6.1 Epilogue : Le futur

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Papa et Maman m'amènent à la présentation des possibles compagnons. J'aurais seize ans dans six mois. Je dois recevoir une présentation des garçons avec qui je pourrais me mettre en couple dans quelque temps. J'ai passé de nombreux tests de personnalité à quinze ans afin de mieux préciser mes attentes et mon caractère. Le but étant de me connaître afin de trouver comment j'envisage l'avenir.

L'ordinateur a déterminé cinq jeunes hommes avec qui je devrais bien m'entendre et qui sont suffisamment différents génétiquement pour éviter les maladies ou tares génétiques. Un aussi grand nombre est rare, en général, on a deux ou trois possibilités. Pour moi qui ai du mal à choisir, cela risque de compliquer sérieusement les choses. Je sens que la période va être difficile.

Je redoute un peu ce moment. Papa et Maman vont mettre leur grain de sel pour ma sécurité et j'ai peur de ne pas avoir mon mot à dire. Heureusement, une partie de l'entretien se fera sans eux et je rencontrerais les garçons un à un durant deux heures, dans un lieu neutre et public, une fois par semaine pendant trois mois, sans nos parents. À l'issue de ces rencontres, je donnerais mes préférences et si elles sont identiques entre le garçon et moi, nous nous verrons davantage durant trois autres mois puis nous emménagerons ensemble.

La route est longue pour aller à la capitale de l'Etat. Il faut dire que je vis dans la campagne assez profonde. Papa est assistant maternel et Maman est agricultrice et élève des moutons. Depuis mon plus jeune âge, je sais m'occuper des bébés, qu'il s'agisse d'agneaux, poussins, canetons ou de petits chenapans humains. J'adore les enfants, cependant, je ne me sens pas prête à en avoir. J'ai tellement été couvé par mes parents que je me sens encore bébé moi-même.

J'aime la campagne et son calme apparent ainsi que de m'occuper des animaux tout en aimant la ville en ville avec les cinémas et les possibilités de sorties en soirée. Les tests ont déterminé que je suis capable de vivre dans un très grand nombre de lieux. C'est peut-être pour cette raison que j'ai autant de choix masculin.

Maman et Papa me racontent pour la énième fois leur rencontre et tous les détails de leur histoire. En riant, Maman répétait à Papa qu'il n'était pas son premier choix et qu'elle était idiote à l'époque, préférant l'aspect physique aux affinités spirituelles. Papa, lui, est tombé amoureux au premier regard. Je les aime et leur histoire est romantique, mais si connue que mon esprit divague sur d'autres aspects de ma future vie.

Bien que vivant loin des villes, j'ai suivi une formation en informatique via des cours par correspondance. J'effectue en ce moment même des stages pour apprendre le métier de conceptrice de jeux vidéo. Je voudrais en créer un à destination éducative. Une sorte de parcours avec des énigmes de sciences ou de littérature pour que les enfants réfléchissent et apprennent tout en s'amusant. Avec la réalité virtuelle qui est bluffante, j'ai déjà conçu des décors désertiques et d'autres en plein centre ville très réaliste. Je dois encore peaufiner les détails.

Un de mes maîtres de stage pense m'embaucher comme assistante conceptrice quand j'aurais l'âge de travailler, mais j'attends de finir mon dernier stage pour lui confirmer. Bien que l'idée de quitter Papa et Maman me brise le cœur, je sais que si je veux trouver un travail intéressant, je devrais habiter dans une grande ville. Je peux travailler à domicile avec les moyens de communication actuels, cependant, pour le contact avec les collègues et surtout les supérieurs, il est préférable de venir à son entreprise une à deux fois par semaine.

Pour mon stage final, et pour faciliter les rencontres avec mes futurs compagnons possibles, je vais vivre pendant six mois chez ma tante Odile qui habite dans la capitale. Elle m'hébergera dans son garage qu'elle a transformé en mini studio indépendant pour loger justement des jeunes étudiants durant cette période charnière de la pré vie d'adultes.

Je rêvasse en repensant aux autres résultats des tests. D'après eux, je serais une jeune fille d'apparence timide qui toutefois sait comment obtenir ce qu'elle souhaite avec une détermination et une confiance en soi bien solide. J'apprécie les personnes avec qui je peux discuter de nombreux sujets ou partager des loisirs comme le sport ou les films d'action, la cuisine et le bricolage. Très sportive et active, je ne supporterais pas les pantouflards. J'ai des valeurs de vie profondément ancrée en moi comme le respect des autres êtres vivants, ou la valorisation du travail.

