t'aider mais je ferai tout ce qui est dans mes moyens, tu peux en être sûr !

-"Merci...

-"Allez, viens et compte sur moi pour en parler au proviseur dès qu'il sera revenu !"

...

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