Chapitre 12

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Arriva enfin le samedi, jour prévu de notre attaque. Je passai un quart d’heure à voir si tout le monde avait bien compris son rôle, puis nous sortîmes de la base. Je me présentai à 8h21 avec Alex à la gare de Birmingham. Nous montâmes dans le train sans billet.

Nous nous installâmes sur un skate et attendîmes. Un contrôleur arriva et demanda :

  • Vos billets, s’il vous plaît.
  • Des billets ? Il en faut pour prendre le train ? demandai-je.

Le contrôleur nous regarda, éberlué. Je me tournai vers Alex :

  • Tu savais qu’il fallait des billets, toi ?
  • Je ne savais même pas que cela existait, répondit Alex.
  • Vous me faites une blague, là ? demanda le contrôleur.
  • Pourquoi est-ce que nous nous donnerions la peine d’en faire une ? demandai-je en réponse.
  • Messieurs, dans ce cas, je suis obligé de vous demander de payer le prix du billet, ou vous serez expulsé au prochain arrêt, avec une amende à payer.
  • Puis-je vous faire une blague ?
  • Dites toujours, même si ça ne changera rien.

Je me levai et donnai un coup de poing dans la tête du contrôleur. Celui-ci s’effondra, sur un homme qui nous regardait, les sourcils froncés.

De concert, avec Alex, nous mîmes des cagoules, nous nous levâmes, sortîmes nos revolvers, et dîmes :

  • Ceci est un braquage, ne bougez plus.

Il eut un moment en suspens, puis la majorité des personnes présentes éclatèrent de rire. Je tirai un coup de feu en l’air en criai :

  • Je crois qu’il n’y a pas matière à rire. Mesdames messieurs, mon collègue va passer avec un sac. Merci de déposer tous vos objets de valeur dedans. Si vous refusez de coopérer, je serai dans l’obligation de vous tirer une balle dans la tête sans le moindre état d’âme. Merci de votre compréhension.

L’homme sur lequel le contrôleur était tombé se leva. Il était habillé très chiquement, ce devait sans doute être un homme d’affaire. Il dit, très digne :

  • Messieurs, je ne supporterai pas plus longtemps votre compagnie, je vais de ce pas reporter ce fait tout à fait inadmissible à la police de ce train.

Sans répondre, je lui mis mon revolver sur le front, et l’homme se rassit en maugréant :

  • Vous ne perdez rien pour attendre.

Je glissai à Alex :

  • Dépêche, on n’a plus que seize minutes.

Dans le silence le plus complet, Alex passa dans le wagon. Tous, sans exception, donnaient soit le contenu de leur portefeuille - parfois même le portefeuille en entier, pour les plus peureux - soit des bijoux.

Je dus menacer quelques personnes récalcitrantes. L’homme d’affaire en face de nous en fit partie. Je faillis lui coller une balle dans la tête, mais les conséquences de cet acte étaient trop dangereuses.

Lorsque le train arriva en gare, nous sortîmes du train, comme si de rien n’était. En chemin, nous rencontrâmes Lionel et Thibault, qui nous adressèrent un clin d’œil. Déjà, des cris se faisaient entendre.

Pour ne pas attirer l’attention, nous avions retiré nos cagoules juste avant de sortir du train, et nous ne courions pas. C’est seulement une fois sortis de la gare que nous nous mîmes à courir en riant.

Arrivés dans la forêt bordant la ville, je redonnai mes consignes à Alex, pour être sûr :

  • Donc toi, tu vas au prochain arrêt, où tu seras avec Lionel, d’accord ? Moi, je vais au dernier arrêt.
  • Arrête de te faire du souci, répondit Alex. Je pense que c’est ça ton problème. Tu réfléchis trop.

Sur ces mots, il me laissai et entra dans l’entre-monde. Je réfléchis un instant à ces paroles, puis me rendis compte que je faisais exactement ce qu’il disait, et allai moi aussi dans l’entre-monde.

J’eus juste le temps d’apercevoir Alex avant qu’il en sorte. Je marchai lentement, jusqu’à repérer ma sortie. Dans la forêt, je regardai ma montre. Lionel et Thibault devraient bientôt avoir terminé. Je sortis de la forêt pour aller dans la ville.

Arrivé à la gare, je m’assis sur le banc en attendant que le train arrive. Au bout de dix minutes, je fus rejoint par Thibault, qui s’assit à côté de moi. Je lui demandai :

  • Tout s’est bien passé ?
  • Le contrôleur a commencé directement par nous, et donc on avait fini trop tôt. On a réussi à retenir les témoins jusqu’à la sortie du train.
  • Très bien. Alex était là ?
  • Oui oui, il nous attendait. Lionel a bien fait demi-tour un peu plus loin pour ne pas éveiller les soupçons, dit Thibault.
  • Vous n’avez pas choisi le même wagon, j’espère ?
  • On a choisi le numéro 3.
  • Parfait, on avait choisi le n°6, fis-je, soulagé.
  • Il nous reste combien de temps avant le prochain arrêt ?
  • A peine cinq minutes.

Nous attendîmes en silence jusqu’à ce que le train arrive dans la gare. Lionel et Alex sortirent en premier. Alex nous adressa un clin d’œil tandis que Lionel murmurait :

  • On a choisi le wagon n°4.

Je lui adressai un signe de tête pour lui signifier que j’avais compris. Nous attendîmes que tout le monde soit descendu, avant de monter dans le wagon numéro cinq.

Bien sûr, il y avait des cris et des pleurs, des appels à la police pour signaler le vol de plusieurs personnes. Mais la police ne pourrait rien faire. C’était trop tard, et de toute façon, ils ne réussiraient pas à nous attaquer.

