31 - Ampéria

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-VITE ! TOUS AU SANCTUAIRE !

Chirutll criait comme si notre vie en dépendait. Ce qui était le cas, en fait... En un portail, nous étions hors du Bunker ; à travers la porte magique qui se refermait, Michael nous saluait de ses bras robotiques.

-Mais... Ce n'est pas Delphes ! s'écria l'Alterrien.

-Non, c'est Bruxelles ! corrigea Ametara. Tu crois vraiment que j'aurais eu suffisamment d'énergie pour revenir en Grèce ?!?

Le cerveau de l'équipe se figea sur place. Après un instant, il reprit :

-Je comptais nous faire prendre le téléporteur du sanctuaire de la Pythie... Là au moins on aurait eu l'immunité divine. Je suppose qu'on devra faire sans ! Est-ce que Bruxelles possède un télépad majeur ?

-Comme toutes les capitales, gros nigaud ! souffla la translatoire. Suivez-moi, on a pas de temps à perdre !

Elle courait étonnamment vite, pour quelqu'un qui venait d'échapper à la mort ! Seuls Miku, encore faible, et Chirutll, lent sur ses tentacules, nous retardaient. Peu importe, l'une fut prise dans les vents d'Olivia et l'autre littéralement ramassé par notre énorme extraterrestre musculeux.

Pendant ma course, je ne pus m'empêcher de réfléchir à ce qu'est devenue la capitale Belge après plusieurs millénaires... Dire qu'elle était devenue une entière nouvelle cité ne pouvait être une exagération. Elle ressemblait à Delphes dans le sens que tous les bâtiments flottaient aussi dans les airs, cependant l'architecture était plus... Enfin, moins...
...
L'architecture était différente. Je ne saurais dire en quoi, mais c'était largement différent. Je n'ai pas vraiment eu l'occasion de jeter un coup d'oeil plus minutieux.

Nous nous dirigions vers le seul et unique bâtiment au sol de toute la ville. D'une certaine manière, tant mieux : si tel n'était pas le cas, nous aurions perdu beaucoup de temps précieux dans son ascension.

N'étant pas très entraîné pour la course, mon souffle coupait court.

-Allez, Thor' ! encouragea Witz, me voyant ralentir. Tu peux le faire !

Oui, il a raison, marmonnai-je... Tu peux le faire, Thor', tu peux le f...

Une douleur subite et violente me prit les côtes, et je m'arrêtai dans ma course.

Non, tu peux pas le faire...

-RALENTISSEZ ! cria Chirutll. Thauroji est derrière !!!

-ON A PLUS LE TEMPS !!! beugla Ametara. Les flics sont à nos trousses !

Tu peux pas le faire... Tu peux pas le faire... MAIS FERME TA GUEULE ! Tu peux le faire, Thor' ! Inspire, expire... Allez ! Tu es un maître de la foudre et de la lumière, né de deux dieux, et tes amis ont besoin de toi...

Je me remis à trottiner, jusqu'à ce qu'un nouvel élancement me fasse chavirer.

Saleté de crampe... Continue ! C'est pas une petite douleur qui va t'arrêter... Si ? MAIS QU'EST-CE QUI NE VA PAS, AVEC TOI ??? Tu peux le faire. Tu DOIS le faire. Tu veux la prison, c'est ça ? La mise à mort, peut-être ? Non, ça, je ne veux pas... Alors je dois y aller. Je dois courir. ALLEZ ! FAIS-LE, NOM DE ZEUS ! Qui est-tu... Qui est-tu ???...

Mes marmonnements cessèrent. Mes amis n'étaient désormais plus que des petits points qui gigotaient à l'horizon. Plusieurs sirènes me vrillaient les tympans.

-LES MAINS DANS LE DOS ! hurla un officier. Vous êtes en état d'arrestation !

-...

-LES MAINS DANS LE DOS ! TOUT DE SUITE !

-... Je suis un Berzerker, murmurai-je en relevant la tête.