Il semblerait que je me contrefiche de l'aspect physique bien que j'ai mes limites. J'ai peu d'amis, mais triés sur le volet et je ne suis pas du genre à tomber amoureuse du premier venu. Je suis longue à donner ma confiance, mais prompte à la reprendre. Ca promet pour les rencontres, si je n'arrive pas à me lier à l'un ou l'autre, je vais commencer ma vie d'adulte en célibataire si je me montre trop difficile. Ce n'est pas pour cela que je prendrais n'importe qui.

Nous voilà enfin arrivés devant le bâtiment de la préfecture. C'est un joli immeuble assez coquet de trois étages, aux murs rose pâle avec de multiples fenêtres parfois obstrués par l'immense glycine odorante qui fugue de la tonnelle protégeant l'entrée. Le hall lumineux est très bien indiqué et nous trouvons le bureau de la conseillère avec qui nous avons rendez-vous facilement. Je commence à stresser un max. Je réalise que bientôt, je vais quitter le cocon familial et voler de mes propres ailes avec un parfait inconnu.

Le bureau dans lequel nous entrons est assez chaleureux. Pas de gros meubles et des petits fauteuils individuels confortables. Cela ressemble plus à un salon qu'à un bureau en fait. Nous nous asseyons face à la jeune femme et son assistant tandis que mes parents engagent la discussion. Des banalités et un rappel du déroulement sont faits puis, l'assistant nous présente cinq photos de jeunes garçons et débute une brève description du premier.

D'un naturel timide, je le stoppe pourtant en reconnaissant le premier garçon comme un camarade de classe que je ne supporte pas. Théo. Je demande à le faire éliminer des possibilités tout de suite. Ce type est un crétin imbu de sa personne à qui j'ai déjà mis quelques claques depuis l'enfance. Devant ma colère, la conseillère essaye de me calmer en m'expliquant que je ne devrais pas juger aussi vite et lui laisser une chance, d'autant plus que le jeune homme est celui avec qui j'ai le plus haut score de compatibilité.

Je ne veux rien entendre, hors de question que je perde mon temps avec cet abruti. Malheureusement, la conseillère ne me laisse pas le choix. Je devrais donc sacrifier mes jeudis soir de dix-sept heures trente à dix-neuf heures trente. La seule chose qui me console, c'est d'imaginer la tête de cette andouille quand il découvrira que je suis sa possible compagne au plus haut potentiel. J'ai prévu de le snober en lisant pendant deux heures sans ouvrir la bouche.

Les quatre autres jeunes hommes sont très différents et me laisse assez perplexe. Le second garçon qu'on me présente se prénomme Thomas. De taille moyenne, son visage plutôt banal est cependant plaisant. Châtains aux yeux noisettes rieurs âgé de seize ans, il dégage une certaine sympathie. Nous aimons tous les deux le sport et courons régulièrement. Ses études le destinent à devenir professeur d'aérobic et de fitness. C'est le préféré de Papa. Je le rencontrerais tous les lundis de dix-huit à vingt heures.

Le troisième garçon, Alex, âgé de dix-sept ans, est prévu les mardis de dix-sept à dix-neuf heures est un géant de presque deux mètres tout en os et au crâne rasé. Son aspect peu engageant et presque agressif me fait un peu peur avec ses tatouages. D'après l'ordinateur, nous partageons le même amour des nouvelles technologies et un intérêt pour l'éducation des enfants. Il se destine à une carrière de créateur de sites web. Je pense que je demanderais à Odile de ne pas m'attendre trop loin pour les premiers rendez-vous. Ce type me fait vraiment flipper.

Numéro quatre, alias Justin, quinze ans et demi lui aussi, est un joli blondinet aux yeux bleu féru de cuisine. Nous partageons également une affinité avec le sport et les films d'action. Il étudie le métier de cameraman. Nos mercredis soirs de seize à dix-huit heures seront donc occupés par de vifs échanges. En plus, comme le début est tôt, si on s'entend bien, je pourrais faire durer un peu le papotage. Il est le coup de cœur de Maman.

Numéro cinq est mon chouchou et je pense aussi celui de la conseillère. C'est le plus âgé, il a presque vingt ans. Maxime, beau brun aux yeux noirs et à la peau légèrement halé, possède un sourire ravageur qui a fait grimacer Papa direct. Nos points communs sont la danse, l'architecture et l'amour des enfants et des animaux. Il veut devenir vétérinaire, mais commence déjà à travailler comme soigneur animalier. Je le verrais le vendredi soir de seize heure trente à dix-huit heure trente et si affinités, vu que je ne bosse pas le lendemain et que tata n'habite pas loin d'un arrêt de tramway, j'aurais tout mon temps pour faire plus ample connaissance.

