9 - Souffrances et démons

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-Je vous préviens, vous allez nous détester pendant quelque temps.

Ferd' parlait avec une certaine peine et un certain sadisme en même temps. La salle de cours fulgurique était toujours aussi électrique, mais aujourd'hui elle avait un petit quelque chose de... Menaçant.

-Quand je parle de "nous", je parle évidemment de moi, vos professeurs de magies secondaires voire tertiaires, ainsi que l'Ancien, le Baroudeur et le Duc.

La drow leva la main.

-Pourquoi ?

-Parce que le prochain mois sera dédié à votre amplification magique, Mørk. En clair : cinquante pourcents de vos cours seront des cours magiques durant cette période (à moins que vous n'en souhaitiez autrement, l'horaire est flexible comme d'hab), et tous les exercices seront dans le but de vous épuiser.

Il promena son regard sur les élèves.

-Votre Flux Muthanien est un muscle. Enfin... Il FONCTIONNE comme un muscle. Plus vous l'utiliserez, plus vous serez forts avec. Plus vous vous entraînerez, plus vous choperez les techniques. Plus vous aurez la force et la technique, et plus vous serez endurant.
Or, c'est précisément l'endurance qu'il vous faut. Je l'ai déjà dit, mais pour le moment un seul arc électrique pourrait vous vider. Mørk encore plus. Ce qu'il vous faut avant tout, c'est pouvoir lancer le plus de sortilèges possibles avant de tomber à court de magie.

Il invoqua un foudre dans sa main.

-La plupart des exercices consisteront simplement en création d'arcs électriques, pour ne pas trop vous fatiguer. Dans une semaine, vous aurez en plus des exercices sur votre spécialité.

-Et c'est quoi, une spécialité ? Demanda la Kytsimm.

-Très bonne question ! Une question que j'attendais. Votre spécialité, c'est votre sortilège préférentiel. La foudre est très diverse, c'est presque une obligation d'en choisir un. Dans l'Académie, on en a de toutes sortes : spécialiste des boucliers électro-magnétiques, de l'aimantation, des charges, et... Eh bien nous avons juste ici un très bon exemple de spécialiste des téléportations juste devant nous !

Personne n'a vu ma gêne à travers l'ombre de ma capuche. A vrai dire, c'était pas une gêne très forte, et j'avais pas forcément envie de la cacher.

-Et toi ? Questionnai-je. C'est quoi ta spécialité ?

-CECI.

Sa voix semblait provenir de partout à la fois... Je regardai un peu autour de moi, me demandant ce qu'il s'était passé. Je vis d'abord que tout le monde était aussi perplexe que moi, et puis... Quand je retournai mon regard devant moi, Ferdinand n'était plus là.

-Essayez seulement de m'attraper.

Le prof sortit d'un pan du nuage. Comme il nous l'a demandé, je courus vers lui pour lui saisir le bras, mais quand j'ai refermé ma main sur son membre, elle s'est refermée sur de l'air.

Etrangement, tout le monde avait couru vers des endroits différents et regardait ses mains. Sauf... Sauf la Kytsimm, qui semblait bien se marrer de sa place. Elle n'avait absolument pas bougé.

-Derrière toi.

Quelque chose me toucha l'épaule. Je me retournai vivement et... N'aperçus rien.

Des dizaines de copies de Ferdinand sortirent de la brume. Tout le monde était déboussolé, ayant compris qu'il y en avait forcément un qui était véritable et tangible, mais ne sachant pas lequel était-ce. La Kytsimm éclata d'un fou rire.

Des démangeaisons me prirent sur tout le corps. Quand je regardai mon corps pour me gratter, je le vis couvert de plumes bleues... D'ailleurs où était ma tenue de mage ? Je voyais tout le monde transformé en animal de tout genre, mais moi je restais un humanoïde emplumé.

Je reçus un coup dans le ventre, puis un dans l'entrejambe. Ce qui m'a étonné, c'est que je n'avais absolument rien ressenti. Mon bras s'est levé tout seul et me gratta le crâne, puis je marchai vers ma place sans en avoir la volonté. Au comble de la surprise, je me sentis m'asseoir sur mon siège, pourtant je ne le voulais pas.

Un éclair balaya la classe alors que la Kytsimm hilarait. Mon corps était de nouveau vêtu de mon costume de mage, tout le monde était redevenu humain, et Ferdinand rigolait, devant nous, presque autant que notre consœur élémentaire.