Deux ailes majestueuses sortirent de mon dos, pendant que les arcs électriques tourbillonnaient autour de moi. La police tira en ma direction plusieurs rais Thêta. je ne sais comment, je fus capable de tous les esquiver en très peu de mouvements.

Rattrape-les, Thor. Vas-y.

Mes cordes vocales laissèrent s'échapper un cri venant du plus profond de mon être. Un flash, et je me retrouve en face d'un visage familier.

-THAUROJI VOLTAR ! jura la statue. Pas de téléportations à l'intérieur des bâtiments !

-Ferme-la, Terminus ! C'est une question de vie ou de mort. Je viens prendre le deal.

-C'est annulé.

-QUOI ?!? Depuis quand ?!

-Juste là, maintenant. Tu devrais suivre les règles, enfant de Célestia.

-TERMINUS ! Nous sommes actuellement en quête pour neutraliser Chara. Si tu ne nous laisse pas passer, la police viendra nous prendre et on sera peut-être même mis à mort !

Le Dieu des Frontières afficha ostensiblement sa perplexité.

-Mais...

-IL N'Y A PAS DE MAIS ! Terminus, au plus nous attendons, au plus Elle tuera !

-Euh... Qui ça, "nous" ?

Des bruits de courses s'approchaient. Il était presque évident qu'il s'agissait là de tout un groupe, d'une dizaine de personnes.

-LA ! LE TELEPORTEUR ! fit la voix d'Ametara au bout de la salle.

-Moi et eux, j'annonçai. J'ai de quoi te payer. Emmène moi et Chirutll à Centralis, Alexandra, Ferdinand et Tarek à la Tour de Megira, et le reste à Delphes.

-Euh... non, tout compte fait, garde ton argent. Le deal est rétabli. Rappelle-toi que vous devrez toujours payer le chemin retour...

-Cela suffira-t-il ? je demandai en lui lançant une de mes pièces célestes.

-Hem... Bien sûr ! Cela est même suffisant pour couvrir des futurs voyages...

-Super.

Je rangeai mes ailes et m'engouffrai dans le téléporteur en même temps que le reste de l'équipe.
Le monde vira au noir, et je m'évanouit.

J'ouvris les yeux. Deux hommes musclés portant des costards me portaient par les aisselles et me dirigeaient vers un banc. Menant la marche, Chirutll me fixait de ses orbites inexistantes.

-Eh ! Déposez-moi !

-Bien sûr, Monsieur, fit l'un des agents en m'asseyant sur le banc.

-Euh... Merci, messieurs, déclama Chirutll, visiblement nerveux.

-Nous n'avons fait que notre devoir, affirma le premier. Les télépads doivent être disponibles pour les prochains voyageurs.

-Et ce n'est pas tous les jours qu'on a l'honneur de rencontrer la réincarnation de l'Empereur Fantôme ! continua le second.

Les agents me fixèrent, immobiles. Quel était ce regard ? De la fierté ? De l'espoir ? De la déception ?

-Je l'imaginais plus grand, chuchota l'un d'eux à son collègue.

Je m'éclaircit la gorge.

-Vous... Vous attendez quoi ?

gênés, ils ne me répondirent pas. Peut-être qu'ils attendaient des ordres ?

-Vous... vous pouvez disposer... ? j'annonçai de manière malaisante.

Déçus, les agents partirent s'occuper d'autres voyageurs. J'étais enfin seul, avec Chirutll.

-Où sont les autres ? je demandai.

-A Delphes, ou en route vers la Tour de Megira, il rappela. Nous sommes à Ampéria, Thauroji.

Nom de Zeus, c'était vrai ! Je me relevai et observai les environs. Tout était si... blanc, et si bleu ! Les piliers, les murs, les plafonds, le sol, tout était recouvert d'une matière ivoire éclatante. L'architecture était spécialement pensée pour être le plus élégant et harmonieux mélange entre courbes et angles, et pour bigarrer tout ça, des sortes de néons cyans striaient les structures. Quant aux textes, tous étaient affichés sur des hologrammes, bleus eux aussi. Si les murs chryséléphantins de Delphes représentaient parfaitement la divinité, dans cette nouvelle ambiance je me sentais plongé dans la science. Je n'aurais été nullement étonné si, en cas d'alerte, des tourelles sortaient comme par magie de ces plafonds dénués de toute imperfection.

