Réalité quand tu nous tiens !
Je ne comprends pas.
Je la sens, là. Cette … chose. Cette agressivité.
Je la sens me serrer la poitrine.
Je la sens me tenir par le cou, m'étrangler.
Je la sens me bloquer la mâchoire.
Je la sens me bruler l'estomac.
Au fin fond de mon être je la sens. Et Putain que j'aimerai ne pas avoir à la sentir.
Je ne me reconnais pas. Enfin si, au contraire, je me reconnais parfaitement, et c'est là le problème.
Ce reflet de monstre dans la glace, c'est moi.
J'ai l'impression de voir le sang sur ma nuque, sur mes mains.
Je vois tous les visages des gens que je côtoie, et que je traite de cette sorte, me hanter.
Je me sens autant coupable que satisfaite de mes actes.
Je me sens autant mal que fière de les choquer, de les étonner. De les voir mal, gênés, blessés, brisés.
Parce qu'au fond, mais vraiment tout au fond, c'est comme si je leur rendais la pareille. C'est comme si je leur transmettais cette peine qui me tue encore plus chaque jour. C'est comme si je me vengeais.
De quoi?
De n'avoir personne qui tient assez à moi.
De voir tout le monde craquer au bout d'un moment parce qu'ils ne peuvent plus supporter mon caractère " difficile ".
C'est vrai que je pousse les gens à bout, que j'apprécie de les voir s'énerver, essayer de se retenir et puis craquer, exploser.
Pourquoi? Pour tester l'amour inconditionnel peut être.
Pourtant, j'ai entendu dire que ça ne marchait jamais.
Alors je les punis. Je punis toutes ces personnes que " j'aime ", tous ces individus qui ont osé prendre une place importante dans ma vie, sans la mériter, sans être à la hauteur de cette… responsabilité.
Pourquoi ne voient-ils pas que derrière cette méchanceté gratuite, se cache une bonne intention?
Pourquoi ne comprennent-ils pas que derrière ce regard dur, abrite une grande fragilité ?
Pourquoi ne sentent-ils pas que derrière cet orgueil, cette audace, cette fierté, Je lance des signaux de détresse, des appels à l'aide?
C'est plus facile pour moi de les détester, de les haïr, de les mépriser, que d'admettre que j'ai eu besoin d'eux, et qu'ils n'ont pas pu être en mesure de satisfaire mes besoins.
En lançant ces propos, en leur faisant part de mes " idées noires ", de mes intentions pas si douces, Je ne joue pas la comédie, je ne fais pas l'intéressante.
En répétant que je suis capable du pire, que je peux causer des dégâts, Je ne les fais pas chanter. Ce n'est pas à eux que j'essaie de faire peur. C'est à moi-même.
J'essaie de me convaincre que le fait que j'en parle à haute voix, veut dire que je n'ai pas assez de courage pour passer à l'acte. Et Oh combien je crains cette misérable nuit où tout ça prendra fin, parce que j'aurais commis un acte… stupide. Audacieux, mais stupide. Un acte qui s'avérera être de lourdes conséquences.
Vous voulez savoir le pire dans toute cette histoire? Vous voulez connaître toute…l'ironie de cette mascarade ?
C'est qu'après tout ça, c'est moi qui me sens coupable. C'est moi qui vais vers eux. Encore et encore. Parce que je ne veux pas risquer de leur faire du mal, de les perdre. Cette phobie de la solitude, cette peur de l'abandon me hantent. Et pourtant, ne suis-je pas en train de la vivre, chaque instant de ma misérable existence? Je ne peux m'empêcher d'ignorer mon intuition, d'écraser mon cœur, et d'aller les voir. Pour leur montrer ma sensibilité pendant un petit bout de temps, voire même m'excuser, et revenir après, en force, plus cruelle que jamais, habitée des ténèbres les plus féroces et des pensées les plus sombres.
Je fais face à la réalité : Jamais je ne trouverai cette personne qui saura découvrir chaque cellule de ces kilos qui ont faits de moi leur prisonnière, pénétrer au fond de chaque centimètre de mon âme, allant même à la rencontre de mes intentions les plus moches, de mes souvenirs les plus noires, de mon obscurité, de ma nature, sans pour autant fuir, partir.
Est-ce trop demandé? Surtout que tout le monde sait que moi, je défierai ciel et terre, pour venir en aide à mes " amis ", je ne reculerai devant rien au monde, quand il s'agit de sauver les gens que j'aime. Alors pourquoi je ne peux pas avoir cette petite personne qui me sauvera moi ? Pourquoi personne ne pense que moi aussi je mérite d'être protégée, protégée de cette ombre qui se cache en moi ?
J'en veux à l'univers, et au monde entier.
Vous pensez que je perds la tête ? Que je divague là.
Ouais, il m'arrive aussi de croire que j'ai perdu la raison, et que je suis ce qu'on peut appeler une malade.
Qu'on me prescrive un médicament, qu'on m'enferme dans un asile de fou, si c'est ce qu'il faut vraiment pour que je ne m'auto détruise pas.
- I.O
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