CHAPITRE CLXXVIII

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Je suis parti de la maison assez tôt, comme d'habitude. J'avoue que j'étais impatient de retrouver tous mes amis mais un peu préoccupé quand même par cette rentrée en sachant Thibaud sorti du placard.

'Moi aussi, d'ailleurs !'

Mais en ce qui me concerne, je suis confiant, je pense que j'ai suffisamment d'amis dans la classe pour ne pas avoir à souffrir de comportements désobligeants.

'Enfin, méfiance quand même, il peut toujours y avoir un ou deux idiots !'

J'ai retrouvé Léa et nous avons discuté de nos vacances devant la porte de notre salle et petit à petit les autres élèves sont arrivés. Tout le monde était souriant et détendu. J'ai tout de même remarqué qu'il y avait quelques regards dirigés vers moi mais rien de trop sensible. J'étais en train de discuter avec Enzo quand j'ai vu Tony, qui était avec ses copains, se diriger vers moi.

-"Salut Diego, alors à ce qu'il parait, tu es gay ?"

Le silence s'est fait et tout à coup, j'ai eu l'impression que tout le monde nous regardait.

-"Oui, absolument. Ca te pose un problème ?

-"Heu non mais je comprends mieux pourquoi Bérangère t'a largué..." reprend-il avec un petit sourire narquois.

-"Oui, malheureusement, on s'est rendu compte que ça ne pouvait pas fonctionner." réponds-je calmement.

-"C'est bizarre quand même, tu ne t'en étais pas rendu compte avant ?"

J'ai soupiré, le manque de tact de certaines personnes est vraiment incroyable et je n'avais pas envie de me lancer dans des explications devant tout le monde.

-"Pourquoi, tu te poses des questions sur ton orientation sexuelle, toi aussi ?

-"Ca m'étonnerait, Diego. Pour s'en poser, il faudrait déjà avoir commencé sa puberté ! On en reparlera quand tu auras des poils aux couilles, Tony !" intervient Enzo de façon péremptoire.

Tous les spectateurs ont éclaté de rire et Tony a rougi ; il a bredouillé quelques mots avant de faire demi-tour et de se réfugier dans un coin avec ses amis.

'Bon, c'est ce qu'on appelle se faire moucher !'

J'ai trouvé l'intervention d'Enzo un peu limite mais après tout c'est Tony qui a déclenché les hostilités avec ses questions lourdes à répétition, alors tant pis pour lui !

-"Tu sais Enzo, il y a des jeunes qui savent dès leur plus jeune âge qu'ils sont gays...

-"Non, je n'en sais rien mais de toute façon, c'était juste pour lui fermer sa gueule !

-"Oui, ça j'avais bien compris ! Merci !

-"A ton service !"

La sonnerie de 9 heures a clos l'incident, nous sommes entrés en cours, ça y est le troisième trimestre a commencé !

...

A la récré du matin, je n'ai pas cherché à voir Thibaud, enfin je n'ai pas essayé d'aller le voir pour discuter parce que c'est ce dont nous avions convenu. Je lui ai envoyé un message pour savoir si les premières heures s'étaient bien passé et il m'a répondu qu'il n'y avait pas eu d'incident.

'Ouf, tant mieux, il va pouvoir décompresser un peu !'

Madame Ravier nous a accueilli avec un grand sourire et a glissé quelques mots sur le voyage. En fait, tous les élèves de ma classe de seconde n'y sont pas allés, notamment Tony ou Alicia car nous ne sommes qu'une dizaine à faire allemand. Puis, elle nous a donné le titre de la prochaine œuvre que nous allions étudier et nous a fait une rapide présentation, les cours sont repartis !

J'ai mangé avec Boris et Corentin et on a discuté de leur élimination de la Coupe. Ils étaient déçus car ils ont perdu 4 à 0 contre Carquefou mais c'est une équipe qui joue trois divisions au dessus d'eux donc cela n'a rien d'infamant.

-"Et puis surtout, vous étiez en quart, les gars, c'est déjà un exploit !"

-"Oui, c'est vrai. Et toi, au fait, quand est-ce que tu vas pouvoir reprendre ? Ca va pas mieux tes genoux ?" répond Corentin.

-"Si... je n'ai plus mal...

-"Ben alors ?

-"Tu vas pas reprendre, c'est ça ?" demande Boris.

-"Je sais pas... en fait j'ai découvert la natation et puis ça me plaît bien alors franchement, je sais pas trop...

-"Dis plutôt que t'as flashé sur un nageur et on comprendra mieux !" glisse Corentin.

-"Ouais... c'est lamentable, moi je trouve que les gars du foot sont largement plus sexys !" ajoute Boris.

On a éclaté de rire. C'est bien la première fois que j'entends ce genre d'autopromotion de la part d'un footeux !

-"Je te laisse le leur dire, Boris ! Je vois bien la tête de Paul quand tu lui expliqueras !

-"Non, je leur dirais pas, enfin pas que tu trouves les nageurs plus à ton goût, ça ne les regarde pas...

-"Merci !

-"Il n'y a pas de quoi ! Et sinon, je crois que je vais retenter ma chance avec Alicia...

-"Non, sans déconner !"

...

En allemand, Thibaud est venu se mettre à côté de moi, c'est Léa qui me l'a proposé. J'ai accepté avec joie et quand j'en ai parlé à Thibaud juste avant de rentrer en cours, il m'a répondu par un grand sourire. C'est vrai qu'en allemand, tout le monde était au voyage donc tous les élèves sont au courant pour nous et comme ça s'est très bien passé lorsque nous étions en Allemagne, il n'y a pas de risque. Du coup, puisque la place s'est libérée, Corentin est venu à côté de Marine. Il y a eu aussi Enzo qui a rejoint Laurie, et finalement Léa s'est retrouvée à côté d'Antoine. Monsieur Zeiger nous a souhaité la bienvenue et a longuement regardé la classe.

-"Je constate qu'il y a quelques changements de place. Pour certains, j'étais au courant des rapprochements mais pour d'autres, je le découvre... quand on dit que les voyages forment la jeunesse..."

Léa a pris la parole.

-"Heu pardon Monsieur, je voulais juste préciser qu'en ce qui me concerne, le changement de place n'est pas lié à un motif sentimental !

Son voisin, Antoine, a réagi immédiatement.

-"Et j'en suis le premier déçu mais cela ne m'empêchera pas d'essayer de faire mieux connaissance avec ma nouvelle voisine !

Tout le monde a rigolé et monsieur Zeiger le premier. Je me suis pris à penser que ce type d'échange aurait été impossible à imaginer avant le voyage. Cela a vraiment créé une relation particulière entre tous les élèves mais aussi avec les profs.

J'ai profité du brouhaha pour discuter un peu avec Thibaud.

-"Ca va, pas de problème ?

-"Non, tout va bien !

-"Tant mieux... ich liebe dich ! Je t'aime !" murmuré-je en le regardant dans les yeux.

-"Ich liebe dich..."répond-il en rougissant.

J'ai eu envie de l'embrasser mais bon, il ne faut pas exagérer. Monsieur Zeiger m'aime bien, c'est sûr et il nous a montré pendant tout le voyage qu'il était avec nous mais je ne suis pas sûr qu'il apprécie que nous transformions son heure de cours en rendez-vous galant !

'C'est pas grave, juste être à côté de mon Liebchen, ça me suffit !'

...

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