-Qu'est-ce qu'il s'est passé, à Delphes ? interrogea mon ami d'une autre planète. Je croyais qu'on t'avait perdu !

-C'était trop d'efforts pour moi, cette course... J'aurais dû penser plus tôt à déployer mes ailes. Et puis... Je sais pas, j'ai eu un sursaut.

-Un sursaut ?

-Ouais, un mouvement de détermination quoi... Puis je me suis téléporté. Si on a pu partir aussi vite, c'est grâce à moi.

-Nom de... Tu t'es dématérialisé jusqu'au télépad ? Tu devrais être mort de fatigue !

-Je t'assures, mec, je me sens bien. Je ne sais pas comment j'ai réussi à faire ça...

-Tu as probablement eu une montée de puissance électrique. Mais ce n'est pas avec de la détermination qu'un fulguromancien peut atteindre un tel stade... N'était-ce pas de la rage, à la place ?

-Peut-être... Je ne sais pas.

On est restés là, immobiles, pendant plusieurs secondes. Des gens commençaient à se rassembler autour de nous, et me lorgnaient en murmurant à leurs pairs.

-On se sent serrés, ici... on prend le prochain téléporteur vers Centralis ?

-Nous y sommes déjà, Thauroji ! Centralis n'est pas qu'un bâtiment, c'est une ville. Nous avons environs cinq minutes de marche avant d'atteindre la Base de Données. Et sept ou huit en comptant le détour qu'on va faire.

-Quel détour ? je demandai en me levant.

-J'ai promis à Dverg de lui faire un nouveau bouclier, rappela Chirutll, et pour ça j'ai besoin de Mithrill. Heureusement, il y a un magasin de matériaux dirigé par un nain, tout près de notre destination. Seulement...

Le brouhaha alentour s'épaississait chaque seconde, tout comme l'oppression de ces vingtaines d'yeux fixés dans notre direction. Les rumeurs faisaient place à un flux chaotique de paroles, et ce lieu me paraissait de moins en moins accueillant.

-Viens, Chirutll. on ne s'entend plus, ici.

Nous nous dirigeâmes vers la sortie. Malheureusement, tous les promeneurs suivirent... Si seulement j'avais toujours les améthystes de Tarek ! J'aurais pu manipuler les photons pour me transformer en n'importe qui et passer inaperçu...

Aller à l'extérieur était une mauvaise idée. Si on y respirait mieux, l'ambiance était encore pire. A ma vue, ce qui ressemblaient vaguement à des journalistes sortirent de leur catatonie et se mirent à braquer des appareils en ma direction. Tous hurlaient des questions, mais dans le chaos sonore, je ne pouvais en comprendre aucune.
Encore une ville aérienne... Mais celle-ci dégageait une certaine aura oppressante que je ne sus décrire. Ce n'était pas tant les immeubles flottants, quoi que je les aies trouvés plus intimidants que ceux d'Ataraxia, c'était plutôt cette étrange ambiance bleutée qui envahissait la ville comme une brume...

Des sirènes surpassèrent les tapages alors que deux véhicules flottants se dressèrent au-dessus de la foule.

-CIRCULEZ ! entendit-on à travers des hauts-parleurs d'excellente qualité.

La masse hésitante finit par se disperser. Un agent descendit d'un des véhicules pour venir m'accoster.

-C'est un honneur de vous rencontrer, M. Voltar. Je suis l'officier désigné pour votre sécurité durant votre visite sur Ampéria.

-Euh... Vous savez, je ne suis pas l'Empereur que votre peuple a apparemment tant admiré...

