Chapitre X... (inconnu)

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Les clés du silence


Tous les détails autour de la mort de son père restaient flous, incohérents. Pleins de zones d’ombre.
D’abord, cette tache de sang au sol. Puis le trou dans la vitre, causé par les pompiers — du moins, c’est ce que sa mère lui avait raconté.
Mais Agathe avait fini par comprendre qu’on ne pouvait croire un seul mot de ce que cette femme disait. Ni hier, ni aujourd’hui.

Et puis, il y avait ce coup de téléphone.
Un appel étrange, à peine quelques jours avant sa mort.
La voix de son père, inhabituelle, presque tremblante, lui demandant de venir le voir au plus vite. Il n’avait donné aucune explication, juste un vague : « Je t’expliquerai. »
Un ton alarmé, une urgence incompréhensible. Ou était-ce une énième tentative de la rendre folle ? 
Agathe avait hésité. Mais elle se souvenait aussi de tout ce qui avait été dit au tribunal… des actes qu’il avait commis sur sa petite sœur. Et malgré ce doute, cette étrange impression qu’un danger couvait, elle n’avait pas trouvé la force de répondre à cet appel.

Mais ce n’était pas tout.
La police l’avait contactée pour lui remettre les clés de l’appartement de son père, à elle — sa fille. Et pourtant, lorsqu’elle s’y rendit, c’est sa mère qu’elle trouva sur place. Déjà en train de vider les lieux, dans une urgence qui ne disait pas son nom.
Comment était-elle entrée ?
Pourquoi était-elle là, alors qu’elle était divorcée depuis des années ? Pourquoi la police ne lui avait-elle rien dit ? Et surtout : comment avait-elle obtenu les clés ?

Personne ne lui donna jamais de réponse.
Encore une pièce du puzzle qui ne s’emboîtait pas. Une parmi tant d’autres.

Finalement, Agathe se raccrocha à une seule chose : sa lucidité. Elle avait pris la bonne décision en n’y allant pas ce jour-là. Elle savait, au fond, qu’elle aurait été prise dans une toile qu’elle n’avait pas tissée.

Alors elle choisit de regarder vers l’avant.
De ne plus se laisser rattraper par les fantômes des autres.
De vivre. Pour elle. En s’ancrant dans ce qu’elle peut changer. Dans ce qu’elle peut créer.

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