Good Bye Miss Yilin !

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Elle se tient à mes côtés, élégante, figée dans un silence que je n’ose perturber. Non pas qu’il me plaise, mais il est de ceux, lourds et intimidants que l’on peine à briser. Je patiente donc dans le flottement d’une attente pesante, et je la sens qui m’anime dangereusement, donnant à mon sang l’aspect d’une eau bouillonante.

La rame de métro y met fin furieusement, elle s’arrête en crissant, encore vibrante de sa soudaine irruption.

Alors, en un geste d’affection timide on se dit au revoir. Le regard doux mais fuyant, qui se refuse presque à cette réalité, comme une manière implicite d’avouer notre manque d’envie à partir. Elle finit par s’en aller, s'éloignant tel son propre écho. Puis, plus rien. Si ce n’est les dizaines de personnes m’entourant dans le wagon mais qui ne comblent que l’espace, flanqués de panneaux aux caractères bien loins de ceux de ma langue maternelle. Me voilà de nouveau sur la route, mais cette fois-ci l’esprit en lutte, laissant derrière moi ce qu’il y a d’inabouti.

Quelle étrange façon de se dire au revoir. Peut-on seulement la considérer comme telle ? La gêne le dispute à l’incertitude et la question reste en suspend, trop sujette aux divergences d’interprétation. Ces dernières menacent de me plonger dans l’errance, où l’on avance, souffrant de la profusion de leurs scénarios possibles qui semblent sans réponses. On s’en rendrait fou à tous les imaginer, se grattant la tête à en creuser l’os.

Mais je ne le fais pas. Pour l’heure je me contente de marcher, peut-être un peu trop. M’éprouvant par l’effort outrancier, je m’en remets à demain et au discernement qu’offrent les nuits pleines en conseils. Le sommeil sait se rendre réparateur lorsqu’il s’impose à nous, du moins je l’espère.

En fin de compte je me sens responsable de mon désarroi. Non pas quant au moment de cet adieu supposé mais à tous ceux qui le précédèrent. Alors que chaque rencontre vibre déjà de ses circonstances et de la personne concernée, je crains d’avoir cette fâcheuse manie à leur imposer mon rythme. Désharmonisant l’instant comme on gueulerait pour chanter, et occultant ainsi ce qui les rendent si particulières et distinctes les unes des autres. Elles sont un mouvement qui a sa conscience propre, et qui se doit d’être vécu librement, dans le lâché prise et sans modelage de notre fait.

Aussi ai-je ce besoin précoce de parler avec la peau, et ce, d’autant plus quand je sens poindre le temps d’un départ. Et ce qui paraît prématuré pour beaucoup, n’est qu’une envie sincère et maladroite d’ancrer chez l’autre le souvenir de ma proximité. Comme un anneau au bord d’une oreille ou une pierre au creux d’un cou. D’aucuns diraient que c’est une tendance masculine, que d’observer une implication corporelle avant celle de l’âme. Je n’en sais rien. Chez moi les deux sont liés, et au fond je ne peux nier que certains mots me font peur, car ils en cachent d’autres quand les caresses, elles, les dévoilent.

Après tout, je garde en mémoire son visage souriant. Son regard bienveillant et son écoute attentive. La sincérité de sa présence et son air délicat. Autant de qualités fondamentales d’un être bon, que de perles rares que j’eus plaisir à porter pour elle, comme des miroirs afin qu’elle s’y voit telle qu’elle est.

Belle !

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