Chapitre 3

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Je fus réveillé par Alex qui me dit, goguenard :

  • Tu fais la sieste comme les vieux ? Ça ne va pas. Cette journée était trop émotive, c’est ça ?

Je me redressai en grognant, et répondis :

  • Je n’avais rien d’autre à faire, alors je me suis dit : pourquoi pas ? Et je me suis endormi. Quelle heure est-il ?
  • Bientôt 17h.
  • Vous avez réussi ce que vous espériez ?
  • Oui. J’ai été à notre deuxième ville, et j’ai dit que nous étions partis dans la direction opposée, et que nous n’étions pas entrés dans la forêt. J’ai donné comme identité l’un de ceux qui nous ont trahi après l’attaque de Claude. Lionel a pris l’autre.
  • Et pour lui, il a fait comment ?
  • Il a assuré que nous avions pris une voiture et que nous nous étions éloignés vers le nord.
  • Il a pu voir Adam ?
  • C’est lui qui l’a interrogé. Adam lui a fait parvenir un papier qui dit qu’il arrivera vers 19h. Il a aussi réussi à obtenir la charge d’inspecteur pour cette enquête.
  • Je n’aurais pas préféré. Il va devoir trouver un coupable à notre place, et on condamnera un innocent.
  • Oh monsieur culpabilise... J’ai du mal à croire que tu as imaginé tout ça et au fond avoir une âme de chochotte.
  • Je n’ai pas une âme de chochotte ! Seulement, vous, vous vous excitez pour un rien, vous tuez des gens sans la moindre précaution ! Il faut bien qu’il y ait quelqu’un pour se soucier des conséquences !

Je respirai un grand coup, puis disparus brusquement. J’avais appris que mon pouvoir fonctionnait aussi dans la base. Je me retrouvai au dehors, à respirer l’air frais et salé de la mer. J’allai jusqu’à la côte, et m’assis tranquillement.

Je restai là un long moment, à réfléchir, avant de retourner à la base. Adam nous y attendait, et Clara s’était déjà connecté sur une des chaînes de télévision en attendant les informations du soir. Nous prîmes un dîner rapide, après quoi Adam regarda sa montre et dit :

  • Nous avons encore une demi-heure avant les informations. J’ai le temps de vous faire mon compte-rendu.

Il marqua une courte pause, pour ménager le suspens, puis éclata d’un grand éclat de rire :

  • Vous êtes vraiment très fort ! Vous avez embrouillé toute la police. Cet après-midi, nous avons réuni tous les témoins des braquages. Lionel et Alex sont arrivés au bon moment. J’avoue que lorsque je t’ai vu, Lionel, je me suis dit : ça y est, il s’est senti coupable, il va se dénoncer.
  • Mais non ! dit Lionel. Je ne ferais jamais ça !
  • Entre vos témoignages, et ceux des témoins, la police n’a rien compris. Les témoins se sont accordés pour dire que ce sont les mêmes personnes qui ont fait les quatre braquages. Au début, la police croyait que c’était les membres d’un même groupe, mais avec les témoignages, c’était impossible.
  • Et au final, c’est quoi la piste qu’ils privilégient ?
  • Ils pataugent. Ils ne comprennent rien. Je crois qu’ils sont face à un paradoxe : les attaques étaient coordonnées, mais ce sont les mêmes personnes qu’ils les ont faites, alors que les lieux d’attaques sont éloignés d’une vingtaine de kilomètres.
  • C’est ce qu’on espérait, dis-je.
  • J’avoue que c’était génial ! dit Adam. Je peux voir la recette de votre attaque ?

Tandis que je lui montrai l’intérieur de la quatrième salle, Clara avertit :

  • Ça va bientôt commencer !
  • On arrive ! brailla Adam en se désintéressant bien vite de tout l’argent gagné.

Nous approchâmes de l’ordinateur, qui projetait une image de mauvaise qualité. Une voix grésillante annonça :

  • Bonjour à tous. Aujourd’hui, les principaux titres...

Clara fit quelques réglages, et le son fut coupé, avant de revenir en meilleure qualité :

  • Notre premier reportage, qui parle de quatre braquages successifs en Angleterre, se passe...

