Scènes de ménage au fond du potager
Le matin au jardin, c’est l’heure du réveil,
La fourmi chef de rang hurle à tous ses conseils :
« Plus vite, fainéants ! Ces miettes ne vont pas
Se porter toutes seules jusqu’à notre repas ! »
L’araignée tisserande étire son ouvrage :
« Ce piège est raffiné, j’y mets tout mon courage ! »
Mais la mouche ricane et lui fait un pied de nez :
« Ton fil est trop visible, tu devrais réviser ! »
La coccinelle en pose admire son éclat :
« Mes pois sont-ils bien ronds ? Je ne me vois pas… »
Le scarabée soupire en haussant les antennes :
« Toujours à te mirer, c’est lassant, mais je t’aime ! »
Le papillon très fier exhibe ses couleurs,
« Regardez ma parade, je suis le plus charmeur ! »
Mais le crapaud surgit, langue vive et tendue,
Et manque d’un cheveu l’insecte suspendu.
La chenille qui rampe se plaint à tout moment :
« Quand donc serai-je ailée ? C’est long, c’est assommant !
Toujours mâcher des feuilles, c’est d’une platitude,
Je rêve de voler, de prendre un peu d’altitude ! »
Artiste, le grillon accorde son violon,
Sa sérénade stridente cause des frissons,
À la cigale qui lui crie : « Baisse le volume !
Tu manques de rythme, et en plus ça me déprime ! »
La libellule fonce, pilote téméraire,
« Pardon ! Priorité ! Urgence ! Laissez-faire ! »
Percutant au passage un bourdon ahuri
Qui renverse son pollen en grognant : étourdi !
Le soir, les lucioles allument leurs néons,
Le grillon proteste : « Silence, les lampions ! »
Ainsi va la journée dans ce monde minuscule,
Où chacun se chamaille jusqu’au crépuscule.
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