J'ai toujours été sportif et endurant. Avant la guerre, je courais pendant des heures, ça me vidait la tête. Quand les autres nous ont battus, ils ont repris l'élevage canin. Avec les gars de la section, enfin ceux qui ont survécu, on se demandait pourquoi ils nous y avaient regroupés. Il y avait longtemps qu'il n'y en avait plus des chiens. Ils ne nous ont pas tous gardés, seulement Sam, Vincent et moi, les plus résistants, je pense. Maintenant on y habite au chenil, sacrée promotion pour des hommes du rang ! Les anciens habitants du lieu étaient tous des militaires à quatre pattes, je les connaissais bien, j'étais maître-chien ! Ça n'était pas officiel, j'étais encore en formation. Nous nous sommes vite aperçu que les autres avaient peur des chiens. Dès qu'ils en voyaient un, ils étaient pris de panique et se laissaient descendre comme des lapins ! C'était trop beau. Ils nous ont envoyé des machines et très vite, les chiens on a fait une croix dessus. Non seulement leurs robots n'en avaient pas peur, mais il les zigouillaient en premier, rancuniers qu'ils sont ! Curieusement, nous les humains, ils nous préfèrent vivants ! Je me demande bien ce que sont devenus les autres ? Et j'ai faim avec ça. Et la cigarette me manque, je prendrais bien une taff, rien qu'une. C'est fou, tout est perdu, et moi je rêve de nicotine ! Tiens, ça va être l'heure de ma sortie ! Pas moyen d'y échapper, c'est obligatoire. J'ai qu'à me dire que c'est un ordre, même si le nouveau capitaine a une drôle de dégaine. Il est si petit, il a l'air si frêle et maladroit et moche avec ça : une tête brun-vert comme un bulbe et quatre membres courtauds. Je me demande toujours si ce sont des jambes ou des bras et pourtant c'est lui qui va me passer le mors aux dents et me labourer les côtes avec ses éperons. C'est le prix à payer quand on perd une guerre interstellaire !