Lettre ouverte à ma fille
Dans quelques heures, tu seras là.
Malgré la douleur qui me lacère les flancs, j’essaie d’être forte, de ne pas crier. Mais très vite la vitrine s’effondre et mes vieux démons ressurgissent. Mon esprit vagabonde ; les pensées et les souvenirs m’assaillent. Ils affluent dans ma tête et entreprennent un long échange sur lequel je n’ai aucune prise.
Je me souviens de mon enfance, de ces nuits sans sommeil hantées par la peur de son absence. La peur de l’abandon. Ma mère. Ma mère, cette femme en perdition, ravagée par l’alcool. Cette femme que je n’ai connue autrement qu’un verre ou une canette à la main. Cette femme dont je vais, une fois l'an, fleurir la tombe de quelques roses. Elle ne m’avait pas désirée et je ne crois pas qu’elle m’ait un jour aimée.
Je voudrais pouvoir t'accueillir en laissant de côté ces sombres pensées. J'aimerais me libérer de ce trop lourd passé pour demain t’offrir un océan d’amour et de tendresse. Pourtant, en écoutant le petit battement de ton cœur sur le monitoring, je frissonne. Silencieusement, je frissonne : Serai-je une bonne mère ? Une mère sur laquelle tu pourras compter et t’appuyer ? Pourrai-je être cette mère aimante et responsable que je n’ai pas eue ?
Je ne devrais sans doute pas te confesser mes craintes. D'aucun diront que c'est une erreur, mais je te dois cette terrible vérité : Je tremble à l’idée d’être ta maman !
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