Chapitre 9 - VP Benjamin

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Pendant une réunion importante, tandis que je lui demandais si elle était bien avec nous vu qu’elle n’écoutait rien du tout, elle m’a répondu d’une voix formelle :

- Oui, Monsieur Fortet.

Et l’un de nos collègues n’a rien trouvé de mieux à dire que :

- Arrête de l’appeler « Monsieur Fortet », ça fait vraiment bizarre, là !

Ce qui était relativement vrai.

Elle a appliqué sa méthode habituelle : regroupé ses affaires et pris la porte sans un seul mot, en quelques secondes !

Le gars a ajouté :

- Mais sérieusement ? Elle est partie ?

Tout le monde l’a regardé d’un air noir et il s’est défendu :

- Vous êtes tous d’accord avec moi, personne ne dit rien, ensuite la fille part d’un seul coup, et c’est de ma faute ?

Tous les regards se sont tournés vers moi cette fois et je savais bien qu’il fallait que je prenne mes responsabilités. Cependant, au lieu de leur dire que je ne disais jamais rien à Mademoiselle Demange parce que je rêvais de la prendre sur mon bureau et occasionnellement, de lui faire trois gosses, je me suis lancé dans une explication beaucoup plus acceptable :

- Je vois bien que vous êtes nombreux à trouver cette situation… étrange ! Nous savons tous que Laetitia a un sale caractère, et à côté de ça, elle connait à peu près tous vos problèmes à tous depuis vos trois ans et il n’y a probablement pas un seul d’entre vous qu’elle n’a jamais aidé. Ce n’est pas non plus pour ça que je lui laisse heu… tout faire. Pour ceux qui n’en sont pas encore convaincus, Laetitia c’est un peu notre Thomas Paillet à nous, sauf qu’elle me coute beaucoup moins cher, mais au final, si elle me demandait un million par mois, je lui donnerais et je virerai la moitié d’entre vous ! La première raison c’est qu’elle rapporte beaucoup plus que ça à Comexp, la seconde c’est que si elle partait chez la concurrence, nous pourrions mettre la clé sous la porte en moins de trois ans. Donc voilà, estimez-vous heureux qu’elle ne soit pas encore plus pénible, et déguerpissez d’ici vu que nous ne pouvons absolument rien faire sans cette peste ! Et si un seul d’entre vous lui répète ce que je viens de dire, je le vire pour rupture du secret professionnel !

J’ai balancé mon gobelet d’eau en engueulant le collègue qui nous avait mis dans cette situation et en disant qu’en plus, je n’allais rien pouvoir faire. J’ai envoyé Mathieu en mission, il n’y avait absolument que lui qui pouvait me rabibocher avec mon biscuit préféré.

Mes tentatives de rapprochement ont commencé dans un restaurant, un midi, alors que nous étions une vingtaine de collègues. Laetitia se trouvait, comme d’habitude, à la place la plus éloignée de la mienne et même carrément à une autre table. Lorsque le serveur a terminé de déposer son assiette, elle l’a suivi du regard en matant outrageusement son derrière ! Une de ses collègues sur la gauche l’a vu en même temps que moi tant c’était flagrant, elle lui a tapoté en rigolant sur l’épaule et Laetitia a ri quelques secondes, jusqu’à ce qu’elle croise mon regard éloquent. Elle s’est détournée immédiatement en devenant un peu rouge et en parlant à l’autre fille, mais bien entendu, elle n’a pas pu se retenir de regarder à nouveau dans ma direction quelques instants après. Elle a osé faire un mouvement d’un air « Qu’est-ce que vous me voulez ? ». Mais mon regard noir a quand même réussi à l’impressionner et elle s’est tenue de façon anormalement calme jusqu’à la fin du repas. En passant à côté d’elle je lui ai demandé en murmurant si elle avait perdu sa langue et comme je n’ai pas pu en dire plus, j’ai réussi à la prendre entre quatre yeux dans mon bureau l’après-midi. Les raisons de la convoquer ne manquait pas, elle était sur tous les dossiers. Je n’ai même pas abordé le sujet pour lequel je lui avais demandé de passer, je lui juste demandé de s’expliquer :

- Je n’aime pas beaucoup que mes employés, hommes ou femme, se comportent de cette façon, Mademoiselle Biscuit !

