Peur de la mort ?
On peut voir derrière la recherche de l’immortalité cosmologique une certaine forme de peur de la mort.
Cette thèse se défend, à condition de la nuancer.
Depuis Épicure, nous savons que la mort « n’est rien pour nous ».
Rien n’est plus absurde que de craindre une impossible rencontre car « quand la mort est là, je ne suis plus là ».
Pourtant la peur de la mort est toujours présente et, sans elle, la philosophie de Martin Heidegger n’a aucun sens.
Que craignons-nous exactement ?
Non pas la mort, mais la finitude, savoir que cette vie brève et le plus souvent médiocre sera l’alpha et l’oméga de notre existence.
En vieillissant, cette certitude finit par pourrir tous les maigres plaisirs que nous pourrons glaner.
Épicure luttait contre cette amertume, en nous apprenant à aimer cette vie, telle qu’elle se présente, ici et maintenant.
Il faut entendre cet appel au bonheur, que notre hybris a trop tendance à délaisser.
Mais la sagesse rencontre aussi ses limites.
Le temps passe, le monde change, en pire.
Le corps vieillit et s’use, le désir s’émousse, tout finit par lasser.
Et l’amertume finit par vaincre : c’est donc cela vivre ?
Tout change, si l’on envisage l’immortalité cosmologique.
Ce qui semblait limité, médiocre, dérisoire ouvre les portes de l’infini.
Envisager une vie ou des milliards de vies : cela n’a rien à voir.
Certes, je mourrai, nous mourrons, mais cette vie a eu, a, aura des milliards de versions semblables et différentes.
Et ce que je pense est partagé pour l’éternité, par des milliards de moi.
Tout s’éclaire et sur une base rationnelle et réfléchie : sans dieu, ni mysticisme !
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