Moi, Christine Chapel, infirmière à bord de l'Enterprise.
*** Réception sur l'Enterprise
POV de l’auteur.
Le plus talentueux des docteurs de toute la galaxie pestedans ses quartiers, devant la table sur laquelle il adisposé son rasoir, un peigne et une crème qu'il utilisait sur sa peau. Il a fait un récurage en règle et a revêtu sa tenue de gala, celle qui lui enserre la gorge chaque fois qu'il la met. Et comme si ça ne suffisait pas, il galère à fixer les épinglettes honorifiques sur son veston bleu argenté. Déjà qu'il a eu un mal de chien à fixer les boutons de manchettes. Et en plus, quelqu'un frappe à la porte. Il grommelle, en abandonnant le pins de son insigne sur la table pour aller ouvrir. Quelle plaisante visite, c'est Miss Chapel, la jeune nurse. Y avait tout qu'allait pas, mais la vision devant ses quartiers est agréable.
« Bonsoir Christine, que puis-je faire pour vous ? » lui demande-t-il en portant son pouce à ses lèvres, il n'est pas question de tâcher son uniforme.
POV personnel.
« Je venais vous rendre compte des dernières évolutions de la créature, étant donné que vous m'avez demandé de ne pas utiliser les circuits des communicateurs. Pour l'instant, le sérum que vous lui avez administré, n'agit pas. Elle a continué de se développer, par contre, bonne nouvelle, cela a stoppé les éternuements ; nous ne risquons plus de nous retrouver catapulté contre un mur.
« Le capitaine va être enchanté de savoir ça » lâcha-t-il, à moitié satisfait. Il reprenait déjà son épinglette et essaya à nouveau de la fixer. Je vins à son secours.
« Puis-je, docteur ? » Je lui demande au moment de glisser ma main sous le tissu de la vareuse. D'un signe de tête, il me donne son accord. Je parviens à fixer correctement les quatre patchs triangulaires et colorés. Léonard Mccoy détenait la légion d'honneur, le prix de la vaillance de Starfleet et la décoration des chirurgiens de Starfleet. Il était bien sûr fier et honoré d'avoir ces médailles, mais il trouvait que ça lui prenait plus de temps pour s'habiller, car chaque patch devait être retiré lorsque son uniforme partait en décontamination. Non, on ne récurait pas les patchs de Starfleet, ça aurait fait partir le vernis.
« et voilà, tout beau comme un sou neuf » Je le taquine gentiment en lissant du plat de la main le bas de la vareuse.
« Avez-vous brossé vos souliers, docteur ? » Il passe et repasse son pied droit sur l'arrière de son pantalon, fait de même avec le pied droit.
« Ça ira bien, de toutes façons, nos hôtes ne baisseront pas les yeux devant nous, et tant mieux, je déteste tout ce protocole, juste bon à nous faire commettre un faux-pas ou à piétiner un tabou. J'espère que ça passera vite ».
Comme retentit la musique qui appelle les officiers sur le pont, le docteur me saisit par la taille et m'entraîne dans un petit pas de danse chaloupé. Il a envie de s'amuser, avant d'aller affronter une réunion de travail et une réception ennuyeuse. J’apprécie vraiment l'intermède. Le docteur Mccoy est particulièrement charmant et charmeur ce soir, cintré dans son uniforme bleu pailleté. Pas de réception pour moi, je suis de garde à la clinique, c’est moi qui vais surveiller le bébé glouton. Il me fait tournoyer sous son bras et me serre contre lui. Je sens les jambes du docteur frôler les miennes ; il me fait glisser à petits pas sur le sol de la cabine. Avec un petit sourire, je détourne de temps en temps la tête, je n’ose pas tout à fait le regarder dans les yeux.
« Docteur, j'hésite entre dire « j'ignorais que vous étiez si bon danseur » et … » Je m’interromps car je sens la main ferme du médecin appuyer sur mon bras et il me bascule doucement en arrière. Comment décrire la puissance de cette sensation ? La douce pression de ses mains dans mon dos, ses yeux souriants qui ne cessent de me regarder, ce mouvement qu'il imprime pour m'emmener dans la direction d'un rythme à trois temps
« Oui, terminez... » ajouta-t-il soudain curieux et encore un peu plus amusé.
« l'autre option, c'est « j'aurais dû m'en douter que vous étiez bon danseur ».
