4-Chapitre 41 (1/5)

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Jo fronça les sourcils en entendant le bruit. Une seconde série de coups sourds le fit se redresser brutalement sur son lit. Ils avaient une sonnette dont il était à peu près sûr qu’elle était en bon état. Ce qui ne pouvait signifier qu’une seule chose : leur âme damnée était de retour. Trop vite. C’était mauvais signe. Jo sauta du lit sans prendre le temps de s’habiller, mais Ben était déjà en train d’ouvrir la porte principale lorsqu’il fit irruption dans le salon. Bénédict lui décerna un rictus lorsque la lumière éclaira son visage.

« Salut, luciole !

— Tu as vu l’heure ?

— C’est toujours un plaisir de te voir ! Tu ne me fais pas entrer ? »

Ben hésita une fraction de seconde, puis s’écarta pour laisser son frère émerger dans la lumière. Bénédict afficha un sourire de conquérant en croisant le regard de son cousin, observant autour de lui comme si tout lui appartenait. Jo l’aurait giflé. Le rictus mi-moqueur mi-vainqueur de Bénédict s’agrandit encore lorsqu’il s’assit sur leur canapé, à la place de Jo, sans y avoir été invité.

« Une tisane ne serait pas de refus. »

Ben se rendit dans la cuisine pour faire chauffer l’eau, ce qui eut le don d’agacer son cousin au plus haut point.

« Qu’est-ce que tu veux Bénédict ? Ben n’a plus d’argent.

— Hé, du calme molosse ! Je viens de faire trente heures de trajet, tu pourrais au moins me laisser le temps de boire ma tisane avant de m’agresser.

— Personne ne t’a demandé de venir, et personne ne veut de toi ici, alors réponds ! »

Bénédict se laissa aller contre le dossier du canapé sans quitter ni son rictus ni le regard furibond de Jo, silencieux. Au bout d’un temps infini, Ben revint avec une tasse fumante dont l’odeur trahissait la mélisse et la citronnelle. Ben cuisinait comme un pied, mais il savait au moins préparer des infusions correctes. Bénédict huma le liquide avec content, puis goûta une gorgée. Il leva les yeux vers son frère :

« Ta copine n’est pas là ?

— Ce n’est pas ma copine. »

Le sourire de Bénédict s’accentua.

« Je parlais de Florine. Mais je vois que tu l’as remplacée par ta sculptrice.

— Ce n’est pas… »

Ben se tut, sachant pertinemment qu’il était inutile de discuter avec son frère, qu’il contemplait patiemment malgré son arrivée importune à deux heures du matin avec pour première exigence sa boisson préférée. Jo admira (comme trop souvent) la patience de Ben. On frisait même l’abnégation à ce niveau-là.

« Où est-elle ? », demanda Bénédict.

« Sans doute chez ses parents, ce n’est pas mon problème.

— Je parlais de Chloé. »

Un ratement de respiration ; Ben se tendait. Bénédict sourit un peu plus.

« Ce n’est pas ton problème non plus. Qu’est-ce que ça peut te faire, d’où est Chloé ? », intervint Jo avec un peu plus d’agressivité que nécessaire.

« On la cherche.

— Qui ça ?

— Tout le monde dans le nord. Et certains sont plus près de la trouver que vous l’imaginez.

— En quoi ça t’importe ? »

Personne n’eut besoin de parler pour lui répondre : Ben se passa les mains sur le visage avec une lenteur affolante.

« Tu leur as dit où elle se trouve ? », demanda son cousin préféré sur ce demi-ton de précolère que personne ne pouvait supporter.

« Je n’en ai pas eu besoin, certains le savaient déjà.

— Comment ? »

Bénédicte considéra un moment le pour et le contre avant de décider qu’il était inutile de leur répondre. Il se contenta de boire une gorgée supplémentaire de son breuvage.

« Tu n’étais pas obligé de venir jusqu’ici pour me dire ça, un message suffisait. Ou un appel.

— Certes. »

Le grand frère reposa sa tasse à gestes précautionneux, puis écarta le pan de son blouson de cuir pour fouiller la poche intérieure. Un instant plus tard, il posait un petit boîtier tendu de tissu sur la table-basse fabriquée par son père. Ben hésita un instant avant de se pencher pour récupérer l’objet. Doucement, ses doigts jouèrent avec le verrou. Un collier. Un simple médaillon de bronze ciselé de fleurs. Ben jeta un regard étrange à Bénédict, aussi long qu’une nuit à l’hôpital.

« Le collier de Chloé D.. », annonça enfin Bénédict en retrouvant son sourire triomphant : « J’ai fait vingt-cinq villes avant d’apprendre qu’il avait été vendu à l’étranger. Tu sais combien se vendent les effets de la grande artiste depuis les enchères des Ulmes?

— Tu l’as volé ?

— Non, tu me l’as interdit. Et c’est bien dommage vu le prix.

— C’est pour ça que tu es venu ? Tu pouvais l’envoyer par la poste ! » s’agaça Jo.

Bénédicte le regarda comme s’il était demeuré et lui expliqua qu’il n’était pas fou au point d’envoyer des mallettes de billets se perdre par colis postal. Ce qui lui faisait une excellente excuse pour venir embêter son frère.

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