Il y eut une nouvelle coupure, et le son revint pour le début du reportage. Un homme dit :

  • Aujourd’hui, dans le centre de notre pays, deux banques et deux supermarchés ont été attaqués. Le premier s’est passé à 13h, la deuxième à 13h10, et les deux autres simultanément à 13h20.
  • Ils sont précis, ironisa Alex.
  • Les quelques témoins qui ont assisté aux scènes se sont rassemblés pour comparer leurs éléments. D’après un rapport de la police, ce sont trois mêmes personnes qui ont fait les deux premières attaques, et une quatrième personne est arrivé pour le quatrième braquage avec une des trois premières, tandis que les deux autres attaquaient une ville plus au nord. Selon la police, c’était un plan parfaitement ficelé.
  • Merci, dis-je. Mais restons modestes.
  • Attendez, c’est là le meilleur, dit Adam.
  • Nous avons interrogé l’inspecteur Adam Olivier, le policier chargé de cette enquête, reprit le journaliste.

Nous nous retournâmes tous pour regarder Adam, qui un grand sourire aux lèvres, ne semblait pas le moins du monde gêné.

  • Leur plan était calculé au millimètre près. Je dois admettre que ce sont des bandits redoutables. Mais nous finirons par les attraper, aussi forts soit-ils, dit l’Adam de la télévision.
  • Ont-ils laissé quelques indices ? demanda le journaliste.
  • Non, admit Adam. Mais les témoignages des personnes présentes sur les lieux des attaques sont très précieux, malgré quelques petites divergences.
  • En combien de temps pensez-vous attraper les bandits ?
  • Pour l’instant, nous sommes en train de retracer leur parcours, mais dès que nous en serons plus, nous les attraperons, soyez-en sûrs.
  • A présent, reprit le présentateur, nous allons vous préciser les faits exacts.
  • A 13h, un homme entre dans un supermarché, s’empare d’une caisse, et s’enfuit. Une minute plus tard, un autre homme fait la même chose, puis un troisième. Le but des bandits étaient de faire croire à la police que c’étaient trois braquages différents. Mais leur plan est déjoué, car lors de la seconde attaque, les témoins ont reconnu que c’étaient les mêmes voix. Leur seconde attaque se passe dix kilomètres plus loin. La police pense qu’ils ont voulu faire le même plan. Mais un policier qui se trouvait par hasard là arrête le premier bandit. Un complice arrive et abat le policier.

L’ordinateur coupa à ce moment. J’arrêtai Clara d’un geste :

  • Pas besoin de rallumer, on sait ce qui s’est passé. Adam... Pourquoi as-tu fait ça ?

Adam fronça les sourcils, comme s’il ne comprenait pas pourquoi je le grondais. Il se reprit et répondit :

  • J’avais besoin de prouver que j’étais un bon policier, pas un traître. Pour ça, j’ai montré au pays entier que j’étais déterminé à vous arrêter.
  • Pas mal, comme technique, dit Alex. Il faudra que je me fasse interroger par la police plus souvent.
  • N’y pense même pas ! le prévint Lionel.
  • De toute façon, qu’est-ce que je pourrais faire d’autre ? reprit Adam. Je n’ai rien dit qui puisse compromettre votre plan ?
  • Justement, c’est ça qui m’inquiète, dis-je. Bon, ça ne fait rien. Adam, tu retournes au commissariat, et tu continues ton enquête. Tu reviens si possible nous revoir chaque jour, pour nous dire l’avancée de "l’enquête". Tu nous dis aussi s’il y a des témoins qui en ont trop vu, ou qui paraissent dangereux.
  • Ok, comme tu veux.
  • Nous, on va réfléchir sur ce que tu pourrais dire pour satisfaire le gouvernement.
  • Nous ? Tu vas le faire, oui ! s’exclama Alex.
  • On refera un point la semaine prochaine, d’accord ? conclus-je.
  • On peut dire que notre carrière de bandits commence bien ! exulta Thibault.

Je ne participai pas à la joie que tout les autres membres du groupe partageaient. Je restai méfiant, et pensai :

  • Elle commence trop bien, notre carrière, trop bien... Trop bien pour que ce soit vrai.

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