CHAPITRE CLXIV

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En fin de journée, nous étions fourbus. C'est fatiguant d'être touriste ; on pourrait croire que c'est la vie de château mais pas du tout, il faut une condition d'athlète de haut niveau !

'Moi, je suis sûr que je suis prêt pour le 50 kilomètres marche !'

Fort heureusement, nous avons le loisir de nous arrêter nous reposer au chaud dans un café aussi souvent que nous le souhaitons et nous ne nous sommes pas privés de cette possibilité !

Nous étions en train de faire le point sur les derniers cadeaux à acheter et sur les derniers mètres de la vieille ville que nous n'avions pas encore arpentés quand j'ai avisé Bérangère, Louane et deux autres filles qui entraient dans le Bistro où nous nous reposions.

'Ah purée, j'avais dit que j'irais parler à Bérangère !'

Mais bien sûr, c'est resté un vœu pieux et cela m'embête car je pense que je lui dois cette explication que je n'ai pas pu lui donner quand nous avons rompu.

Quelques instants plus tard, mes amis se sont levés, prêts à affronter les derniers kilomètres de notre pérégrination touristique, j'ai hésité un court instant et puis je me suis tourné vers Thibaud.

-"Heu, je vais aller discuter avec Bérangère, continuez sans moi...

-"D'accord...

-"Allez, ne sois pas inquiet, Thibaud!" le chambre Marine.

Il m'a souri et m'a embrassé dans le café.

-"Je t'appelle dès que j'ai fini, tu me diras où vous êtes.

-"OK, bonne chance !"

J'ai attendu un bon quart d'heure que le groupe de filles s'apprête à repartir pour m'approcher d'elles.

-"Heu bonjour, est-ce que je pourrais te parler s'il te plaît, Bérangère ?

-"Heu...

-"Juste cinq minutes..."

Elle a hoché la tête et tout comme moi a convenu de retrouver ses amies un peu plus loin.

-"OK je t'écoute, qu'est-ce que tu voulais me dire ?

-"Que je ne savais pas que j'étais gay quand nous étions ensemble au début de l'année...

-"Vraiment ?" reprend-elle d'un air peu convaincu.

-"Oui, vraiment ! C'est à partir de là que j'ai commencé à me poser des questions..."

Je m'interromps. Ce n'est pas facile de trouver les mots pour décrire le processus qui s'est opéré très lentement au cours des derniers mois.

-"Je ne comprenais pas pourquoi je ne ressentais pas... enfin pourquoi je n'étais pas comme mes copains enfin tu vois... eux, ils ne pensent qu'au sexe et moi...

-"Toi, non ?

-"Oui c'est ça et j'avais l'impression de ne pas être honnête avec toi... c'est pour ça que j'ai cassé et je suis vraiment désolé que tu aies été blessée...

-"Ca m'a blessé parce que je ne comprenais pas pourquoi, je me demandais ce que j'avais fait...

-"Oh mais non, ce n'était pas toi qui étais en cause, c'était moi même si je ne savais pas pourquoi... tu me crois ?

-"Oui, je sais que tu n'es pas un menteur et puis Louane m'a dit ce que tu avais dit aux autres, c'est gentil...

-"Et je le pensais ! Si la plus belle fille de la classe ne provoquait rien en moi, c'est qu'il y avait un problème et que ça venait de moi...

-"Je pense que je devrais m'excuser parce que je me suis pas très bien comportée avec toi, je t'en ai beaucoup voulu...

-"Oui, je sais mais maintenant que tout est clair pour moi, je voulais te donner la véritable explication.

-"Oui, j'ai compris, t'inquiète pas !

-"Merci.

-"Merci d'être venu me parler, c'est courageux et je te souhaite beaucoup de bonheur avec Thibaud. Vous êtes très mignons et on voit que vous vous aimez...

-"Oui beaucoup et moi, je te souhaite de trouver celui qui fera ton bonheur !"

Elle m'a souri et j'ai saisi la main qu'elle me tendait. Je l'ai serrée comme pour marquer notre réconciliation. Tout n'est peut-être pas oublié, certaines blessures mettent du temps à cicatriser mais je suis sûr que dorénavant, Bérangère va pouvoir tourner la page et que notre relation est définitivement apaisée.

...

Après le dîner, nous sommes repartis nous balader, mais seulement Thibaud et moi. Je voulais retourner sur le Chemin des philosophes pour admirer la ville de nuit et surtout être tout seul avec mon petit ami...

Il y avait un peu de monde, c'est l'endroit parfait pour les romantiques et nous avons marché silencieusement en nous tenant la main dans les pas de tous les touristes amoureux. On a croisé d'autres couples et j'ai remarqué que souvent ils souriaient en nous apercevant.

'Les gens qui s'aiment sont peut-être plus tolérants que les autres ?'

Peut-être que l'homophobie disparaîtrait s'il y avait plus d'amour dans le monde ?

Tout à coup, au loin, j'ai vu Corentin et Marine déboucher sur la corniche. J'ai fait un signe à Thibaud et nous les avons regardés un instant. Ils se tenaient par la taille et souriaient. Ils se sont arrêtés pour admirer la vue et ils se sont embrassés.

-"Je suis content, finalement, Corentin a osé !" murmuré-je à l'oreille de Thibaud

-"Faut pas qu'ils nous voient, ça va les gêner !"

J'ai acquiescé et nous avons décidé de rentrer pour les laisser profiter de cet instant magique pour eux !

...

Nous avons retrouvé les autres dans la salle commune de l'auberge. Ils étaient en train de jouer aux cartes.

-"Devinez qui on a vu sur le chemin des philosophes ?

-"Je sais pas, Nietzsche et Heidegger ?" répond Léa en rigolant.

-"Ha ha peut-être...

-"Marine et Corentin qui s'embrassaient !" déclare Thibaud.

-"Non, sans déconner ?

-"Ah ben quand même, depuis le temps qu'il me parlait de Marine, il s'est enfin décidé !" reprend Boris avec un grand sourire.

Ils ont lâché leurs cartes et nous sommes restés à discuter. Du nouveau couple qui venait de se former, des cadeaux que chacun avait trouvé, du voyage qui s'achevait, des vacances et de tout ce qui fait la vie des lycéens...

Quant Marine et Corentin sont rentrés juste avant le couvre-feu, transis mais tellement heureux, ils ont été accueillis par des cris, des remarques en tout genre et des plaisanteries légères. Ils ont rougi comme des enfants pris en faute et nous avons levé notre verre au nouveau couple.

Monsieur Zeiger et madame Ravier sont passés juste après et nous ont demandé de faire moins de bruit et de ne pas tarder à rejoindre les chambres.

Boris s'est alors adressé à Thibaud et moi.

-"Heu les gars, on a été obligé de vous changer de place...

-"Oh non, on était bien, nos lits étaient juste côte à côte !" soupiré-je, très déçu.

-"Oui, je sais... je suis désolé mais je t'assure que vous allez être bien !

-"On est dans la même chambre ?" reprend Thibaud alarmé.

-"Oui, oui ! Venez, je vais vous montrer..."

Il s'est levé et nous l'avons suivi jusqu'à au premier étage. Nous sommes passés devant notre chambre initiale et il s'est arrêté au bout du couloir.

-"C'est là ! Tiens Diego, voilà la clé.

Machinalement, j'ai essayé d'ouvrir la porte mais sans succès.

-"Ah oui, elle est fermée.

-"Bon, j'y vais. Je suis sûr que vous n'allez pas regretter. Bonne nuit !" lance-t-il avec un petit sourire avant de s'éclipser rapidement.

...

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