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— Attends une seconde…, commença-t-il.

— […] deux Cocas, et vous deux, vous prenez quoi ?

Cécile vit Éric répéter sa question, comme si rien ne s’était passé. D’ ailleurs, rien ne s'était passé, puisque tout était inchangé. Les tables des terrasses des bars étaient parfaitement alignées et ne laissaient rien deviner du chaos qui avait régné. Toujours les disputes sur le choix des filières en fond sonore, toujours le même brouhaha ambiant, avec ses rires et ses éclats de voix. Un coup d’œil hébété sur sa tenue immaculée puis sur le T-shirt impeccable de Bastien confirma ses suppositions : rien ne s’était passé. Rien, ou peut-être tout, dans la façon qu’avait Arthur de la contempler. Dans la présence d’un blond comme sorti de nulle part, complètement épuisé et à côté de la plaque, à l’image de son camarade aux yeux bleus. Dans sa propre façon à elle de voir les choses également. Tout avait changé. Et pas forcément pour le meilleur.

— Une bière, cela vous tente ? proposa Éric devant l’absence de réactions de la part des intéressés.

— Non, on ne prend rien, on s’en va, décréta Bastien en entraînant Florian et Arthur, tous les deux abasourdis, mais pas pour la même raison. Bonne soirée.

— Non, attends ! protesta faiblement Arthur.

— Tu ne vas pas t’en aller, toi aussi !

Cécile, qui allait tout naturellement leur emboîter le pas, stoppa net.

— Je..., hésita-t-elle.

— Reste, on vient à peine d’arriver, on va commander.

Elle fixa Maël, prenant soudainement conscience de sa présence, et donc du fait qu’il n’avait pas une égratignure. Comme il le lui avait promis. Elle se retourna. Arthur lui adressa une prière silencieuse.

Tiraillée entre deux pôles, entre la supplique muette d’Arthur et la perplexité croissante de Maël, elle finit par se décider en rebroussant chemin vers la table de ses amis, tout en sachant que la frontière entre elle et eux s’était plus que jamais creusée. La retranchant vers d’autres êtres dont elle n’arrivait pas à déterminer le sens.

— D’où il venait, le blond ? s’enquit quelqu’un.

Elle se rassit à sa chaise, avec la sensation de jouer la comédie, celle d’une normalité feinte. Sa mère avait raison. Toute sa vie n’était que pure comédie. Il fallait prendre une décision, et elle n’était pas certaine d’avoir choisi la bonne.

Avec le sentiment de faire la plus grosse connerie de sa vie, Cécile se tourna vers sa voisine.

— Camille, je peux te poser une question ?

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