Olivier (par 2xDoo)

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Je me produisais ce soir dans une grande salle parisienne, mon ascension dans le petit monde du one-man show avait été fulgurante. Je n'avais pas pu profiter d'un réseau au préalable, ni d'auteurs émérites pour me guider. Juste quelques rencontres fortuites m'avaient propulsé au sommet.

Une en particulier, Judith, lors d'un repas de mariage d'un ancien collègue. C'était une amie d'enfance du couple au centre des intérêts du jour, elle m'avait proposé de participer à un radio-crochet qu'elle organisait. Elle était animatrice sur une émission de grandes écoutes.

L'idée de déclamer mes sketchs au micro avant de les égrainer sur scène me paraissait intéressante. Beaucoup plus facile sans le regard du public, mais beaucoup moins sans ses réactions. Les retours du public, ce soir-là, furent dithyrambique. Mes vannes ciselées avaient fait "péter l'audimat" d'après Serge, le patron de la radio. Il était d'ailleurs le mari de Judith depuis peu.

Il me remercia pour ma contribution et m'avait proposé de venir régulièrement faire des chroniques une fois que j'aurai, il en était sûr, gagné ce concours radiophonique. Ce qui fut, à ma grande surprise, effectivement le cas.

J'avais donc obtenu, dès mon premier passage sur les ondes, une notoriété et un poste confortable dans cette même radio. Tous les jours suivants, hormis les weekends, je retrouvais Judith et prenais un grand plaisir à la voir rire à chacune de mes punchlines. Je la trouvais chaque jour de plus en plus désirable. "Femme qui rit" m'avait-on dit, mais je n'osais déclarer ma flamme sous le nez de Serge qui avait été si bon avec moi.

Un soir, lorsque je quittais le bureau, Judith m'attendait en fumant une cigarette contre sa voiture. Elle était magnifique, vêtue d'une robe crayon rouge qui épousait divinement son corps et laissait apparaître une de ses cuisses. La voiture aussi était magnifique, une Jaguar de collection noire avec des chromes rutilants.

Elle déclara que son mari était en voyage d'affaires pour faire un partenariat avec une radio wallone et qu'elle n'avait pas envie de passer la soirée seule dans sa grande villa. J'acceptai volontiers de lui tenir compagnie, ma réponse la fit sourire et je crus même voir son regard pétiller. Elle me proposa de conduire, encore une proposition que je ne pouvais refuser.

Lors du trajet, entre des discussions pleines de finesses et d'humour, elle s'amusa à reproduire la voix du GPS avec une tonalité qui aurait fait fureur à l'époque du téléphone rose. Cela ne me laissa évidemment pas de marbre même si j'évitais de trop laisser mon regard glisser dans son décolleté ou sur sa cuisse nue.

Une fois arrivé, elle me fit visiter toutes les pièces de sa demeure en prenant bien soin d'être devant moi dans les escaliers. Très difficile de ne pas apprécier le dodelinement de son fessier. Le tour du propriétaire effectué, nous nous installâmes dans son salon avec une bouteille de champagne.

À peine avais-je bu la première gorgée qu'elle se mit à califourchon sur moi et m'embrassa. Je cherchais au fond de moi des raisons à lui fournir pour ne pas passer à l'acte mais mon envie d'elle était insoutenable. Elle m'avoua qu'elle avait eu envie de moi dès ce fameux mariage. Je me laissais donc enivrer par le champagne et nos envies de communion des corps. Nos ébats eurent une saveur presque animale et incontrôlée. Comme si nos barrières se levaient, que nos esprits se désinhibaient.

Cette première fois donna lieu à de nombreuses autres, parfois même dans l'enceinte de la radio de son mari. Nous nous cachions aussi bien que nous le pouvions. On avait nos codes et nos rendez-vous secrets, on glissait même parfois de petites devinettes dans nos agendas numériques.

Au bout d'une année de collaboration, je lui fis part de mon envie de scène. Elle décida donc, avec l'aval de Serge, d'organiser la tournée de mon one-man show que j'avais pris le temps de peaufiner. La radio en serait le sponsor officiel. C'était aussi un nouveau prétexte, évidemment, pour nous permettre de se voir en dehors de la radio.

Ce soir-là, à l'apogée de ma tournée, Judith et Serge étaient venus me voir en tant que manager et producteur. À la fin de ma représentation, Serge vint me féliciter longuement en coulisse en m'arrosant de nombreux verres de rhum avec sa gouaille habituelle. Il prenait un malin plaisir à m'évoquer chaque étape qui avait mené à mon succès d'aujourd'hui.

Quelques heures plus tard, il signifia à sa femme qu'elle pouvait rester pour fêter son succès avec son poulain, qu'il lui laissait la Jaguar et qu'il allait rentrer en taxi. L'alcool nous enivrant, nous acceptâmes volontiers ce cadeau impromptu qui nous donnait, avec le sourire, quelques savoureuses idées. C'était sans compter sur les freins qu'il avait coupé.

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