(...)

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Florian hallucinait. Il n’était tout de même pas venu dans cette maison avec des gens complètement siphonnés pour les voir se disputer en famille comme si de rien n’était ? Qu’en faisaient-ils de sa vie gâchée, hein ? Un élan de fureur le poussa à se dresser d’un bond.

— C’est pas bientôt fini vos histoires à la con ?! rugit-il.

Outrée, Claire en oublia ses griefs contre son frère pour les reporter sur lui.

— Si tu n’es pas content, rien ne t’empêche de dégager !

Florian tiqua. Ok, il était au bout du rouleau et au bord de la folie, mais il ne comptait pas se laisser traiter de la sorte.

— Tu me parles sur un autre ton, sale gamine !

— J’ai quatorze ans !

Florian ricana avec mépris.

— C’est exactement ce que je dis.

Excédée, Claire fit mine de bondir sur lui, mais Bastien la saisit par le bras, la faisant reculer.

— Arrête, t’es folle ou quoi ?

— Mais c’est bon, je peux me débrouiller toute seule, je n’ai pas besoin de toi pour m’occuper de ce crétin !

— Essaie encore une fois de m’insulter pour voir ! riposta violemment Florian.

Bastien, menaçant, pivota vers lui.

— Ne t’avise pas de la toucher !

— Mais fiche-moi la paix ! cria Claire.

Arthur et Cécile levèrent la tête et contemplèrent fascinés, l’ampoule du plafond qui venait de s’allumer et palpitait dangereusement sous la houle des assauts. Une pensée commune les effleura : qu’adviendrait-il si l’ampoule, ou même le système électrique, venait à sauter ?

— Calmez-vous ! supplia Cécile au bord des larmes.

Peine perdue. L’engueulade continuait de plus belle. Et rien au monde ne pousserait Arthur à s’interposer entre eux, surtout s’ils en venaient aux mains. Malgré la tension de la scène, il ne put éviter de s’interroger sur la beauté d’un spectacle haut en couleurs mêlant foudre et cascades. Pas de doute, cela promettait.

— Ils vont s’entretuer ! gémit Cécile en l’agrippant par le bras.

Arthur soupira.

— Je ne peux pas y faire grand-chose.

Il lui jeta un regard en coin.

— Par contre, si toi, t’as une idée, je crois que c’est le bon moment.

— Mais je…

— Tu me prends pour un imbécile ? Si vraiment tu n’avais, je cite, « rien à voir là-dedans », tu serais avec eux en train de péter ton câble. Et je suis certain que tu le sais, dit-il tranquillement sans relâcher son attention sur le pugilat.

Cécile abdiqua. Il fallait bien que quelqu’un se dévoue. Et puisqu’elle était la seule à pouvoir remédier à la situation, elle devait mettre ses réticences à plus tard pour prévenir un accident.

— Très bien, lança-t-elle pour se donner du courage.

Arthur se redressa, impatient de voir ce que cette fille était capable de faire. Sans le regarder, Cécile inspira à fond, tout en parcourant la pièce d’un œil perçant, à la recherche de quelque chose qui ferait l’affaire.

Des piles entières de gros livres s’envolèrent soudainement des étagères sur lesquelles elles prenaient la poussière pour venir se fracasser brutalement sur le parquet dans un vacarme épouvantable qui eut le mérite de couper court à la dispute. Un long silence traduisit les efforts de chacun pour relier cet incident à une explication logique, avant de se tourner vers Cécile. Facile à repérer, elle gardait les yeux baissés sur ses mains comme si elle espérait les voir devenir invisibles sur l’instant.

— Vraiment désolée, finit-elle par marmonner.

Arthur émit un sifflement appréciateur.

— Alors ça ! Pour quelqu’un qui n’a rien de particulier, tu ne te débrouilles pas trop mal. Ça doit faire un moment, non ?

— Presque deux ans, avoua Cécile dans un souffle.

— Waouh..., murmura Claire en guise d’appréciation.

— Je l’aurais parié, lança triomphalement Arthur. Tu ne sais vraiment pas mentir.

— Pardon ? demanda Cécile, à nouveau prise de court.

— C’est ce que je ne comprends pas, en fait. Pourquoi as-tu menti ?

Parce que je pensais que si je faisais semblant, je pourrais passer pour une fille normale avec des amis normaux. Et cela marchait plutôt pas mal jusqu’à ce que je tombe sur toi et toute ta clique, pensa-t-elle in petto. Au lieu d’exprimer à haute voix ses pensées acerbes, elle adopta son attitude habituelle de la jeune fille effarouchée pour pouvoir échapper à l’examen inquisiteur des autres qui attendaient une réponse de sa part.

— Je… je n’en sais rien.

— Et tu ne t’étais jamais fait attaquer ? demanda Bastien stupéfait.

Soupçonneuse, Claire vers son frère.

— Attaquer ? C’est quoi cette histoire ?

Arthur en resta coi. Il se tourna vers Bastien qui n’en menait pas large.

— Tu ne lui as même pas dit ?

— Non, il ne m’a rien dit ! Il ne me dit jamais rien ! explosa Claire. C’est comme ça depuis trois mois ! Vous deux, vous trafiquez en douce…

— Stop ! coupa Arthur, ne recommence pas.

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