-Mais vous êtes sa réincarnation ! Nous attendions votre venue avec impatience. Peut-être n'avez-vous pas les qualités de l'Empereur fantôme, mais le peuple vous considère comme tel. Or, certains groupes seraient prêts à tuer père et mère pour vous voir disparaître. C'est contre ce genre d'éventualité que je suis là. Vous pouvez me faire confiance, je suis un Maître Thêta très compétent.

Peut-être n'aurais-je pas dû revêtir les habits du premier Thauroji...

-Je vous suivrai partout où vous irez, jusqu'à votre départ d'Ampéria. Où souhaiteriez-vous aller ?

-D'abord au magasin "Smeder&co", se lança Chirutll. Nous avons quelques matériaux à aller chercher...

-Tout pour l'Empereur Fantôme et sa noble quête ! Ampéria voudrait vous assister pour défaire Chara, cependant nous ne pouvons rien faire tant que ça se passe sur le sol Ataraxien. Nous ne pouvons rien non plus contre les YPSO... Nous ne pouvons agir que si le gouvernement Ataraxien demande des renforcements, et pour des raisons inconnues ces demandes n'ont pas encore été faites.

-C'est pas faute d'avoir proposé...

On s'est mis en route vers le magasin. Nom de Zeus, que c'était bien d'avoir un policier à nos côtés... Tous les passants, intimidés par sa présence, n'osaient approcher. Ils se contentaient de m'observer de loin et probablement de répandre des rumeurs...

Comme pour changer, la fameuse boutique dont Chirutll parlait se trouvait en lévitation dans les airs. L'officier nous dirigea vers l'ascenseur gravitationnel et nous entamâmes l'élévation. Comme à Ataraxia, plusieurs sapins de Noël étaient visibles dans les habitations, à travers de larges baies vitrées.

L'ascension se finit bien vite, et nous entrâmes dans l'échoppe. L'intérieur me faisait penser à un Bunker sous-terrain... Le bâtiment consistait en une seule et unique pièce. Pas d'étalages, pas de vitrines, juste un comptoir sur lequel était accoudé un nain poilu.

-Par ma barbe ! s'écria-t-il en nous voyant. M... Monsieur Voltar ? C'est un honneur de vous rencontrer !

-Gardez votre salive, intima l'officier. Il n'est pas là en tant qu'Empereur, mais en tant que simple civil.

-Bien sûr, bien sûr... Que me vaut l'hommage de votre venue ?

-Nous avons besoin de Mithrill, annonça Chirutll. Suffisamment pour créer un morpho-bouclier.

-Oh, vous avez besoin de Mithrill ? Je vous l'offre ! Cadeau de la maison !

-NOM DE ZEUS, MAIS QU'ON ARRÊTE DE ME TRAITER COMME UN PRIVILÉGIÉ ! je m'énervai. Je ne suis personne ! Et je parie que le Mithrill vaut son pesant de pièces...

-Oh, si peu ! affirma le nain.

-Certains seraient prêts à faire n'importe quoi pour s'en procurer un kilo, nuança Chirutll. Vous ne devriez pas mentir, nous donner autant de ressources gratuitement pourrait vous mener à la rue.

-D'accord, d'accord... Je vous offre une réduction de cinquante pourcents.

-Le prix complet ou rien, j'assénai. Au risque de me répéter, je ne suis personne. Ce serait malhonnête de profiter de votre cordialité.

-De plus, c'est le Gouvernement qui paie ! ordonna l'officier. Ordre de Sa Majesté.

-AH NON ! je m'énervai en posant une pièce divine sur la table. Je ne suis pas un invité de marque et je ne souhaite pas être traité comme tel. Cela suffira-t-il ?

Silence complet. L'officier comme le marchand s'étaient figés sur place, impressionnés par la brillance de la piécette blanche comme neige. Sortant de sa stupéfaction, le marchand sortit de dessous le comptoir des lunettes spéciales qu'il posa sur son nez. Il prit la pièce de ses doigts bouffis et tremblotants, la portant au centre de son champ de vision.

-Par ma barbe...

