On plante le décor

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Jour 2

Après les discours, noyé sous les reportages des spécialistes de la désinformation continue, j'ai choisi de prendre quelques pas de recul pour tenter de reprendre mon souffle. Stopper une entreprise en pleine activité n'est pas une simple affaire. Et, comme cela ne suffit pas, il faut aussi prévoir les moyens pour relancer tout le cirque après une période d'arrêt forcé dont la durée reste encore très floue.

Le Président, après sa brillante et vibrante intervention à la télé, a martelé que nous sommes en guerre. Il a utilisé toutes les ficelles gestuelles, toutes les mimiques faciales habituelles, joué sur toutes les gammes des tons pour nous convaincre que tout sera fait pour préserver ce présent qui nous pète en ce moment même à la figure. Je suis d'accord avec lui : nous sommes en guerre.

Et je dirais même qu'un mardi 17 mars 2020, à 12h00 très exactement, a débuté la Troisième Guerre Mondiale. Pessimisme exacerbé de ma part ? Pourquoi pas. Après tout, j'ai tellement le moral en berne que je suis peut-être plongé dans une noirceur qui n'existe pas vraiment.

Pourtant, si les premières mesures contraignantes édictées par notre toujours martial ministre de l'intérieur se parent d'une bienveillante sévérité pour tous ceux qui prétendraient désobéir au nouvel ordre social, j'ai en tête les rapports invraisemblables des journalistes qui chantent sur tous les airs que les bourses mondiales sont en train de décrocher, que les pertes financières se comptent déjà en centaines de milliards d'euros ou de dollars évaporés. Que deviennent ces fortunes virtuelles, où et dans quoi se diluent-elles ? Je n'en sais foutre rien, et je serais même incapable de comprendre vers quel trou noir de la Finance se perdent des montagnes de fric qui n'existent pourtant que sur des feuilles de papier.

Ce que je retiens par expérience, c'est qu'un crack boursier est un crack boursier. Les conséquences sont toujours les mêmes, et plus le crack est puissant et pires en sont les effets. Les ondes de choc se suivent et s'amplifient à chaque nouvelle catastrophe économique. Celle-ci, habilement masquée par les médias qui ont sûrement reçu pour consigne d'en parler le moins possible, est la pire de toute l'histoire.

"Quoi qu'il en coûte !" a clamé le Président. Vraiment ? Ses collaborateurs lui ont-ils bien annoncé les pertes faramineuses qui s'accumulent à chaque nouveau bilan de santé du pays ? Chaque contaminé, chaque malheureuse victime se traduit par une nouvelle décimale à la baisse et les rentiers de tout poil désespèrent de voir leurs trésors fondre au soleil d'un virus qu'ils ont longtemps négligé.

Quelques coups de téléphone me tirent heureusement de mes soucis.

- Dis-donc, t'as entendu le père Castaner ? Pour aller pisser, faudra un laisser-passer maintenant !

Les similitudes avec des circonstances traversées par nos grands-parents remontent un peu à la surface. C'est vrai qu'on pourrait sourire de ces autorisations à imprimer, remplir et signer à chaque aventureuse visite chez l'épicier du coin.

Pour me changer les idées, j'ai la plus mauvaise de toutes : j'allume ma télé. Partout, matraqué sur toutes les chaînes, on ne parle que du Covid.

Et des bobos parisiens qui se ruent dans les gares et sur les autoroutes pour fuir la Capitale et ses miasmes méphitiques pour des horizons marins, montagneux ou campagnards...

A priori, les règles d'hygiène, les déjà fameuses "défenses barrières" n'ont pas été comprises.
A l'évidence, la plupart des gens, trop heureux de se voir offerte la possibilité d'une petite quinzaine de jours sous un soleil moins menaçant, ont choisi leur emprisonnement ailleurs, qui dans la famille, qui dans leur petite maison refuge loin du tintamare parisien. Comme si la menace ne planait que sur Paris.

C'est l'Exode qui recommence, mais en version espadrilles et lunettes de soleil.
Et, comme naguère, c'est une Drôle de Guerre qui recommence.

A suivre...

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