-Désolé ! Je fais la blague à chaque fois qu'on me demande ma spécialité ! Maintenant, qui pourrait deviner quel est mon sortilège principal ?

-L'illusion ! S'exclama un Exanthrope.

-Cela y tend, mais les illusions manipulées par un mage ne sont que visuelles.

Il fit un geste en direction de l'élève. Surpris par quelque chose d'invisible, l'Exo mit d'un coup la main à son épaule. Je commençai à comprendre.

Je levai la main.

-Yep, Thauroji ?

-La manipulation mentale par l'électricité.

-Très bien ! Vous n'êtes pas sans savoir que tout notre corps est dirigé par l'électricité. La chaleur, la douleur, la vision, tout est une affaire d'impulsions électriques. Des impulsions qui peuvent être contrôlées et même créées.

-Pourtant cette impression de fourrure était si forte ! remarqua un Exanthrope. Comment on pourrait faire ça avec de la foudre ?

-Oh, tu sais, ce n'est qu'une illusion sensorielle extrêmement bien coordonnée avec une illusion visuelle. Le résultat est là : je crée des sons, je parle par télépathie, je manipule l'espace visible, je stimule le toucher, je titille les goûts, j'excite l'odorat. Tout ça juste avec des impulsions électriques. N'est-ce pas magnifique ? Maintenant, je vous préviens : chaque mauvaise manipulation cause de la douleur voire la mort. Déjà, manipuler un seul esprit est complexe, alors plusieurs personnes est extrême. Rassurez-vous, j'ai dédié la plus grande partie de ma vie à la manipulation de cette maîtrise et l'autre partie à ma quête de puissance. Depuis que je suis ici, je ne fais pratiquement plus que ça. Il aurait fallu trente personnes simultanées pour qu'il y ait un tout petit risque de mort.

L'explication arrêta net les gloussements de la Kytsimm qui s'enfonça sur son siège.

-Ferd' ? Demanda la Svartalf. Pourquoi elle se marre depuis tout à l'heure ?

-Pour la simple et bonne raison qu'elle n'a ni cerveau, ni circuit à pirater sensoriellement. Ce qui fait qu'elle a été la seule à pouvoir voir toute la scène et à vous regarder faire les idiots. BON ! Je vous ai dit que vous alliez me détester, eh bien ça va commencer à partir de maintenant.

J'ai commencé petit à petit à en avoir marre. Avec Ametara je suais. Avec l'Ancien je dégoulinais. Avec le Duc j'exténuais. Avec Ferd' je souffrais. mais surtout... LE BAROUDEUR VOULAIT NOTRE MORT OU QUOI ? Et puis le vol avec Mùn-Chî... Quand j'avais volé, j'étais trop crevé pour faire de la magie. Quand j'avais fait de la magie, j'étais trop crevé pour faire quoi que ce soit.

Chéris étaient les moments où les derniers cours sonnaient leurs dernières minutes. Là, je m'enfermais dans mon dojo et je n'en ressortais plus jusqu'au soir, au coucher. Je mangeais les plats que des serviteurs de l'air m'apportaient selon mes désirs.

Ces temps-ci, Alexandra était plus distante (sans doute avait-elle besoin de temps pour se remettre des exercices intensifs et de sa confession de l'autre jour), mais j'allais tout de même parfois visiter Entia, qui me faisait bien souvent des massages avec une huile de plante que je ne connaissais pas. J'aurais bien aimé lui rendre la pareille, mais fatigué comme j'étais j'avais déjà de la peine à caresser Gáta, sa chatte.

La semaine me parut interminable. Aucun cours de Dybder n'était prévu ces temps-ci, car on avait fort à faire à augmenter notre endurance magique. L'Ancien avait privilégié la magie car, selon lui, lorsqu'on aura une bonne maîtrise, on pourrait commencer à travailler les véritables exercices. J'étais totalement d'accord avec lui, et je savais qu'on ne pouvait pas ralentir la cadence : chaque natif ayant délaissé sa magie et chaque néomage en avait besoin. J'imagine que c'est le sort de tous les néophytes, ici, mais c'est essentiel avant d'apprendre quoi que ce soit ; un nouveau-né ne peut apprendre les mathématiques, il lui faut d'abord développer son intelligence.

Bref ! Le fait que les cours de sociologie aient été mis à part me sapait un peu la volonté. Ce cours était tellement intéressant !

