Le Deuil
J’étais là. Debout.
Mes douleurs aux jambes observaient avec moi, le vide de cette pierre grise. L’on pouvait lire mon nom, ainsi que le prénom de mon père. Alors il s’appelait Simon, paraît-il, mon père. On ne me l’a jamais dit. Peut-être parce que tant que je l’appelais père, cela suffisait.
Et puis, il était bon, mon père, assez bon pour s’occuper de moi et de maman, mon père. Père. J’espère que l’Enfer est plus beau, que l’enfer que vous avez apporté sur Terre, père. Maman désespère, vous voir partir, l’exaspère et moi, cela me rend peu fier, que vous me laissiez un tel calvaire. Père, maman a encore crié sur moi, m’hurlant qui va payer, mais payer quoi à qui. Père, de ton vivant qu’as-tu fait.
Père revenez.
Père, que faites-vous sous terre, sous nos pieds, remontez, continuez de m’élever et de me voir grandir.
Remontez, même plein de terre, même avec les vers au fond des yeux, mais remontez.
Est-ce un choix.
Gisez-vous parmi ces vers et ces fossiles à cause d’un philosophe que j’ignore tant, tant je suis jeune. Père, n’aimez-vous pas la vie à la surface. Est-ce cela. Père, je vous en prie remontez.
Car ce parapluie que vous nous aviez offert est bien inutile. Je sais que je n’ai jamais eu de parapluie. Et pourtant, devant cette pierre, même si on en a qu’un seul qu'on se partage avec maman. Il est inutile. Car si un parapluie sert à se protéger de la pluie, alors pourquoi ma maman a-t-elle les joues trempées. Le visage humide. Père... Hantez-moi et répondez.
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