La conseillère me prend à part tandis que son assistant va recevoir mes parents ensemble puis l'un après l'autre. C'est le moment de m'exprimer librement. Je lui avoue mes craintes quant à Alex et Théo. Elle me rassure sur le garçon tatoué, m'affirmant que les tests ont montré qu'il est très doux et protecteur. De toute manière, les rendez-vous se feront dans des lieux publics et en cas de trop forte peur, je peux toujours demander la présence d'un agent du gouvernement ou appeler la conseillère pour discuter et arrêter les rencontres.

Quant à Théo, bien que je sois ultra réticente à passer du temps avec lui, le connaissant déjà très bien, la conseillère insiste lourdement, me réaffirmant que nos tests démontrent de nombreux points communs et des affinités fortes. J'ai du mal à la croire et à mon grand étonnement, elle m'annonce que Théo se réjouit des résultats du test pour sa part.

Je soupçonne surtout qu'il a dû joué le garçon enthousiaste pour éviter le discours moralisateur de la conseillère auquel j'ai droit en ce moment. Je me dis que dans le pire des cas, je pourrais toujours stopper les rencontres comme pour Alex, au bout de quelques rendez-vous. Il ne me reste plus qu'à trouver un bon gros bouquin bien épais pour m'occuper.

L'entretien se termine et mes parents m'accompagnent chez ma tante pour déposer mes affaires et me faire les courses de première nécessité. Au pire, je sais que Tata me dépannera toujours. Papa est rassuré de me savoir sous le toit de sa sœur cadette, qui veillera sur moi et lui passera des appels régulièrement. En plus, comme je lui ferais du baby-sitting les mardis et jeudi soir et le samedi, elle ne me fait quasiment rien payer en loyer et moi, je me régalerais avec mes deux petites cousines.

Tata Odile a déjà tout prévu et nous accueille à bras grands ouverts. Un bon repas finit de cuire et mes deux chipies préférées sautent dans les bras de Papa qui leur a apporté des peluches en laine pour leurs anniversaires. Une verte et une orange, leurs couleurs préférées, pour qu'il n'y ait pas de jalouses. Les petits monstres de six ans accaparent les bras de Papa tandis que Maman et Odile m'aident à porter mes trois grosses valises dans le studio.

Odile a décoré les pièces rien que pour moi. Je trouve ainsi une mini-banquette de jacinthes dans la cuisine, des coussins moelleux et coloré dans le salon, des serviettes douces dans la salle de bains, et surtout une couette chaude dans la chambre ornée de peluches, cadeaux des deux chipies.

Ma tante a récupéré un plan de la ville avec toutes les lignes de bus, tramway et métro ainsi que leurs horaires. Elle m'a joint des prospectus de cafés, restaurants, bars familiaux, et autres lieux de rendez-vous en public et sécurisé. Je rigole quand je vois qu'elle a déjà récupéré un téléphone gouvernemental dédié à ces rencontres, avec un numéro sans identifiant personnel, pour que je puisse communiquer avec mes prétendants sans risquer de leur fournir des informations ou de me faire harceler. Ma famille oublie que les rencontres sont étroitement surveillées par le gouvernement et que je n'ai rien à craindre. Au moindre message ou comportement suspect, ils interviendront.

Après un bon repas et dix millions de conseils parentaux, il est enfin l'heure pour mes ascendants de rentrer à leur bercail. Tata profite d'une sortie vélo avec ses filles pour me faire visiter le quartier. Tonton me conduira chaque matin à mon stage, qui est à deux pas de son travail. Le soir, il me récupérera vers vingt heures en centre-ville si je ne rentre pas avant via le tramway. Quand je lui explique pour Alex le tatoué, mon oncle me dit qu'il s'arrangera pour venir me chercher le mercredi. Je souffle de soulagement.

Épuisée par cette grosse journée et par l'énergie de mes deux cousines, je file vite me coucher après le repas du soir. Demain et dimanche, je peux encore me reposer avant d'affronter mon premier jour de stage et surtout ma première semaine de rencards. Heureusement que je commence par Thomas qui a l'air plutôt sympa et gentil.

...... Suite dans un prochain roman que j'ai même pas commencé à écrire :-)

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