"Vent de mes tempêtes, bois de mon feu, eau de mes marées, nous nous aimions ailleurs.

Un jour, nous sommes venus sur Terre.

- Tu es une sorcière ! m'as-tu dit, horrifié.

Tu t'es enfui. Je suis restée vide de toi.

Il y eut une vie, il y eut une fin. Nous sommes retournés voguer dans les cieux.

Puis, un beau jour, nous sommes revenus.

- Tu es une sorcière ! m'as-tu dit, apeuré.

Tu es parti. Je suis restée vide de toi.

Il y eut une vie, il y eut une fin. Nous sommes retournés voguer dans les cieux.

Puis, un beau jour, nous sommes revenus.

- Tu es une sorcière ! m'as-tu dit, intrigué.

Cette fois, c'est moi qui ait eu peur, de ces vies d'avant, de mes anciens tourments. Je t'ai quitté.

Vide de moi, tu es resté.

Il y eut cent tours, cent voyages, cent morts, cent blessures. Toujours, inlassablement, nous nous sommes retrouvés dans les cieux. Toujours, inlassablement, nous nous sommes quittés sur Terre. Tantôt toi, tantôt moi, nous avons abandonné.

Jusqu'au dernier séjour.

- Tu es une sorcière ! m'as-tu dit, calmement.

J'ai relevé mes yeux vers les tiens.

- Oui, c'est ce que je suis.

Tu as disparu, encore, mais je n'ai pas renoncé. J'ai poursuivi ma route.

J'ai dansé avec la pluie, ancré mes racines dans la nature, vibré mon pouvoir de guérison, accouché de moi-même.

Quand tu es revenu, un soir, je t'attendais.

- Tu as compris. Tu as trouvé la sorcière, as-tu affirmé.

Tu semblais triste. Je ne voulais pas que tu le sois.

- Je suis reine en mon royaume, mais tu en es le roi. Âme de mon âme tu étais, âme de mon âme tu resteras.

Il y eut une vie, il y eut une fin. Nous sommes retournés voguer dans les cieux.

Nous ne sommes plus jamais revenus."

[Auteur inconnu]