Nous nous installâmes sur deux places. C’est alors que mon mauvais pressentiment revint, plus fort que jamais. Je m’admonestai :

  • Il n’y a rien à craindre, tout va bien !

Mais malgré ça, je continuai de me sentir mal à l’aise. Lorsque le contrôleur s’arrêta près de nous, Thibault n’attendit même pas qu’il nous demanda nos billets. Il le frappa au ventre, puis au visage. J’enfilai maladroitement ma cagoule et dis :

  • Ceci est un braquage, ne bougez plus. Mesdames messieurs, mon collègue va passer avec un sac. Merci de déposer tous vos objets de valeur dedans. Si vous refusez de coopérer, je serai dans l’obligation de vous tirer une balle dans la tête sans le moindre état d’âme. Merci de votre compréhension.

Tous les yeux se tournèrent vers moi. Thibault ajouta, sans doute pour confirmer, ou parce qu’il avait ajouté ça dans son propre discours :

  • Et dans le calme et sans aucun cri, s’il vous plaît.

Il passa devant chaque personne, tendant son sac, tandis que je menaçai à tout de rôle chaque passager. Puis lorsqu’il eut fini, nous nous rapprochâmes des portes, pour sortir le plus vite possible. Thibault me donna le sac pour que je regarde le butin.

Je jetai un coup d’œil dedans, et vis l’équivalent de mille livres, sans compter ce qui se trouvait probablement dans les portefeuilles. Le train entra en gare, puis s’arrêta. Nous fonçâmes vers les portes qui s’ouvraient. Je pensai :

  • C’est bon, il n’y a plus rien n’à craindre, je n’avais aucune raison d’avoir un mauvais pressentiment...

Les portes s’ouvrirent sur un bandeau de policiers, leurs armes braqués vers nous. Ils étaient bien ordonnés, comme s’ils nous attendaient depuis longtemps. L’un d’eux, sûrement le commissaire, cria :

  • Ne bougez plus ! Veuillez vous rendre sans opposition, s’il vous plaît. Si vous résistez, nous serons dans l’obligation...
  • Ils ont copié mon discours ! pensai-je.

Thibault devint alors fou. Il avait compris qu’il n’y avait plus aucune échappatoire, toutes les sorties étaient encerclées par les policiers, et ce devait sûrement être pareil pour la gare. Dans un cri de rage, il sauta sur les policiers.

Ceux-ci n’eurent aucune pitié à lui tirer trois fois dessus, une balle dans la tête, deux autres balles dans le ventre. Le corps inerte de Thibault s’étala devant les policiers, qui relevèrent leurs armes vers moi.

Mais je m’étais déjà enfui dans le wagon n°6. Mes yeux s’arrêtèrent alors sur l’homme d’affaire, qui me regardait, un sourire victorieux aux lèvres. Il dit :

  • Je vous ai vu entrer, et j’ai prévenu la police...

Il ne finit pas sa phrase, car il est difficile de parler avec une balle à travers la gorge. Je continuai de courir à travers le wagon. Arrivé à une porte, j’enfonçai celle qui donnait sur les rails. Je sautai et me réceptionnai sur le sol.

J’enlevai ma cagoule et courus vers l’autre quai. Je regardai auparavant s’il n’y avait pas de train qui arrivait dans l’autre sens. En prenant de l’élan, je réussis à m’accrocher au quai et à monter dessus.

J’entendis le cri d’un policier m’ayant repéré, mais je m’étais déjà fondu dans la foule. Juste avant de sortir de la gare, je croisai Lionel et Alex, qui regardait le train avec une expression inquiète. Je donnai le sac à Lionel et glissai :

  • Les policiers nous attendaient. Je vais les semer dans la ville puis je reviendrais à la base. Partez vite.

Je poursuivis mon chemin. A la sortie de la gare, il y avait des policiers qui surveillaient les allers et venues. Je cachai mon revolver sous mon manteau, et tâchai de prendre un air naturel. Alors que j’allai sortir, un policier m’attrapa le bras et dit :

  • Monsieur, vous êtes en état d’arrestation.

Je ne compris pas tout de suite comment il m’avait reconnu. Puis je vis qu’il y avait quelques gouttes de sang sur mon manteau gris pâle. D’un geste vif, je me dégageai de l’emprise du policier et lui donnai un coup de poing.

Ensuite, je pris mon revolver et tirai sur un policier qui s’approchait de moi. Puis je m’enfuis de la gare en courant. Je croyais que j’allai réussir à m’échapper lorsqu’une vive douleur me traversa la jambe. Une balle m’avait touché à cet endroit.

Je m’étalai par terre et ne bougeai plus. Je savais que c’était inutile. Deux policiers vinrent me relever brutalement, et le commissaire dit en me passant les menottes :

  • Monsieur...
  • Vous ne savez donc pas qui je suis ? répliquai-je.
  • Vous êtes un criminel et un voleur, et ça me suffit, dit le policier. De toute façon, nous ne tarderons pas à le savoir. Vous êtes en état d’arrestation pour meurtre de plusieurs personnes, et pour vol d’une somme estimée à un million sept cents mille, sans compter l’argent de cette série de vol.
  • Je ne savais pas que j'étais aussi riche, ironisai-je.
  • Tais-toi, ordure ! grogna l’un des policiers qui me tenait.
  • Vous avez le droit de garder le silence, poursuivit le commissaire, et tout ce que vous direz pourra été retenu contre vous devant le tribunal.

Je levai les yeux au ciel, et sous un signe du commissaire, les deux policiers me traînèrent dans une voiture de police. Je m’installai et pris une position confortable, pour tâcher de paraître détendu.

En fait, je regrettai de ne pas avoir écouté Alex ainsi que mon mauvais pressentiment...

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