La libération de Thallo
Plus que trois jours avant l’équinoxe et je n’ai toujours pas pu libérer une Heure. Voilà, presque une révolution qu’Hadès a enlevé les trois filles de Thémis. Depuis leur enlèvement leur mère, furieuse, a rompu l’harmonie de la nature. Suite à quoi les végétaux ont commencer à pousser de façon erratique et un dédale de ronces à recouvert toute la planète. Si nos filles ne lui sont pas rendues d’ici la prochaine équinoxe, elle brisera un autre équilibre de la nature. Je ne voulait pas en y arriver là, mais je n’ai plus le choix.
— « Téoméros ! »
— « Père ? »
— « Il ne reste plus beaucoup de temps avant que le prochain sceau ne soit brisé. Si au moins tu pouvais libérer une de tes demi-sœurs. Nous gagnerions un peu de temps. »
— « Vous savez bien que je vous suis dévoué, père, et que je ferrai tout pour empêcher un destin funeste d’arriver. »
— « Je n’en doute pas, mais Héra ne doit surtout pas être au courant que je t’ai inspiré cette mission. »
— « Je sais père, je sais. Je suis votre atout secret. »
— « Bien, éveille toi mon fils et fait bon usage du présent que je t’octroie. »
Le chant du coq me tire de mon sommeil. Quel étrange rêve. Voilà, des siècles maintenant que l’ordre cosmique a été brisé. Autrefois les trois règnes que sont le minéral, le végétal et animal étaient distincts car leur vitalité s’exprimait dans des modalités différentes. Le plus grand héritage de cette tragédie est bien sur le labyrinthe végétal, qui a forcé les humains à vivre dans les déserts. Malheureusement, même dans les endroits les plus arides, Thémis, n’a pas préservé l’humanité. Des êtres de roche et de sable se sont mit à pourchasser les êtres de chair et de sang. Je sors de ma tente et rempaquète vite mes affaires.
— « Même pas le temps de déjeuner, s’indigne Kallóps »
— « Mieux vaut ne pas trainer dans le labyrinthe quand il fait jour. Les ronces s’animent au point du jour. »
— « La prochaine fois je m’abstiendrai de chanter pour manger quelques vers de terre.»
— « Ton chant est le seul vestige de l’harmonie naturelle, hermétique au pouvoir de Thémis. Dommage que ta langue d’oiseau ne soit pas resté muette ! »
— « Suis-moi, j’ai remarqué un phénomène étrange. Un peu plus loin. »
J’emboite le pas à Kallóps. Il attire mon attention sur un liane qui porte des petites feuilles blanches en couronne.
— « Qu’est-ce que c’est ? »
— « Je pense que c’est une fleur. Regarde il y en a plus par là. »
Nous suivons la piste de « fleurs », dont la densité se fait de plus en plus grande. Les ronces commencent à s’agiter doucement. Soudainement une liane détache de la paroi et s’élance sur moi.
— « Fuyons ! »
Sur nos pas se referme un piège mortel de lianes au picots acérés. Etrangement, leur vigueur semble s’affaiblir à mesure qu’il y a plus de « fleurs » qui les recouvrent. Les branches ainsi couvertes sont immobiles. Nous arrivons dans une cour circulaire au milieu de laquelle se trouve un dôme de fleurs.
— « Qui est là ? dit une voix douce et chevrotante. »
— « Téomir, et vous ? Que vous est-il arrivée. »
— « Je suis Thallo. Hadès, vous envoie pour me surveiller ? »
— « Ainsi, le mythe des déesses enlevées était vrai. Pourquoi ne quitter vous pas cet endroit sinistre ? »
— «Au-delà de cette coupole, il n’y a pas de place pour moi. Les fleurs ont disparues de la surface de la terre.»
— « Cette coupole n’est pas là pour protéger votre pouvoir. C’est votre propre cycle… votre floraison inversée! »
— « Hadès, m’a mise en garde que mes pouvoirs disparaitraient si je me libérais du dôme et tu me confirme qu’il est le fruit de mon propre pouvoir»
— « Vos pouvoirs ne peuvent disparaitre ! Bien que vos sœurs ne soient pas là pour vous guider, vous rester la déesse du renouveau ! »
La coupole se met à trembler.
— « Vous avez raison et venez de me rappeler qui je suis ! »
Une nitescence verte émane de la poitrine de Thallo. Très vite la lumière se fait plus éclatante et se propage au reste du corps de la déesse. Le dôme se désagrège en une pluie de fleurs. Partout dans les alentours du labyrinthe, les lianes s’immobilisent et se couvrent de fleurs multicolores.
C’est ainsi qu’a commencé l’ère du printemps éternel.
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