4-Chapitre 41 (4/5)

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Ben pila.

« Hé ! C’est pas dans tes habitudes, ça ! Tu veux nous tuer ou quoi ? »

Ignorant son cousin, le chauffeur sortit de la voiture en claquant la porte si violemment que l’habitacle trembla sur ses roues. Il traversa la rue en courant, esquivant monsieur Michaud qui ne s’attendait pas à ce que Ben se jette presque littéralement sur son capot. Le crissement de pneus lui vrilla les tympans sans l’arrêter. C’est tout juste s’il leva la main pour s’excuser d’avoir raté l’accident.

« Ben ! À quoi tu joues ? »

La voix de monsieur Michaud se mêla à celle de Jo alors qu’il poursuivait sa course. N’y prêtant pas la moindre attention, l’ébéniste tourna à l’angle de la ruelle où le sweat shirt trop grand avait disparu. Il n’y avait qu’une seule personne capable de porter des manches longues en plein été, et il ne comptait pas la laisser disparaître aussi facilement. La conversation qu’ils avaient eue avec Bénédict quelques semaines plus tôt lui trottait encore en tête.

Tu feras quoi le jour où… ?

La réponse était de courir dans les ruelles à sens unique en cherchant un sweat shirt, alors que courir lui faisait mal. Il s’arrêta contre un mur pour reprendre sa respiration, les poumons en feu. Quinze ans qu’il n’avait pas fait ça, son endurance frôlait celle d’un poussin asthmatique.

« Ben ? »

Une cavalcade indiquait que Jo le cherchait aussi dans le dédale de ruelles du vieux centre. Ben continua de fouiller les pavés du regard en reprenant sa route dans les couloirs étroits formés par les murs des maisons. Le soleil jouait entre les vêtements qui pendaient sur les fils tendus aux fenêtres en l’éblouissant par intermittence. À quelques mètres, une silhouette photographiait les jeux de lumière entre les bras d’une série de chemises.

« Chloé ! »

Ses poumons voulurent éclater dans ce mot, alors qu’il se rattrapait aux murs. La douleur brouilla sa vision un instant. L’air lui manquait. Ben tenta d’aspirer une goulée brûlante que son corps refusait, avala une coulée de lave impalpable à la place. Ses genoux se dérobèrent sous lui tandis que le crépi orangeâtre lui raclait les bras.

Des mains entourèrent son visage, redressant sa tête pour que l’air puisse de nouveau passer.

« Respire. »

Les ondulations des vagues éraflées dans la voix. Ben ferma les yeux en se laissant engloutir entre les bras de son Fantôme. Fermes, chauds, étincelants de certitudes aux illusions ondoyantes. Il enfouit le nez dans l’océan de ces cheveux d’huile, tenta de respirer malgré la marée.

« Respire. »

Il hoqueta quelque chose, incapable d’articuler ses pensées autour d’un autre sujet.

« Chloé… Chl… »

Chloé ne doit pas partir.

« Inspire. Expire. Inspire. »

Un mot après l’autre, le murmure le guida vers le calme. Doucement, à petites bouffées, la tempête s’apaisa. Ben garda les yeux fermés, encore aveuglé par la douleur qui se dissolvait lentement dans sa cage thoracique. Un bourdonnement sourd le berça dans l’odeur des vagues. Il ne voulait pas s’endormir ; il devait la rattraper.

Puis il y eut une autre voix familière, celle de Jo. Les mains de son cousin se posèrent sur ses épaules et l’éloignèrent doucement de l’océan.

« Chloé ? », expira Ben entre deux brûlures d’air.

« Elle va bien, tout va bien. Nous rentrons à la maison. Toi, tu te contentes de respirer, nous nous occupons du reste. »

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