Dans l'abîme des douleurs

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Au bout de la ruelle, la XJ noire aux vitres fumées attendait la jeune fille.

Flavia lança un regard désemparé à Leandro, mais celui-ci évitait soigneusement de le croiser.

« Allez, avance » l’encouragea-t-il en l’enveloppant d’un bras apaisant mais qu’elle devinait inflexible. Elle se souvint avec amertume l’avoir vu exécuter ce geste avec d’autres en des circonstances similaires.

Elle se dirigea machinalement jusqu’à la berline, car son esprit était tétanisé par l’insistance de l’homme de main à vouloir l’emmener vers le capo, comme on emmène un cheval à l’abattoir.

Car il ne pouvait y avoir de doute sur les intentions qui avaient présidé à cette invitation.

Comment Leandro pouvait-il se prêter à ce jeu ? L’abandonnerait-il entre les mains de son tourmenteur ? Oui, elle en avait l’intime certitude.

Elle s’assit le cœur vide, perdue dans cette triste idée.

Elle appuya sa tête contre la vitre, ferma les yeux, et laissa le ronronnement de la voiture et la froidure du verre contre sa main occuper son esprit, pour ne pas être engloutie par l’abîme de douleur qui s’ouvrait devant elle.

Mais le bruit sourd du moteur finit par s’arrêter, et la portière s’ouvrit, manquant de peu d’entraîner Flavia qui pressait son corps contre elle.

Les mains de Leandro la retinrent, ces mains douces qui l’avaient naguère réconfortée, mais qui aujourd’hui coulaient un nœud fatal autour de son cou, en lui passant le bandeau sur les yeux.

Ces mains, lui étreignant doucement la taille, la guidèrent à travers le dédale des couloirs du quartier général, jusqu’à l’appartement du capo, comme elles l’avaient fait avant que n’éclose entre eux la fleur de sa passion.

Elle ignorait s’il avait protesté quand Malaspina lui avait donné l’ordre de lui amener la jeune fille.

En réalité, il avait sommé son maître de lui donner la raison de tout cela, avançant que toute autre s’empresserait avec joie de se soumettre aux divertissements cruels qui seuls étaient capables de le faire vibrer.

Malaspina lui avait répondu sibyllinement qu’il ne trouvait aucun intérêt à dégrader ce qui était déjà souillé, sur un ton qui n’admettait aucune réplique.

Leandro avait alors compris que toute tentative de le faire fléchir serait vaine. Il n’avait plus que le choix entre la rébellion et l’ultime démonstration de sa loyauté.

Il était impossible de soustraire Flavia au supplice qui l’attendait. Mais pourquoi maintenant et pourquoi elle ? Telles étaient les questions qui le tenaillaient alors qu’il accomplissait péniblement son devoir.

La porte s’ouvrit en grinçant et Leandro délaça l’épais ruban qui obturait la vue de la jeune fille, effleurant au passage ses petits cheveux qui frisotaient sur la nuque. Il serra dans sa main le bout de tissu si fort que ses articulations blanchirent douloureusement et il sortit précipitamment.

Flavia, restée seule, s’adossa à la porte pour ne pas défaillir.

L’appartement semblait vide, tout était méthodiquement rangé, il n’y avait pas un bruit, tout reflétait la face sévère du caractère du capo.

Flavia, les yeux fixés au sol, retenait son souffle pour ne pas perturber le silence, comme si elle espérait que le temps suspende son cours.

Mais le son des pas qui s’approchaient ne tarda pas à briser cette inquiétante tranquillité.

Une paire de brogues bicolores se posta bientôt sous son nez, sans que la jeune fille réagisse, bien qu’elle ait inconsciemment calé sa respiration sur l’allure du capo.

Elle se considérait alors heureuse que son esprit se soit figé, la rendant insensible à ce qui se passait à l’extérieur d’elle-même.

Comme elle s’entêtait à ignorer le nouvel arrivant, une main lui attrapa le menton pour la forcer à supporter le feu des prunelles de saphir qui l’incendièrent instantanément.

— Flavia, cela faisait longtemps, trop longtemps, à vrai dire…souligna-t-il d’un ton narquois.
Tu n’as pas l’air très heureuse de me voir, reprit-il, se heurtant toujours à son silence.

À dire vrai, Flavia était passée de l’apathie provoquée par le choc qu’elle avait reçu à une sorte d’hypnose où l’avaient plongée les iris incandescents du capo. Ce n’était pas la couleur du ciel mais celle des flammes bleues de l’enfer, qui brûlaient plus fort que toutes les autres, songea-t-elle.