Le vendredi, je me suis couché avec l'idée que l'enfer m'attendait à mon réveil (le distrait que j'étais et que je suis toujours a oublié que le lendemain c'était le week-end, et donc congé). Mais, lorsque mon tonnerre de réveil a grondé, j'ai failli me dépêcher pour sortir avant de me rendre compte de ma bêtise. ENFIN DU REPOS !

Vers neuf heures, je me suis levé. 'Pas envie de travailler, ce jour-là. Ni d'écrire un coup, ni de faire autre chose. Comme je n'avais rien à faire, je comptais m'entraîner un peu au bâton, près des temples. Peut-être tenter de converser avec mes parents et le reste des dieux. Prendre du bon temps avec les autres.

J'ai pris mon bâton et me suis dirigé vers la chambre de Witz. Il s'était déjà levé, le bougre ! Lui qui se levait dans les environs de onze heures, voir douze, il était dans le couloir à neuf heures vingt, devant la porte ouverte de la chambre d'Atherach.

-Salut mec ! Lui dis-je calmement. Ça va ?

-Pas trop... Me répondit-il. Falk me torture magiquement, et je parle pas des autres. J'en suis encore crevé.

-T'inquiètes, c'est la même chose pour moi.

-Sauf que toi tu connais déjà les bases... Moi je souffre, pour qu'au final ça ne donne aucun résultat. C'est frustrant, à force...

-Tu attends Atherach ?

-En fait non. Je surveille sa chambre. C'est bizarre...

-Quoi, qui est bizarre ? demandai-je.

-J'ai entendu des bruits déconcertants en provenance de sa chambre, cette nuit, m'a-t-il confié en se rapprochant. Et puis, j'ai entendu sa porte s'ouvrir et ne pas se refermer. Je me suis dit qu'il y avait quelque chose de louche, donc j'ai voulu lui demander ce qu'il s'était passé, ce matin. Et là... Sa porte est toujours ouverte.

-Ça, ça ne lui ressemble pas. Surtout, pour lui, sortir en pleine nuit, c'est pas courant. je vais voir s'il est à l'intérieur.

-Comme tu veux ! Je te suis. Mais je sais pas pourquoi j'ai un mauvais pressentiment.

On est entrés dans la pièce. Déjà, Atherach n'était pas assoupi sur son lit rouge. Son lit était défait comme s'il était sorti en coup de vent, son pendentif et son couteau n'étaient visibles nulle part, et les papiers cadeaux qui, autrefois, les abritaient, gisaient à terre, ouverts. Rien d'étonnant à ce dernier fait, juste que ça se voyait qu'il n'avait encore rien rangé. La seule chose qui avait changé, c'est qu'il y avait une sorte de petit chariot près de la porte, sur laquelle était posé un objet assez large occulté par une bâche.

Je pris la porte vers Waterfall. Absolument rien n'avait changé et rien n'était suspect, à part une petite pousse bleue, cadeau d'Entia à ce charmant petit paysage. Je retournai dans New Home, puis je m'armai de mon bâton en partant vers le Core.

Tout y était détruit. Des morceaux gluants de chairs blanches s'étalaient un peu partout, et toutes les machineries semblaient avoir brûlé. Le pont tenait à peine debout. Fausse alerte, cette scène n'avait été causée que par Ferdinand, en tuant ces... Ces "amalgames". Je ne pris pas plus de temps sur le pont métallique grinçant, ayant eu l'impression que je perdais mon temps dans cette salle. Et puis, si le pont se cassait, j'avais des chances de me foirer en dépliant mes ailes et donc de chuter dans le magma. Pas très tentant. Bref, je revins dans "New Home".

-Tu trouves pas ce truc bizarre ? Demandai-je à Witz en désignant le chariot.

-Si. Mais ça peut être un simple truc qui a été commandé par Atherach par pensée, du coup... Je la sens pas, cette bâche. On peut partir ?

-Pas tant que je ne l'aurai pas soulevée.

Je sortis mes ailes et ma forme semi-divine pour me donner un air imposant et en même temps me donner du courage. Tenant fermement mon bâton de ma main droite, je retirai doucement l'obstacle à notre vue.

Ce qu'on découvrit en premier, c'était une cage à oiseau. Seulement, Atherach n'a jamais voulu d'oiseau, et si tel aurait été le cas, pourquoi aurait-il voulu cacher la cage ? Peut-être pour faire une surprise à la TTT...