-Cela suffira-t-il ? je répétai.

-Si cela suffit ? Hmmm...

Il agita ses mains devant lui, comme mimant l'action d'appuyer sur des boutons. Il me fallut quelques secondes avant de remarquer qu'à la surface des lunettes sur son nez se trouvait une interface qui interagissait directement avec ses mouvements.

-C'est... C'est largement suffisant...

-Excellent ! fit Chirutll en lui tendant un petit bout de papier. Nous aurons aussi besoin de quelques runes dont voici la liste... Et je nécessiterai aussi votre aide pour créer des emplacements runiques sur le morpho-bouclier en question.

-Je le ferai volontiers ! Mais c'est encore insuffisant... Avez-vous besoin d'encore quoi que ce soit ?!?

-Pas que je sache, déclara Chirutll. Que pouvez-vous nous vendre pour ce prix ?

-Une écaille de Dragon, asséna le marchand. Et dix grammes d'Orichalque.

-QUOI ?? s'écria l'Alterrien. Je ne savais pas que les pièces divines étaient aussi coûteuses !

-Je ne saurais comment vous remercier... Ce n'est pas souvent qu'on achète autant de ressources précieuses, dans ce magasin !

-Vous pouvez nous remercier en allant chercher les matériaux, je lâchai.

-Ah ! Oui, bien sûr. Tout de suite !

Et il reprit ensuite son mime. C'est dingue, j'avais presque l'impression de voir l'interface avec lui... Je le voyais déplacer des programmes, fermer certains, ouvrir d'autres, le tout avec une rapidité efficace. Lorsqu'il eut enfin fini, des rayons bleutés sortirent de systèmes au plafond que je n'avais pas vus, et des hologrammes apparurent sur le comptoir... Il ne faisait aucun doute que cela représentait plusieurs morceaux de métal raffinés ; En plein milieu des échantillons se trouvaient ce qui ressemblait à une écaille et un lingot métallique. Le nain appuya sur un ultime bouton virtuel, et ces hologrammes se remplirent de matière. Si j'avais déjà vu Chirutll opérer ce miracle, je n'avais encore jamais vu de machine le faire.
Lorsque la matérialisation fut terminée, nous avions plusieurs kilos d'un métal noir, une écaille rouge de dragon de la taille de ma paume, et un lingot couleur platine. Immédiatement, Chirutll commença la procédure d'absorption du Mithrill, pendant que je pris l'écaille en main.

-Une merveille, n'est-ce pas ? exprima le marchand.

-C'est vrai ! Et léger, avec ça...

-Si leurs écailles avaient été aussi lourdes que le plomb, aucun dragon ne serait capable de s'envoler.

-Pas faux... Donc, on l'utilise comme un matériau, ici ? A quel point est-ce résistant ?

-Vous ne pouvez imaginer. Les armures en écailles de Dragon sont réputées pour être impénétrables. Vous tenez là l'objet le plus cher de tout mon stock.

-C'est si résistant que ça ?

-Bien sûr. Non seulement peut de choses sont capable de les briser, mais en plus elles ont la capacité innée de bloquer tous types de magie. Bien sûr, ici, à Ampéria, où l'anti-magie est couramment utilisée, nous n'en avons pas tant besoin que ça. Mais ces écailles font fureur à Arcania, et même à Ataraxia ―où elles sont considérées comme symbole de divinité―.

Impressionné, je reposai l'écaille. Tous les morceaux de Mithrill avaient achevé leur dématérialisation, et derrière moi, Chirutll avait déjà fini la forme générale de sa prochaine création. Je pris ensuite le lingot d'Orichalque ―un morceau de métal bien plus volumineux que mon poing―, et m'étonnai de sa légèreté...

-Surprenant, hein ? ria le marchand. Dans tout ce lingot, il n'y a que dix grammes d'Orichalque.

-Dix grammes ?!? Et... Quel usage en fait-on ?

