Chapitre 16 - VP Laetitia

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Mes petites fesses roses, ma jupe et moi, nous arrivons donc dans le bar où Marie a ses habitudes. Je décide de faire ma maligne et dès qu’elle me dit :

-T’es en retard !

- Oui, c’est parce que je viens de me faire prendre par mon boss !

-Quoi ?

- Si, si, t’as bien entendu !

- Tu plaisantes !

- Je suis en retard, oui ou non ?

- Ben, le métro devait être bondé de monde et t’as pas osé monter dedans !

-Et hier soir, j’étais où à ton avis ?

-Ben à toi de me le dire ! L’entraîneur n’était pas content du tout, à mon avis, tu n’es plus sa petite chouchoute. Bon alors, tu étais où ?

- Mon boss, Benjamin Fortet, me saute de temps à autres et… j’aime bien ça.

- Serveur, un peu d’eau pour mon amie et un grand verre de rhum sec pour moi !

Soudain elle éclate de rire.

- Qu’est-ce que tu as ?

- Rien, je suis en train d’accepter l’idée que tu te fasses choper par ce nase et en même temps, je rigole parce que si ton père le savait ou si lui savait qui tu es, ce serait trop marrant. Tu as déjà réfléchi au fait que si ça devenait sérieux ben, ça ne pourrait jamais l’être en fait !

- Oh, tu as déjà bu combien de verre là ? Tu ne parles pas de façon censée, tu le sais ?

- C’est toi qui dis ça ? Non mais attend, l’héritage, t’en fais quoi ? Le jour où vous aurez un gosse, il va hériter de la totalité des centres commerciaux de ce pays et ton père va vouloir le faire éliminer où un truc comme ça ! C’est un peu comme si la fille de Monsieur Coca-cola voulait se taper le fils de Monsieur Pepsi !

Elle pouffe de rire.

- Nous n’en sommes pas encore là.

Je pense à ce qu’il vient de me faire et je me dis que ça, c’est sûr, nous n’en sommes pas vraiment là. C’est vrai que je n’y avais jamais pensé pendant mes nombreux fantasmes sur Lui mais notre relation ne pourra jamais dépasser le stade actuel. Roméo et Juliette, c’est de la rigolade à côté de Benjamin Fortet et Laetitia Delacre. Il faut quand même savoir qu’à l’époque de Roméo et Juliette, les entreprises de plus de deux mille employés n’existaient pas, et les fusions-acquisitions-rachats de parts et autres cordialités entre groupes internationaux encore moins. Et personne ne savait qu’un jour, des entreprises feraient étal d’un milliard d’euros d’actifs. Pour que je me marie avec Lui, il faudrait au moins dix ans rien que pour écrire le contrat de mariage. Je suis l’héritière d’une entreprise qui ne pourrait jamais fusionner avec la sienne car il n’y aurait plus de concurrence dans un domaine financier à haut risque. Pour résumer, il n’y a que deux groupes en France qui sont capables de construire des centres commerciaux de plus de 50 000m2, le sien et celui de mon père. Si ces deux groupes venaient à fusionner, l’entreprise créée ne pourrait plus rien faire sans être attaquée pour abus de position dominante. Aucun groupe étranger ne pourra jamais faire jouer la concurrence car les projets se font sur appel d’offres et par principe, aucune commune ne ferait appel à un groupe étranger pour s’implanter sur son territoire, ce serait un non-sens. Heureusement que c’est juste une histoire de fesses !

Je passe une super soirée et ça fait du bien de me centrer sur autre chose que sur moi-même. On s’organise un week-end au vert avec Marie pour la fin de semaine et on se donne rendez-vous dès le vendredi soir. Je rentre très tard et très bourrée, ce qui est normalement plus typique de Marie.

Le lendemain, j’ai droit à un regard noir et une remarque rouge :

- Vous êtes sortie hier soir ?

- …

- Je déteste que vous soyez fatiguée et dans cet état déplorable. Si vous n’êtes pas capable de sortir pendant la semaine, attendez le week-end. Vous viendrez à 19h dans mon bureau et vous baisserez immédiatement votre culotte en vous mettant face au canapé. Vous aurez cinq coups de martinet en plus pour n’avoir pas eu le courage de répondre à ma question.

Je pousse un soupir.

- Cinq de plus.

Pendant toute la journée, je ressens la même chose que quand il m’a prévenu la dernière fois : la peur au ventre et les fesses en attente. On doit ressentir ça quand on sait qu’on y a droit, qu’on ne va pas y échapper, même si on est très gentille. La matinée ne passe pas, et la pause de midi n’en finit plus. 14h : j’ai l’impression d’être en chaleur, où c’est une ménopause précoce ? A 15h Il me ramène à l’ordre en me demandant où j’ai la tête et si je veux qu’Il soit très fâché après moi et je manque de Lui répondre que oui. 16h : non mais je ne veux plus là, Il va me faire mal et il faut que je trouve une solution pour me sauver. 17h30 : c’est trop long cette journée, en plus je n’avance pas. 18h50 : j’ai besoin qu’Il me prenne là, tout de suite, maintenant. 18h55 : Il est parti dans le bureau du directeur du développement sud, si j’attends que quelqu’un appelle l’ascenseur, je peux surement voler mon propre sac et foncer dedans discrètement en marchant à soixante kilomètres par heure. 18h59 : quelqu’un s’approche de l’ascenseur : je cours, et le temps que j’arrive, les portes se ferment devant mon nez.

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