Cette pensée s'évapora quand je vis qu'à l'intérieur de la cage, il y avait un cœur. Un cœur écarlate, pixellisé et brillant. Witz et moi avions poussé un soupir de soulagement, pourtant cette chose me perturbait. Elle m'effrayait dans un sens que je ne pouvais pas comprendre.

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Je me suis levé assez tôt, en fait. Pourquoi ? J'en sais que dalle. J'avais envie d'aller faire du sport, me défouler un bon coup du côté arcade, bref, me détendre un peu. Mais, lorsque j'ai regardé à travers ma fenêtre, mon regard s'est posé sur le volcan. Allez ! Une petite visite chez les démons !

Je vêtis ma forme démoniaque et m'armai de mes deux bâtons. Puis je sortis de ma chambre et me dirigeai vers le cratère. Je plongeai dedans, bien entendu.

Je sais pas ce que je voulais, en allant pratiquement tous les jours ici. Trouver mon père là, accoudé sur l'autel de son temple, en disant "Eh ! Salut fiston ! Quoi de neuf ?" ? Ou bien je venais juste là pour prier un bon coup et rejoindre la seule atmosphère de toute l'Académie qui me plaisait vraiment : celle de l'Underworld.

Il faisait si bon à l'intérieur ! Je passais mon temps à observer de loin les sculptures, l'architecture et le style tantôt du temple de Baal, tantôt celui de Satan, tantôt celui de Cronos, tantôt celui de Lilith. Il y avait un temple dédié à Pyro, bien évidemment, et j'y allais souvent pour donner un peu de ma flamme à la maîtresse des lieux, ma mère.

J'ignorais qu'il y avait autant de démons. Redd, ma prof du Culte de Läla, m'avait affirmé que beaucoup de démons avaient péri durant les Guerres d'entités supérieures, pourtant il y en avait encore beaucoup.

Et les dieux ? Leur nombre n'a pratiquement pas changé. Beaucoup de fois les démons s'étaient sentis prêts pour le Ragnarök mais ont fait face à de bonnes défenses divines. Tels les spartiates massacrant les perses en plein dans le défilé des Thermopyles, les dieux ont massacré leur ennemi en ne subissant pas beaucoup de pertes, et ce à chaque bataille. Un jour, ils seront prêts, et les démons reprendront le contrôle sur le monde.

Enfin... A part s'ils n'arrivent pas à contrer Cthulhu, ses compagnons, ses fidèles et son armée. Les Grands Anciens, ces lâches, préfèrent se terrer dans les abysses à attendre que les dieux et démons s'entre-tuent, et puis... Pratiquement tout le monde sait que lorsqu'un des deux camps sera vaincu, ils en profiteront pour achever les survivants et "prendre la place qui leur revient de droit". Ce à quoi je leur réponds : "ATTENDEZ UN PEU DE CONNAÎTRE LA PUISSANCE DÉMONIAQUE ! Vous êtes déjà morts, les gars, mais vous ne le savez pas encore... ET LES DIEUX AUSSI !"

Pyrolus. Uragaan. Fahren. Daemocculgur. Tant de démons, soit primordiaux qui ont été injustement qualifié de dieux, soit dotés d'une telle puissance que personne ne s'en doute, ... Et je ne parle même pas des démons mineurs. Ils se comptent par milliers. Les démons de première, deuxième et troisième puissance se comptent en tout par centaines. Cela m'étonne que Daemocculgur ne fusse pas haut placé dans la dynastie démoniaque, lui, le démon de première puissance de la foudre noire. Sa puissance devrait être sans pareille ! Son intelligence est sans doute dépassée par celle de Satan, c'est donc normal qu'il ait perdu une place de stratège. Mais... Sa puissance destructrice devrait être égale à celle d'Insedious, démon de la destruction et second général de Baal... J'ai envie de dire, Insedious est fils de Läla, il était là en premier.

Je me suis dit que j'allais rendre visite au temple du démon de la destruction. Je saluai au passage quelques prêtres démoniaques qui récuraient les temples ou faisaient des offrandes. Je résistai à la tentation d'aller voir de plus près une aguicheuse prêtresse de Lilith, mais je me ravisai : Lilith était la démone des Succubes, des femmes infernales au physique avantageux qui aspiraient les âmes de leurs victimes par les baisers... Ou les actes sexuels.