— Fais comme tu veux, ça m’arrange que tu ne parles pas. Je déteste toutes ces récriminations dont m’assomment souvent les femmes. La seule chose que je veux de toi ce soir, c’est que tu m’obéisses quoi que je te demande… Le feras-tu ? demanda-t-il en passant son pouce sur la lèvre inférieure de la jeune fille.

Elle s’obstinait à ne pas répondre.

— Haha, ricana-t-il, fort bien, si c’est ce que tu veux, je m’en accommoderai très bien.

Sur ce, il lui saisit les cheveux et la traîna ainsi jusqu’à sa chambre. Poussant la porte du pied, il la jeta à terre dès qu’ils eurent pénétré dans la pièce.

— Déshabille-toi ! ordonna-t-il laconiquement.

Mais Flavia ne bougeait toujours pas, il s’accroupit devant elle et agrippa sa chemise si fort que quelques boutons sautèrent.

Cette ultime brutalité la sortit de sa torpeur et elle finit par s’exécuter, craignant que la violence n’aille encore crescendo.

Elle prit son temps pour dégrafer ce qui restait de son corsage, faisant glisser mollement la fermeture éclair de la jupe, puis retirant lentement ses sous-vêtements afin de reculer le plus possible le moment du contact avec lui.

Mais le capo prit ces atermoiements pour une nouvelle provocation, et enfonçant profondément ses ongles dans la gorge de la jeune fille, il l’accula contre le lit avant de la faire basculer d'un coup sec en arrière. Il fit cela calmement, sans aucune animosité, ce qui le rendait plus effrayant encore, si cela était possible.

Flavia n’avait pourtant pas oublié à quel point le capo détestait qu’on lui résiste, mais elle n’avait pas compris que sa langueur pouvait être perçue comme équivoque.

Le capo se défit rapidement de son costume de soie hermine, qu’il lança pêle-mêle à terre, mais garda à la main sa ceinture.

Il rejeta en arrière ses cheveux de jais et s’agenouilla à califourchon sur la jeune fille, qui respirait péniblement. D’un geste sec, il la retourna face contre les draps de satin, et lui lia les mains dans le dos au moyen de la lanière de cuir. La jeune fille tourna la tête de côté pour ne pas étouffer dans le tissu soyeux, au prix d'une couloureuse torsion du cou. Du coin de l'oeil, elle l'observa fugacement, malgré elle, ses lèvres arquées en un rictus infernal. Qu'avait-elle fait pour mériter toute cette haine?

Etait-ce simplement parce qu'elle lui avait résisté, ou y avait-il autre chose là-dessous? Cette question lancinante l'aiguillonnait au milieu de ce déferlement de violence.

Une idée absurde se faisait également jour dans son esprit perturbé, elle ne supplierait pas, elle serait de glace face à lui, il ne lui arracherait pas un cri.

Ainsi, elle parvint à rester impavide quand il lui releva les hanches, afin qu'elle lui présente son intimité, offerte.

Avant de la pénétrer, il prit soin d’écarter les mèches de cheveux qui retombaient sur le visage de la jeune fille. Était-ce une sorte de caresse ou voulait-il qu’elle ne rate rien du spectacle ?

Mais l’impression de douceur laissée par ce geste fut vite balayée par la sensation désagréable du membre qui cherchait à se frayer un passage en elle. Son corps lui opposa une résistance

Flavia sourit faiblement à l’idée que son corps signifiait à Malaspina qu’il n’avait plus envie de lui, en lui montrant son inhospitalité. Mais ce sentiment de victoire ne dura pas car elle sentit la rosée de son excitation faciliter peu à peu le va-et-vient.

La dernière chose qu’elle vit fut la figure triomphante du capo, avant de fermer les yeux, priant pour que l’orage passe vite.

Et en effet, ce fut une véritable grêle de coups de boutoir qui s’abattit sur elle, lui arrachant mécaniquement larmes et sanglots, malgré le plaisir qu’elle ressentait, paradoxalement.

La main de l’homme la releva enfin en la tirant par les cheveux pour la plaquer contre son torse ruisselant, rendu rigide par la tension de ses muscles, alors qu’il jouissait bruyamment.

Elle fut maintenue longtemps dans cette position, jusqu’à ce que le capo retrouve son souffle.

Puis le lien qui serrait ses poignets lui fut retiré et elle retomba sur les draps, expirante.

La seule chose qui l’empêchait de sombrer tout à fait était l’espoir qu’il en ait fini avec elle, elle s’attendait donc à ce qu’il vienne lui annoncer qu’il la renvoyait chez elle quand il la rejoignit après quelque temps.

Elle ne fut donc pas étonnée quand il tira de la poche de son pantalon son téléphone pour demander à Leandro de venir.

Naïvement, elle esquissa un geste pour aller récupérer ses vêtements.

