Ce que m'a dit madame Pontannier m'a un peu requinqué. Au moins, je ne me suis pas trompé, Gabriella Orsini habitait bien ici. Maintenant, il faut que je trouve sa nouvelle adresse.

'Il faut que j'arrive à entrer dans l'immeuble et que je demande à tous les résidents il y aura peut-être quelqu'un qui la connaissait bien qui pourra me renseigner...'

J'ai attendu un peu à l'écart et quand une dame âgée est arrivée avec ses courses, je me suis rapproché.

-"Bonsoir madame, je cherche madame Gabriella Orsini, elle a déménagé il y a quelques semaines, peut-être la connaissiez-vous ?

-"Bonsoir jeune homme, oui je la connaissais bien.

-"Je suis Diego, son neveu de Nantes et je n'ai pas sa nouvelle adresse...

-"Ah... je ne sais pas exactement où elle habite maintenant mais c'est dans une maison, plus haut à Barboussade. C'est ce qu'elle voulait pour les enfants...

-"Ah oui, bien sûr et c'est loin d'ici ?

-"Non c'est à côté du parc des Sports...

-"Ah très bien et vous pensez qu'il y aurait des personnes dans l'immeuble qui pourraient me donner son adresse ou son numéro de téléphone ?

-"Ah je sais pas mais vous pouvez toujours essayer et demander à ses voisins, la famille Al Khafi, c'est au 4ème.

-"Merci, je vais leur demander. Merci beaucoup madame."

J'ai grimpé avec détermination jusqu'au 4ème étage et j'ai sonné. J'ai entendu un bruit de pas et la porte s'est ouverte.

-"Bonsoir, monsieur.

-"Bonsoir...

-"Je suis le neveu de Gabriella Orsini et votre voisine madame Giuliani vient de me dire qu'elle avait déménagé il y quelques semaines. Connaitriez-vous sa nouvelle adresse, s'il vous plaît ?

-"Attendez, je vais demander à ma femme.

Il a disparu quelques secondes et est revenu accompagné d'une petite femme beaucoup plus jeune que lui.

-"Bonsoir jeune homme, vous cherchez Gabriella ?

-"Oui, c'est ça, je suis Diego, son neveu...

-"Je la vois souvent le mercredi quand elle dépose la petite Gloria au Centre Aéré mais je ne sais pas où elle habite...

-"Ah d'accord et vous n'avez pas son numéro de téléphone ?

-"Si, elle me l'avait donné. Vous avez de quoi le noter ?"

J'ai sorti mon carnet de mon sac et j'ai noté le précieux numéro.

-"Pardon, est-ce que je pourrais vous emprunter votre téléphone pour essayer de l'appeler, j'ai perdu le mien...

-"Bien sûr..."

J'ai composé le numéro, le cœur battant mais malheureusement je suis tombé directement sur la boîte vocale. J'ai donc laissé un message.

-"Bonsoir, je suis Diego Brisset, votre neveu de Nantes, pouvez-vous rappeler madame Al Khafi pour lui donner votre adresse. Je dois absolument vous voir, j'espère que vous avez bien reçu ma lettre. Merci et à très bientôt, j'espère."

Ne sachant quoi faire d'autre, je suis redescendu après avoir dit à madame Al Khafi que j'essaierai de repasser ce soir ou au pire demain matin pour voir si elle avait des nouvelles.

'Bon, qu'est-ce que je fais maintenant ?'

Je ne sais pas exactement quelle heure il est mais quand je suis arrivé dans le hall d'entrée, j'ai constaté qu'il faisait nuit. Cela m'a un peu fait peur parce que je n'ai nulle part où aller et je n'ai pas du tout envie de me retrouver dehors pour passer la nuit. Je n'ai pas d'argent pour me payer un hôtel.

'De toute façon, ils ne m'accepteraient pas, je suis trop jeune !'

Je décide donc d'explorer l'immeuble et de chercher un endroit où je pourrais attendre avant de retourner sonner chez les Al Khafi.

J'ai descendu quelques marches, ai poussé une porte et je me suis retrouvé dans un vaste sous-sol qui sert à la fois de local à poubelles et de garage à vélo.

'Pas génial, mais c'est mieux qu'être dehors !'

...

Bien sûr, j'ai été très déçu tout à l'heure quand Gabriella Orsini n'a pas décroché mais j'ai essayé de ne pas trop le montrer à sa voisine et puis surtout j'espère que dans une heure, elle aura rappelé et que je pourrai enfin récupérer son adresse.

J'ai trouvé un endroit à l'écart du passage et je me suis aménagé une sorte de cachette. J'ai sorti du carton de la poubelle jaune et je l'ai disposé par terre pour ne pas me salir et surtout me préserver du sol en béton. Il ne fait pas froid dans le local mais ce n'est pas non plus très isolé...

J'ai laissé passer ce que j'ai estimé être deux heures. Je n'ai pas pu lire car la minuterie coupe la lumière rapidement et c'est dans le noir que silencieusement j'ai patienté. Quand j'ai eu considéré que je pouvais raisonnablement demander à Mme Al Khafi si elle avait eu des nouvelles je suis remonté à l'étage.

Malheureusement, ce n'était pas le cas !

-"Tant pis... à quelle heure puis-je repasser demain matin sans vous déranger ?

-"Quand vous voulez, je me lève à 6 heures !

-"Peut-être pas si tôt mais en début de matinée, alors. Merci beaucoup et très bonne soirée !"

Cette fois, ça m'a atteint ! J'espérais vraiment que Gabriella aurait rappelé.

'Cette fois, je suis bon pour passer la nuit avec les poubelles !'

...

J'ai contemplé tristement la demi-baguette qu'il me restait avant d'en faire mon repas.

'Un repas digne d'un prisonnier, du pain sec et de l'eau ! Quel est donc mon crime ? Merci la sorcière !'

J'avoue que j'ai eu un instant de faiblesse et de désespoir. Je me suis senti seul, abandonné de tous ce qui était, rétrospectivement parlant une contre-vérité, puisque j'avais décidé de ma propre initiative de me lancer dans cette aventure. Ce soir, dans l'obscurité du local à poubelles de cet immeuble, elle m'apparaissait moins glorieuse et moins exaltante...

J'ai pensé à tous ceux que j'aiment et j'ai espéré qu'ils ne soient pas trop dans la crainte qu'il me soit arrivé quelque chose. Je pensais avoir suffisamment bien préparé ce voyage pour que ce ne soit pas le cas, malheureusement, je dois déchanter un peu.

'Si j'avais mon téléphone, je pourrais les rassurer un peu...'

Si ceci et si cela mais la vie ne s'écrit pas au conditionnel !

Thibaud me manque. Je donnerais tellement pour être avec lui ce soir.

J'en ai assez de ce faux-semblant qui existe entre nous.

'Tant pis s'il me dit qu'il sort avec Jérémy, j'irai le voir dès que je serai rentré à Nantes, au moins je serai fixé.'

Je n'ose pas imaginer comment je risque de réagir s'il m'annonce qu'il est le petit copain de ce gars mais au fond de moi, je reste persuadé qu'il m'aime.

J'aimerais le tenir dans mes bras, me réchauffer contre lui, l'embrasser et le caresser...

'Bientôt, dès que je serai de retour à Nantes !'

...