Le lendemain, je commence les négociations :

- Il nous reste cinq jours dans cet endroit magnifique, on peut faire comme si on était un couple normal. Après on retrouve chacun notre vie et on n’en parle plus jamais, ok ?

- Je ne vois absolument pas pourquoi je ne continuerais pas à venir gratter à ta porte à Paris, de toute façon tu traverserais la ville pieds nus pour me retrouver si tu te réveillais toute seule. Je sens que je vais perdre mes propres négociations.

- C’est ça ou rien.

- D’accord pour ces cinq jours, mais juste toi et moi.

- Ça ne va pas non ? On est ici avec un groupe, je ne vois pas comment on pourrait jouer les romantiques.

- Et bien, il y a plein de couples « normaux » dans ce groupe non ? Ils doivent bien prendre un peu de temps pour eux aussi ! Si ça ne va pas comme tu sembles le penser, on arrête de se voir à la fin des cinq jours.

- Non, on prend la décision maintenant. Sinon, ce serait oublier ce qui s’est passé la dernière fois qu’on nous a vu ensemble.

- Ça ne me gêne absolument pas.

- Moi, je ne pourrais pas vivre avec ça. De toute façon, on se sera peut-être trucidé mutuellement avant samedi.

- Alors, est-ce que tu baisses ta garde ?

- …

- Allez, top là pour 5 jours, après on fera un nouveau conseil de famille.

- Ne t’emballe pas.

Quand nous arrivons vers les autres, Justine me prend à part :

- C’était toi ! Elle me tend une feuille avec un article qu’elle a forcément imprimé au café-Internet de l’hôtel, qui s’intitule « Coup de foudre illégal dans les centres commerciaux » avec une photo de Lui et moi. Illégal, comme si on était des criminels !

- Oui, là c’est bien moi. Elle est triste et ça m’embête de lui faire de la peine.

- Mais pourquoi tu ne me l’as pas dit !

- C’était fini entre nous depuis des mois. En fait ça n’a jamais vraiment commencé. Ce n’était pas une relation très saine.

- Et maintenant ?

- C’est compliqué.

- Il est amoureux de toi ?

- Je ne sais pas. Je crois qu’il me veut seulement. Disons qu’il me court après sans sentiments et moi je le fui pour me protéger des miens.

- Je suis désolée.

- Moi aussi je suis désolée pour toi si tu l’aimais vraiment bien.

- Ne t’en fais pas quand même, je devrais être déprimée jusqu’à ce qu’un autre gars me tourne la tête, ce soir quoi !

- Si seulement j’étais comme toi.

- Tu es amoureuse de lui, toi ?

- Oui, et même pire que ça.

Nous rions toutes les deux et je suis rassurée.

Quand nous arrivons vers les autres il me jette un regard pour me demander si ça va et je fais oui de la tête. Il s’approche de moi et Il m’embrasse devant tout le monde. Justine se met à applaudir et tout le monde la suit. Léa nous fait remarquer qu’on est un peu bizarre et Justine confirme qu’elle n’aurait pas cru ça le soir d’avant. Je crois voir un drôle de regard entre Mathieu et Claire, comme s’ils s’en doutaient déjà avant. Monsieur ajoute que je lui ai seulement donné cinq jours et qu’après je le vire de ma vie. Léa dit « Vraiment bizarres » et Justine « C’est ça oui !». Pour ma part j’ajoute qu’une nouvelle clause du contrat est de ne parler de celui-ci à personne. Quelqu’un dit « Ah, vous avez un contrat, comme dans 50 nuances de Grey ? » et je deviens plus rouge que mes fesses ne l’ont jamais été.

Il me convainc de rester seule avec lui pour la journée. Nous partons faire du voilier ensemble. Nous arrêtons le bateau face au vent et je ne trouve rien à lui dire, comme d’habitude. J’ai trop peur de dire une bêtise. Sa présence me fait monter la tension à 19, j’en suis sûre. Je n’ose pas le regarder dans les yeux alors je fais mine de regarder au loin. Je suis trop admirative de cet homme pour qu’il s’intéresse à moi pour de vrai, je n’y crois pas un instant.