— Tu ne bouges pas, la somma impassiblement le capo.

Surprise, Flavia scruta le visage de l’homme, parfaitement inexpressif, à l’exception de ses yeux qui s’illuminaient d’un sombre éclat. Il était impossible d’y lire quoi que ce soit concernant ses intentions.

Toujours était-il que la jeune fille, malgré sa déconvenue vis-à-vis de Leandro, ne voulait pas qu’il la voie dans cet état, nue, le corps rougi par la brutalité de l’étreinte.

Sa seule ressource fut encore une fois de se retrancher derrière la barrière de ses paupières, afin d’échapper au regard du capo.

Elle ne vit donc pas la stupéfaction se dessiner sur le visage de l’homme de main quand il la découvrit dans cette position.

— Arrête de jouer la timide, Flavia, railla le capo. Moi et Leandro, nous savons que tu es insatiable, alors je doute que tu sois rassasiée par ces petits préliminaires. Tu vas être gentille, et t’occuper un peu de Leandro maintenant.

Puis se glissant derrière Flavia et la relevant d’un bras, il murmura.

— Viens, Leandro.

Mais, comme celui-ci demeurait pétrifié, il insista, la voix pleine de menaces.

— Je ne le répéterai pas.

Leandro s’approcha alors de la jeune fille.

— Flavia, je veux que tu suces Leandro, jusqu’à ce qu’il jouisse, ensuite, pour ton plus grand plaisir et le sien, il te prendra. C’est un petit cadeau d’adieu que je vous fais là, car je sais que vous appréciez beaucoup ça tous les deux.

Malaspina planta son regard dans celui de son homme de main, pesant de toute son autorité.

Leandro, les dents serrées, ouvrit la braguette de son pantalon et sortit son sexe, qui pendait, flasque, entre ses jambes.

— Flavia, il va falloir que tu y mettes ton cœur, car j’ai l’impression qu’il n’a pas très envie de toi, s’amusa le capo.

Flavia ne savait que faire, mais Malaspina la guida d’un ton narquois.

— Il me semble que tu ne sais pas t’y prendre, il faut vraiment tout t’expliquer. Prends-la dans ta main, tu peux commencer par lécher tout doucement le bout, puis tu essaieras d’en faire entrer peu à peu le plus possible dans ta bouche, comme si tu voulais l’avaler entièrement. Fais-le maintenant, lui intima-t-il doucement à l’oreille.

À son corps défendant, Flavia subissait l’irrésistible ascendant de l’homme et saisit la verge de Leandro.

Prenant une grande inspiration, elle la porta à sa bouche et commença à la sucer doucement, grimaçant devant le goût âcre qui s’en dégageait au début.

Elle constata ébahie que le sexe gonflait au fur et à mesure des caresses qu’elle lui administrait avec sa langue.

— C’est bien, Flavia, tu apprends vite, on dirait que tu es faite pour ça, se moqua Malaspina. Suce plus fort et plus vite maintenant qu’il est en condition.

Flavia accéléra le rythme, dévorant de ses lèvres la hampe turgescente, espionnant le visage de Leandro qui se crispait sous la vague de plaisir.

Elle le tenait, et elle se vengeait maintenant de la lâcheté de l’homme de main en ralentissant le mouvement quand elle sentait des spasmes parcourir le sexe de son ancien amant.

— Ça suffit maintenant, décréta Malaspina, Leandro, allonge-toi, notre petite Flavia va venir s’empaler sur toi, c’est comme ça que je veux qu’elle te finisse.

L’homme s’exécuta sans difficulté cette fois, très troublé par la savoureuse fellation que venait de réaliser la jeune fille.

Flavia s’avança pour s’asseoir sur son ancien amant, prenant en elle la verge dressée, et commença sa danse dans le même désir de revanche.

Mais Leandro l’attira contre lui et lui prit les lèvres en un baiser enflammé qui semblait exprimer tous les sentiments qu’il n’avait pas su lui avouer.

Flavia se releva légèrement et interrogea Leandro des yeux, entrevoyant ce qu’il tentait de lui dire.

Leandro réitéra donc le baiser et cette fois, la jeune fille lui répondit avec ardeur.

Ils s’oubliaient l’un en l’autre quand le capo vint se rappeler à eux, se positionnant derrière Flavia. Il saisit les bras de la jeune fille et la força à se blottir contre lui, alors que le sexe de Leandro était toujours en elle.

— Non, ce n’est pas de jeu, ça, vous n’allez pas faire les égoïstes. Flavia, tu as dit un jour à Leandro que tu m’aimais, si je ne me trompe pas, mais je vois que tu es aussi tombée amoureuse de lui, et je ne peux pas t’en vouloir sur ce point. Mais j’espère que tu ne m’as pas oublié.