- Qu’est-ce que cela peut bien vous faire, bon sang ? Ce n’est pas comme si je lui avais pincé les fesses !

- Si un homme avait fait la même chose, vous auriez déjà porté plainte.

- Pas du tout, on voit bien que vous ne me connaissez pas, je suis plutôt à l’aise avec la séduction lorsque les deux personnes sont consentantes. Il se trouve que ce jeune homme me lançait des regards assez évidents depuis le début du repas, donc je regardais juste un peu plus où je mettais les pieds. Et ça valait le coup, pour tout dire.

Mon sang n’a fait qu’un tour. Une colère terrible s’est emparée de moi, se transformant immédiatement en impuissance la plus totale : Laetitia était jeune, canon et célibataire, il était normal qu’elle se fasse draguer par tout un tas d’andouilles pas trop mal pourvus.

- Et vous pensez quoi en général quand vous matez les fesses des garçons, Mademoiselle Biscuit ?

- Rien du tout, je regarde juste si le propriétaire est…sportif.

- Avez-vous déjà regardé mes propres fesses, Mademoiselle Biscuit ? Je suis réputé pour avoir un derrière incroyable, n’est-ce-pas ?

Tandis qu’elle ne me regardait toujours pas dans les yeux, l’air qu’elle a pris à cet instant était vraiment trop drôle, et m’a permis de rebondir :

- Oh ! Dois-je prendre cela pour un oui ? « Oui » vous avez déjà regardé ou bien « oui » j’ai des fesses magnifiques ?

Elle a enfin croisé mon regard et s’est enfui comme à son habitude pendant que je me délectais. Juste avant de partir, elle a eu un regard très bizarre sur mes mains. Comme si elle était fascinée par ces dernières, et terrifiée à la fois. A quoi avait-elle bien pu penser ?

A partir de cet épisode, je me suis permis beaucoup plus de chose avec elle. D’abord parce que j’étais jaloux, et également parce que j’avais l’impression qu’elle entrait un peu dans mon jeu, même si elle entrait aussi dans celui du premier serveur venu.

Quand je dis « beaucoup plus de choses », je parle juste de regards appuyés ou bien quelques pics du genre :

- Je vais me retourner, ne regardez pas mes fesses, Mademoiselle Biscuit ! Ni mes mains !

J’ai eu l’impression que l’épisode du serveur l’avait un peu décomplexée, elle aussi, parce qu’elle se permettait de regarder mon derrière, tout en faisant des réflexions du genre :

- Pas si extraordinaires que ça !

Ce qui me procurait un plaisir intense : Laetitia qui badinait avec moi !

Je ne savais pas trop si je me faisais parfois des films, ou même si elle ne me manipulait pas : elle chantonnait « je vous trouve un charme un fou » lorsque j’entrais dans son bureau et s’arrêtait en me regardant dans les yeux une demi-seconde, continuait à regarder mes fesses lorsque je quittais le pupitre d’une conférence à la CCI, frôlait parfois ma main. Je devenais dingue.

J’ai cru voir aussi un peu de jalousie dans son comportement, notamment quand la responsable du service administratif passait plus de trois minutes avec moi. J’ai fait venir deux ou trois filles dans mon bureau pour confirmer mon espoir mais à chaque fois, ça lui a fait autant d’effet que quand je changeais de coupe de cheveu, c’est-à-dire absolument rien du tout. J’ai réalisé qu’elle détestait juste la responsable du service administratif, le genre mini-jupe toute l’année d’ailleurs. C’était dans ses moments-là, quand je comprenais que je n’avais aucune chance avec elle, que je me voyais le plus en train de la prendre sur mes genoux et de baisser sa jupe trop longue pour la fessée à toute volée.

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