Même si l’hypothèse de Goodman est fascinante, elle est nettement moins crédible que celle des multivers cosmologiques.

Pour ma part, ce n’est pas le passage de la physique à la philosophie qui me pose problème, c’est, au contraire, un élargissement du problème particulièrement positif.

Non c’est l’argumentation de Goodman qui me semble beaucoup trop fragile.

Peut-on d’ailleurs parler d’argumentation ?

Goodman n’argumente pas vraiment et ne s’en cache pas.

Ce qui l’intéresse ce sont les règles, à la fois obscures et très strictes qu’il faut suivre pour créer un monde.

Ces mondes sont-ils réels ?

Il ne donne pas de réponses claires à cette question.

On pourrait objecter que le monde créé par Van Gogh ou Utrillo n’est pas un autre monde, un nouveau monde réel, mais une simple variante, une simple perspective différente de notre monde.

Cette objection est renforcée par la remarque suivante : Jamais Goodman n’explicite en quoi ces mondes créés constituent bien un monde distinct, complètement différent du nôtre ?

Ces mondes possèdent-ils une réelle unité ?

Ont-ils une réalité physique, une organisation politico- religieuse, une Histoire, une éthique, une métaphysique différentes de la nôtre ?

Par définition, un monde a une unité, une cohérence, une organisation propres.

Rien de tout cela n’est développé, voire même évoqué par Goodman.

Les autre philosophes analytiques américains ne l’ont pas suivi sur ce chemin.

Ils voient dans ces mondes différents d’intéressantes versions de notre monde.

Car ce que propose Goodman est intéressant et pertinent, mais parler de différents mondes ne peut avoir qu’un sens métaphorique.

Mais pourquoi avons-nous repris cette position marginale oubliée depuis de nombreuses années ?

Tout simplement parce qu’il s’agit de repenser la réalité, ici et maintenant, de milliards d’univers différents d’un point de vue philosophique.

S’agit-il d’une fausse route ?

Non , il s’agit d’une route trop peu crédible, trop métaphorique pour être suivie.

Mais, paradoxalement, les guides pensés par Goodman pour créer des mondes peuvent se révéler précieux pour donner consistance à une des hypothèses les plus délirantes des multivers, celle des univers simulés !