-Ce métal est très peu utilisé, à cause de sa rareté. A ce qu'il paraît, c'était le métal dans lequel étaient forgées les armes de l'Atlantide ! Aussi résistant que le Mithrill, mais léger comme une plume... Cela fait des épées extrêmement maniables.

-Vous dites ça comme si le Mithrill était lourd...

-Bien sûr qu'il l'est ! le marchand répliqua. Pourquoi croyez-vous qu'on en fasse des marteaux et des boucliers avec ?

-Ah bon ? Je croyais... Enfin, j'avais entendu dire que le Mithrill aussi était très léger.

-Le Mithrill est très utilisé par les nains, compléta Chirutll tout en modélisant des mécanismes. Ils en font beaucoup d'armures, pour augmenter leur poids en combat. De nouveau, pour les boucliers, le Mithrill est plus pratique car il permet de rajouter de l'inertie lors des parades... Et les marteaux en Mithrill sont les meilleurs outils de forge, car à la fois lourds et résistants.

-Parfaitement, cher Alterrien ! sourit le nain. Si je peux me permettre, je n'ai jamais vu de technomage aussi habile que vous.

-Merci ! Avoir quatre bras est un avantage. J'ai bientôt terminé ! Préparez-vous à générer les emplacements de rune...

Dès qu'il eut fini sa phrase, la procédure de matérialisation débuta. Sous mes yeux émerveillés, le Mithrill remplit lentement l'espace délimité par les hologrammes pour former peu à peu un bouclier de guerre complexe... En réfléchissant par rapport à ce que j'avais déjà vu du plan, je devinai certains systèmes ; des spots lumineux à l'avant pour l'éclairage et aveugler l'adversaire, une pique extensible en bas pour pouvoir planter l'objet dans le sol, des parois cachées qui peuvent surgir des côtés pour augmenter la surface de protection, des piques rétractables pour endommager l'ennemi en lui fonçant dessus, des bords dotés de lames rétractiles pour transformer cet instrument de défense en arme offensive, ... Le tout devait se tenir non pas par deux sangles comme un bouclier classique, mais par une pièce d'armure entière protégeant l'avant-bras et la main pour offrir une stabilité totale.

Le marchand ne prit pas une seconde de plus lorsque le morpho-bouclier fut terminé. Il posa l'objet sur le comptoir et posa sa paume légèrement au-dessus du gantelet ; une brume lumineuse enveloppa la main du nain. Lorsqu'il retira ses doigts du métal, celui-ci était imprimé d'une petite marque noire que j'aurais étrangement qualifiée de "vierge"...
Le nain opéra sa magie deux autres fois, créant ainsi les trois sommets d'un triangle équilatéral autour du centre.

-Voilà. Je ne peux plus rien vous vendre pour ce prix. Avez-vous besoin de quoi que ce soit d'autre ?

-Vous avez oublié les Runes, insista Chirutll.

-Les... AH ! Oui, bien sûr.

Il chipota de nouveau dans son interface virtuelle. Quelques instants plus tard, un petit sachet se matérialisait sur le comptoir.

-Je crois ne plus rien avoir oublié...

-Je ne crois pas, non, rassura Chirutll. Et nous n'avons plus besoin de rien. Merci du service.

-Tout pour la réincarnation de l'Empereur Fantôme !

Malaisé, je me dirigeai à la hâte vers la sortie tandis que Chirutll dématérialisait à nouveau le bouclier. Je fus suivi de près par l'officier, qui avait été si silencieux durant cette entrevue que je l'avais oublié...
Lui et moi nous postions à l'entrée du magasin, en attente de mon ami. Il prit son temps, mais finit enfin par sortir.

-BON ! Les promesses de Dverg ont été respectées, maintenant on peut aller à la base de données.

-Elle se trouve où ? je demandai.

-C'est le plus grand bâtiment de la ville, déclara l'officier en pointant quelque chose en contrebas. On peut la voir d'ici.