En disant ces mots, il posa ses lèvres dans le cou de Flavia et ses mains empoignèrent les seins de la jeune fille. Celle-ci sentit avec stupeur le sexe du capo se dresser contre ses fesses.

— Flavia, il n’y a pas de mal à ce que tu nous aimes tous les deux, je vais te montrer à quel point nous sommes complémentaires, d’ailleurs.

Puis dévisageant son subordonné, il ajouta :

— Leandro, nous allons combler ensemble notre Flavia, n’est-ce pas ?

Sans attendre la réaction de ce dernier, il plaqua Flavia contre Leandro et dirigea son sexe vers l’orifice de la jeune fille, qui était déjà occupé par le membre de son subordonné.

— Respire bien, ordonna-t-il à la jeune fille en lui flattant la hanche.

Flavia fut traversée par un éclair de souffrance alors que la verge du capo plongeait lentement en elle, écartelant ses chairs.

Elle gémit doucement et essaya de se rattraper à Leandro en agrippant son torse.

Mais la douleur perdurait, lancinante, alors que le capo s’acharnait dans un va-et-vient lent mais entêtant entre les reins de la jeune fille.

— Leandro, tu ne veux pas honorer notre amie, persifla le mafioso, tu adores ça pourtant, d’habitude. Même vis-à-vis de Flavia, ce n’est pas correct, elle va croire que tu ne la désires plus.

Étourdie, Flavia sentit alors les mains du nervi attraper ses fesses et les presser contre lui afin d’introduire son sexe plus avant en elle.

Ils la pénétraient maintenant tous les deux, alternativement, à une cadence parfaitement coordonnée, rendant plus supportable leur présence concomitante. Ils avaient souvent dû s’adonner à de tels plaisirs pour maîtriser à ce point une si vicieuse chorégraphie.

Entre deux pointes de douleur, Flavia perçut leur plaisir mutuel au concert de leurs respirations. Leandro ne lui jetait plus un regard à présent, mais fixait son supérieur avec une expression indéfinissable, qui le lui rendait intensément.

Faisaient-ils l’amour l’un avec l’autre à travers elle ? Existait-elle seulement désormais pour eux ? Est-ce qu’un homme ne devait pas être dégoûté par le contact du sexe d’un autre homme ? Quelle était la nature exacte de leur relation pour autant apprécier cela ? Ces questions s’entrechoquaient dans son esprit embrumé.

De son côté, Malaspina savourait sa position, dominant le couple et imposant le rythme à l’étreinte.

Les deux hommes la déchiraient lentement, se hissant au sommet de l’extase tandis qu’elle s’abîmait lentement dans les profondeurs du désespoir.

L’esprit anesthésié par cette cruelle désillusion, elle ne perçut pas les râles de jouissance qu’ils poussèrent presque en même temps, alors qu’ils s’élançaient une dernière fois en elle.

De même, elle ne sentit pas le bras qui la faisait rouler sur le côté pour l’étendre sur le lit, ni la voix de Malaspina qui lui assénait un dernier sarcasme en lui glissant un baiser sur l’oreille.

— Je te félicite, Flavia, tu t’es vraiment surpassée pour ta dernière représentation.

Si elle n’entendait plus rien, en revanche elle sentait la brûlure de ses larmes qui inondaient son visage, contrastant avec la fraîche douceur des draps sur la paume de ses mains.

Le ruissellement de l’eau tiède et la caresse de la mousse du savon puis de la viscose de bambou, la tirèrent peu à peu de cette torpeur, avant de retrouver le toucher satiné des draps sur le lit du capo.

— Pourquoi me haïssez-vous de la sorte ? murmura-t-elle, ne sachant pas précisément si l’homme était près d’elle.

Malaspina se pencha sur elle pour qu’elle distingue clairement ses paroles.

— Tu n’as vraiment rien compris, Flavia. Il est vrai qu’il y a eu des moments où je t’ai détestée. À toujours relever la tête quoi qu’il arrive, te redresser chaque fois aussi pure que si je ne t’avais pas salie. À semer la confusion dans mon âme après chacun de tes passages. À t'immiscer entre moi et Leandro. Maintenant, c’est fini tout ça, tu ne pourras jamais effacer ce que je t’ai infligé ce soir. Je nous ai débarrassés tous les deux de toi.

Flavia comprit alors ce que le capo avait voulu faire ce soir.

Il lui avait révélé à dessein la véritable nature de la relation qui l'unissait à Leandro, tranchant purement et simplement les liens singuliers qui l’unissaient à chacun d'entre eux. Il avait contraint son second à choisir, quitte à la blesser. Son corps était brisé et son âme saignait. Il n’y avait plus de retour en arrière possible.

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