CHAPITRE CLII

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Ce n'était pas vrai !

Léa et Marines nous attendaient à la porte du car et elles ont éclaté de rire en nous voyant arriver vers elles en courant. Quand j'ai réalisé qu'elles nous avaient fait marcher, enfin courir, je me suis tourné vers Léa, l'instigatrice de ce coup monté.

-"Oh purée, tu nous as fait peur !

-"Ha ha ha oui, ça on l'a bien vu. Vous venez de battre votre record en sprint !

-"C'est malin !

-"Et sérieusement, vous étiez passés où ? On vous a cherché partout !" demande Marine.

-"Oh heu... on a marché un peu pour se dérouiller les pattes..." répond Thibaud

-"On en avait un peu marre d'être assis...

-"Ah oui... et ben vous n'avez fini, on en a pour toute la nuit !" conclut Marine.

Elles sont montées dans le car et nous les avons suivies. Quelques élèves étaient déjà réinstallés et discutaient tranquillement. Marine s'est installée à sa place mais à ma grande surprise, j'ai vu Léa s'asseoir à ses côtés. Elles nous ont regardés avec un grand sourire.

-"Ah oui, j'avais envie de discuter un peu avec Marine, ça ne te dérange pas si je me mets à ta place, Thibaud ?"

Je ne sais pas s'il a réussi à leur cacher sa surprise mais j'ai entendu tellement d'autres sentiments dans sa voix que cela m'a fait frissonner.

-"Oh non pas du tout ! Enfin, je veux dire, moi ça me va très bien...

-"Toi, non plus Diego ?

-"Non, non, bien sûr ! Je vais faire un effort !" réponds-je en plaisantant.

-"C'est ce qu'on se disait !" reprend Léa avec un sourire malicieux.

-"Heu c'est-à-dire ?" lancé-je avec une pointe de suspicion.

-"Que vous feriez contre mauvaise fortune, bon cœur !

-"OK, bon, je dis plus rien..."

Elles ont éclaté de rire et nous nous sommes dépêchés de nous asseoir pour que les élèves qui étaient derrière nous puissent eux à leur tour s'installer.

...

Nous sommes restés silencieux pendant que le reste de la cohorte reprenait sa place, à peine avons- nous échangé quelques regards. Pour ma part, cette nouvelle organisation me plaît bien mais j'éprouve tout de même un léger doute sur les raisons qui y ont présidé.

Les profs sont passés en comptant les élèves présents et comme tout le monde était là, nous sommes repartis avec le deuxième chauffeur au volant.

-"Prochain arrêt, après Paris, dans deux heures et demie. D'ici là, profitez de votre voyage. Nous allons baisser les lumières et couper la musique pour que vous puissiez dormir si vous le souhaitez."

Cela a changé l'ambiance immédiatement. L'intensité lumineuse a été réduite à celle d'une petite lampe de chevet et cela a créé une forme d'intimité, comme si nous étions coupés des autres passagers.

-"Ca va, Thibaud ?

-"Oui mais j'ai pas envie de dormir !

-"Moi, non plus. Heu tu crois qu'elles savent ?" reprends-je en baissant sensiblement ma voix.

-"Oui, c'est ce que je me demandais. Toi, qu'est-ce que tu en penses ?

-"Que Léa n'est pas bête et puis si Marine sait pour toi, elles ont pu assez facilement repérer des indices...

-"Oh tu crois ?

-"Ca ne m'étonnerait pas... moi je m'en fiche, je leur fais confiance...

-"Heu moi ça me fait un peu peur mais oui, je leur fais confiance moi aussi.

-"De toute façon, pour l'instant, rien n'a été dit donc on attend de voir si elles nous en parlent et puis il faut pas s'affoler, je suis là !

-"Oui, je sais, c'est pour ça que je ne panique pas." répond-il en souriant.

-"C'était bien tout à l'heure... dans les bois..." murmuré-je.

-"Oui ! Je serai bien resté plus longtemps !

-"On recommencera, faudra juste qu'on soit discret.."

Il n'a pas répondu mais le sourire qui éclairait son visage l'a fait pour lui.

'C'est incroyable ce sentiment amoureux, ça fait perdre la tête !'

Nous avons discuté tranquillement comme tout le monde, à voix basse. Le car bruissait de murmures échangés interrompus parfois par un cri ou un fou rire qui faisait se tourner tout le monde pour essayer de savoir ce qui se passait quelques sièges plus loin.

Thibaud m'a raconté qu'Alexis avait pris possession de sa nouvelle chambre et qu'il était heureux comme un roi, qu'il ne manquait pas une occasion de me remercier pour être à l'origine de cette réorganisation et surtout que leurs relations avaient complètement changé.

-"Il plaisante avec moi et ce n'est pas pour me casser comme il le faisait avant. Non, c'est le jour et la nuit !

-"Tant mieux ! C'est cool. Et Hugo, il ne fait pas la tête de se retrouver tout seul ?

-"Oh non, au début il avait un peu peur le soir mais maintenant ça va, et puis il a compris que c'était bien que chacun ait sa chambre. Et toi, comment ça s'est passé la visite des services sociaux ?"

Je lui ai raconté et il m'a regardé avec des yeux effarés.

-"T'es incroyable, j'aurai jamais osé faire le dixième de ce que tu as fait !

-"Moi non plus je ne m'en imaginais pas capable mais parfois je me sens tenu de repousser certaines limites parce que c'est ma vie et dans ce cas précis, personne ne pouvait le faire à ma place !"

La lumière s'est éteinte complètement à cet instant. Des petits cris et quelques protestations se sont élevés mais il était déjà presque onze heures et demie et finalement je crois que la plupart d'entre nous se sont rangés à l'avis de monsieur Zeiger. Il nous a prévenu que la journée de demain serait très longue et peu agréable si nous ne dormions pas correctement.

Thibaud s'est levé et a pris quelque chose dans son sac qui était resté de l'autre côté de l'allée. Il a discuté quelques secondes avec les filles et s'est assis.

-"J'ai une couverture de voyage, ça nous tiendra chaud.

-"Ah oui, génial. Bravo, tu es super organisé !

-"Oh, c'est ma mère, tu la connais..."

Il a déplié la fine couverture. Je ne sais pas ce que c'est comme matière, c'est très léger et en même temps cela protège efficacement du froid.

-"Cela me rappelle quand nous nous étions emmitouflés dans ta grande serviette à la piscine...

-"Oui, tu as raison mais c'était encore plus excitant car je sentais ta peau contre ma peau...

-"J'avais envie de t'embrasser...

-"Moi aussi !"

Dissimulé sous la couverture, j'ai remonté l'accoudoir amovible qui séparait nos deux sièges, j'ai décalé mes jambes vers la vitre et je me suis glissé contre lui jusqu'à avoir la tête contre son torse. Puis j'ai pris sa main et j'ai glissé mes doigts entre les siens.

-"Voilà, je suis prêt pour dormir et tu as bien compris que je ne te laisserai pas partir...

-"Mais je n'en ai nullement l'intention !

-"Tant mieux ! Je t'aime Thibaud !" murmuré-je à son oreille.

-"Je t'aime Diego !"

...

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