Sans doute cette prêtresse n'allait pas aspirer mon âme, mais c'est le genre de fille nymphomane qui a juste un désir, et vous savez lequel. J'avais pas trop envie qu'on abuse de moi, là, pour le moment.

Le temple d'Insedious se trouvait sur le promontoire naturel le plus haut et le plus chaud. C'était un des temples parmi les plus visibles, ex-aequo en première place avec celui de Satan (Baal ayant préféré avoir son sanctuaire dans les profondeurs). Ces deux temples étaient entourés de quatre autres, tous situés sur la pente de la rougeoyante montagne : ceux de leurs frères, leur sœur, et leur mentor ; Sĭ, démon de la mort, Langeweile, démon de l'ennui, Agápi, démone de l'amour obsessionnel, et Isphet, dieu égyptien du Chaos.

Rares étaient les dieux comptés parmi le panthéon démoniaque. Isphet était un de ceux-là. Mais encore plus rares étaient ceux qui comptaient à la fois dans le panthéon divin et démoniaque en même temps ! Là-dessus, je ne pourrais vous en citer qu'un : Loki, dieu nordique de la malice, certains temps bénéfique aux dieux, d'autres fois voulant déclencher le Ragnarök à lui tout seul. C'est d'ailleurs un peu à cause de ses stratégies égoïstes que les démons ont subi autant de défaites. On l'a longtemps soupçonné de servir les dieux de cette manière, mais il n'en est rien.

Crevé à cause des exercices magiques et physiques intensifs, j'eus du mal à gravir la montagne de feu. Les prêtres des temples qui s'y trouvent n'étaient pas là. Tant pis. Je n'avais qu'à faire les sacrifices moi-même. Je me rendis d'abord chez Satan et versai un peu de mon sang sur le pentacle, au centre. Puis je me dirigeai vers l'autre temple et fit goutter le reste du sang qui s'échappait de ma plaie sur la pierre rougie de l'autel. Ensuite, je cautérisai ma plaie et me retournai...

J'étouffai un cri.

Pourquoi ? Bah je m'attendais pas à ce que quelqu'un soit là, à me regarder avec de grands yeux vides, assis sur un banc de pierre écarlate, un couteau dans les mains et un pendentif en forme de cœur au cou.

-Atherach ? Mais qu'est-ce que tu fous là ?

Il ne me répondit pas. Je m'approchai, mais son regard de me suivait pas.

-Je crois que tu t'es trompé d'endroit, gars ! T'es Disciple de Borée et de Summanus, et ce sont tous les deux des dieux.

J'avais l'impression qu'il ne m'entendait même pas, ni ne me voyait. J'ai tout de même continué à parler.

-Cet endroit n'est pas fait pour des profanes tels que toi, ai-je fait d'un air impérieux. Retourne d'où tu viens, misérable !

Toujours aucune réponse.

-Bon, tu vas bouger ? Je suis sérieux, les affaires mythologiques sont importantes. Si un prêtre te trouve dans le temple d'un des démons les plus grands jamais connus, il pourrait te faire ce qu'il veut. Je te plains pas si c'est une de ces charmantes prêtresses de Lilith, par contre si tu tombes sur un de ces destructeurs prêtres d'Insedious, ce qui serait plus probable, je donne pas cher de ta peau.

...

-BON, TU VAS TE BOUGER ? Gars, si tu veux te convertir, c'est partout autre part SAUF ICI ! Qu'un disciple des dieux vienne dans un temple de ce calibre, c'est comme si j'allais m'asseoir dans le sanctuaire d'Arthus... Ou que n'importe qui vandalisait celui d'une divinité mineure. Tu comprends, ça ?

Il commençait à devenir chiant.

-Gars, je veux que ton bien... Tu es dans le temple du premier démon de la destruction, le plus dangereux, t'as intérêt à te grouiller. Tu vas prendre cher ! à n'importe quel moment...

-Pas le plus dangereux.

Je sursautai. Atherach avait tourné la tête juste après que j'aie fini de prononcer "prendre cher" et ne me lâchai plus du regard, vide de toute émotion.

Il me faisait flipper. Je fis littéralement marche arrière en continuant de fixer ses yeux apathiques. Lorsque je sentis la roche ardente de la montagne sous mes chaussures, je me retournai et marchai d'un pas rapide, direction la surface.

Je mis des heures avant de sortir ce moment de ma tête. Le soir, j'en eus des cauchemars, mais surtout il y avait cette question qui me taraudait : qu'est-ce qu'il s'est passé chez lui ?

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