Enneigé
« Sergey, viens voir ! »
Entendant son père l’appeler, le garçon descendit l’escalier à toute vitesse pour s’arrêter juste devant lui.
« Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-il avec curiosité.
- Regarde, je l’ai enfin fini. »
Avec un sourire, l’homme sortit de sa poche un petit objet en bois semblable à un tube. Intrigué, l’enfant le considéra attentivement avant de se rappeler :
« C’est ce dont tu m’avais parlé ? Il est plutôt joli. Mais tu ne m’as toujours pas dit à quoi ça sert.
- Tu veux aller l’essayer ?
- Maintenant ? Oui ! Tu m’as promis que ce serait amusant.
- Très bien, s’amusa son père, couvre-toi bien, alors, il fait froid dehors. »
Tous deux revêtirent de chauds manteaux et des bottes fourrées, et le plus jeune prit une large écharpe bleue qu’il avait laissée sur la rampe. Ils quittèrent la maison et commencèrent à marcher dans le village. La neige était bien tombée pendant la nuit, le garçon s’amusait à faire de grands pas à côté de son père.
Ils s’éloignèrent des habitations pour entrer dans la forêt. Une ambiance calme régnait, le soleil achevait de se lever et déposait ses rayons roses et or sur les pentes enneigées, le ciel couvert se dégageait peu à peu, quelques stalactites étincelaient sur les branches des pins. Ils marchèrent en silence jusqu’à une clairière qu’ils connaissaient bien.
« C’est là que Pavel et moi allons chercher les renards des neiges ! reconnut Sergey. Est-ce qu’on va en trouver aujourd’hui ?
- Tu vas voir, répondit mystérieusement son père, allons nous installer par ici. »
Comme pour la chasse aux animaux à laquelle jouaient les enfants du village, quand ils essayaient d’en observer le plus possible, ils allèrent se dissimuler en bordure des arbres.
« À présent, regarde. » dit l’homme.
Il sortit à nouveau l’objet qu’il avait façonné, le porta à ses lèvres et souffla dedans. Un son aigu en sortit, qui surprit l’enfant.
« C’est bizarre, à quoi ça sert ? »
Mais d’un signe, son père l’invita à garder le silence et à observer. Intrigué, Sergey regarda attentivement la clairière. Au bout de quelques instants, les buissons de l’autre côté s’agitèrent et une forme claire en sortit.
« Un renard des neiges ! » s’émerveilla l’enfant à voix basse.
Son père sourit devant son enthousiasme et tous deux admirèrent un moment l’animal qui évoluait devant eux. Celui-ci s’avança avec prudence sur l’espace enneigé, l’air curieux et bougeant les oreilles dans toutes les directions. Il paraissait se demander d’où venait le bruit qu’il avait entendu et tournait en rond. Peu après, les buissons bougèrent à nouveau du côté où il était arrivé et un deuxième renard fit son apparition. Il rejoignit le premier et tous deux semblèrent se parler, leur museau l’un contre l’autre. Puis, un appel retentit dans le lointain et ils se redressèrent avant de détaler à toute vitesse. Les deux observateurs les regardèrent jusqu’à perdre leur course dans les fourrés. L’enfant se tourna vers son père et dit avec un grand sourire :
« C’était trop bien, merci Papa ! Comment ça s’appelle ?
- C’est un appeau. Il en existe pour tous les types d’animaux.
- Ça doit être pratique pour la chasse aux animaux, tu me le prêterais la prochaine fois qu’on va les observer ?
- Ce serait de la triche, tu aurais un avantage sur les autres. Il faut que tu les trouves toi-même dans ce cas. Et tu verras que c’est beaucoup plus satisfaisant de réussir tout seul.
- Tu en a déjà fait, toi ?
- Oui, quand j’avais ton âge. Avec ta Maman nous faisions équipe, et c’était souvent nous qui en comptions le plus !
- Tu es trop fort ! Tu m’apprendrais à fabriquer des appeaux ?
- Bien sûr, tant que tu me promets de les faire uniquement quand je suis à l’atelier.
- Oui, Papa, ne t’en fais pas. Je sais que les outils sont dangereux. D’ailleurs à quoi ça sert les appeaux si on ne peut pas s’en servir pour les concours ?
- Eh bien au départ c’est pour la chasse, pour appeler les animaux. Ton frère en utilise par exemple, c’est moi qui lui en fabrique.
- Trop bien ! Je pourrais l’accompagner alors ?
- Quand tu seras assez grand pour te servir d’un arc et de flèches.
- C’est dans longtemps. remarqua l’enfant avec une moue.
- Ne t’en fais pas, tu grandis vite, bientôt je t’apprendrai.
- Génial ! »
Un temps passa, puis il reprit :
« Dis, Papa ?
- Oui ?
- Est-ce que ça existe, les appeaux pour les chouettes à visage d’ange ?
- Tu veux en appeler une ? s’amusa l’adulte, surpris.
- Oui, elles sont trop belles. Et je n’en vois pas souvent…
- On pourra chercher, si tu veux.
- Super ! Il faut rentrer vite à la maison, alors, j’ai hâte d’en fabriquer un ! »
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