...
Comment avais-je fait pour ne pas remarquer ce truc plus tôt ?
La Base de données de Centralis était véritablement titanesque, dépassant presque de haut tous les immeubles flottants. Et en largeur, la vache ! J'aurais eu l'impression de me retrouver devant le tronc d'Yggdrasil, si seulement ce bâtiment avait été vêtu non de métal, mais d'écorce...
Cette impression s'amplifia au fur et à mesure que nous nous en approchions. ça ? une base de données ? ça ressemblait à un phare, digne d'un Titan...

Pour une fois, j'étais trop émerveillé pour me préoccupé de la foule environnante qui me dévisageait comme si j'étais le Messie... Entrer dans cette structure gargantuesque me faisait sentir minuscule.
A l'intérieur, nous entrâmes d'abord dans une salle de réception. Divers employés, robots et Exanthropes étaient assis à des comptoirs, accueillant des files de visiteurs... Toute cette machinerie à l'apparence bien huilée avait été subitement arrêtée par ma simple présence. Visiteurs comme employés s'étaient arrêtés en plein mouvement, leurs yeux tournés en ma direction...

-CIRCULEZ ! intima l'officier.
Un ordre auquel à peu près personne n'a répondu...

Un homme en costume sortit de la foule et vint à notre rencontre.

-THAUROJI VOLTAR ! Quel plaisir de vous recevoir ici ! Nous avons suivi chacune de vos actions, chacune de vos aventures. Et vous semblez aussi avoir percé le secret de votre prédécesseur !

-Trèves de bavardages, insista Chirutll. Nous ne sommes pas ici pour parler de l'Empereur Fantôme, nous sommes ici pour consulter la base de données.

-Bien sûr, bien sûr ! Que recherchez-vous exactement ? Pour vous aider dans votre quête, sachez que tous les combats menés contre Chara sont enregistrés dans nos archives. Aucune omission : toute la vérité, et rien que la vérité. La plupart de ces connaissances sont disponibles à chacun, n'ayez aucune crainte.

-Oui, nous avons besoin de ceci, entre autres. Nous aimerions aussi nous renseigner sur le Monde de Revaltia en général.

-Si vous ne parlez pas de la fondation SCP, tout ce que vous demandez reste toujours des connaissances de niveau trois, disponibles sur Infolux.

-Ce n'est pas tout. Pour des raisons de développement personnel, j'ai besoin d'un accès à tous les plans des technologies créées entre -2000 AD et aujourd'hui. Je sais qu'il s'agit là de connaissances de niveau quatre-Thêta.

-Ah, je m'excuse, mais vous n'avez encore que des accès de niveau trois. Monsieur Voltar ici présent n'a pas encore le moyen d'augmenter son niveau d'accès, et nous ne connaissons pas encore votre identité.

-Chirutll Vere'cua, instance de SCP-932-Rv-Beta-A en provenance d'Anthropia. Représentant de la race des Espanys de la planète Tercox. Scientifique et ingénieur quantique ayant participé à la mission CESPA 105.

-Hmmm... moui, moui, moui... Très bien, vous ne mentez pas. Cela nous suffit à générer votre fiche d'identité. Puisque vous provenez de SCP-932, cela prendra plus de temps que prévu.

-Avons-nous accès au niveau quatre-Thêta à présent ?

-Je ne saurais dire. Nos IAs analysent votre profil, nous le saurons très bientôt. Vous pouvez déjà vous diriger vers les ascenseurs, l'analyse sera prête le temps que vous vous y rendiez.

-Merci, monsieur, fit Chirutll. Officier, pouvez-vous mener la marche ?

Sans dire mot, le policier nous dirigea vers l'aile gauche du bâtiment. Il semblait fort attentif à chaque mouvement de la foule aux alentours... Je rattrapai Chirutll ―ce qui fut vite fait au vu de sa lenteur― et le prit par les épaules.

-Mec... Tu es un SCP ?

-Toi aussi, tu l'es, annonça-t-il sans broncher. Sous le même matricule que le mien. SCP-932-Beta-A ne désigne que les ressortissants de l'Epreuve, après tout.

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