« Et bien, disons que je suis heureux d'avoir eu ces cours de danse à Starfleet, semestre obligatoire dans le cursus de tout bon officier. Savoir jouer de la seringue et avoir des doigts de fée n'étaient pas suffisant. Et puis… disons que ; ça m'a permis d'être un peu plus ….. sociable, on va dire. Quand je suis arrivé à Starfleet, et bien, ma foi, j'étais plus bon pour la caverne que pour l'ambiance caserne, si vous voyez ce que je veux dire». Je ne dis rien, je pince mes lèvres et lui lance un regard plein de compréhension. Oui, je comprends qu'il y a un lourd sous-entendu.
****Je mets un terme à la petite danse, je lui rappelle que nous avons tous deux des obligations.
POV de l’auteur
Désappointé, il la laisse partir, il l'aurait bien emmené avec lui ou alors il l'aurait accompagné jusqu'à la clinique. Elle dépose sur sa joue un baiser, après avoir demandé l'autorisation de le saluer ainsi en ajoutant :
« Pour vous donner le courage d'affronter vos responsabilités protocolaires, docteur. Tenez bon. Et si vous voulez, je vous biperai pour vous sortir de là.
« Chiche ? » lui lance-t-il, la mine enjouée par le défi qu'elle lui décoche. A dire vrai, il en serait ravi.
« Peut-être que mon télécommunicateur bipera le vôtre », ajoute t-il en prenant sa petite sacoche contenant tout ce qui pouvait servir en cas d'urgence : compresse, hypospray et son tricordeur.
« Espérons que je n’aie pas à m’en servir, mais il vaut mieux tout avoir sous le coude. Ah, et autre chose, Christine, pour ce qui est de notre patient, ne vous inquiétez pas, je lui ai posé une puce sous-cutanée, de telle façon que chacune de ses réactions sera enregistrée », dit-il, avant de saisir son communicateur extra-plat, celui des réceptions, et de le glisser dans son étui qu'il a à l'arrière de son pantalon.
« Donc s'il me mord à nouveau, ce sera consigné » rajoute t-elle, pas du tout rassurée.
« S'il vous mord, c'est lui qui sera consigné, et nous lui limerons les crocs, d'accord ».
Elle lui adresse un petit sourire et le regarde sortir de la pièce.
*** Cette réception officielle avait débuté par une réunion de travail que le capitaine Kirk appréhendait. Une délégation de «Féroziens» avait demandé l'arbitrage de Starfleet, dans une affaire de vol d'eau, un cours d'eau détourné par des «wateragistes» de la tribu d'à côté.
« Nous devons les empêcher, et c'est à la Fédération que nous demandons aide et conseil ! » explique leur responsable, en concluant son exposé.
Les approches hostiles s'étaient multipliées, aux dire des «Féroziens» présents autour de la table.
«Nous respecterons la Charte de la Fédération, étant donné que nous nous sommes engagés, mais nous ne tolérerons aucune provocation de la part des «wateragistes ». Spock ne trouve rien à dire à une telle déclaration empreinte de logique. Le capitaine Kirk assure que l'équipage de l'Enterprise se tiendra à leurs côtés pour aider à maintenir l'équilibre. L'hymne de la Fédération retentit dans la salle du Conseil et les participants se lèvent pour rendre hommage aux valeurs et à la paix. Spock réfléchissait à un moyen scientifique de résoudre le conflit, car il craignait que la bonne volonté d'un côté ne se heurte aux velléités belliqueuses de l'autre partie. Il faudrait, dans l'idéal, créer un canal de dérivation, pour scinder le cours d'eau en deux et ainsi satisfaire les deux parties. Il se promet de soumettre l'idée aux ingénieurs scientifiques de Starfleet, car il ne peut décemment pas s'engager sans suffisamment de garanties. Il fallait être sûr que ça marcherait.
***Scotty, à la cornemuse, entonne le morceau de musique tandis que les drapeaux de Starfleet et de la délégation Férozienne s’élèvent au-dessus de l'autel de la Justice et de la paix étoilée. Les doigts sur les coutures du pantalon, Mccoy, Spock et le capitaine Kirk sont impassibles, regardant monter l'insigne en tissu pour laquelle ils donnaient le meilleur d'eux.
***Lors de la réception qui suivit, l'atmosphère pesante qui avait accompagné le début de la réunion s’est un peu allégée. Les rafraîchissements sont en train d'être servis dans le petit salon à côté de la salle du Conseil. Les épouses des Féroziens ont pour habitude d'inviter chacun de leurs hôtes à partager des jeux aussi divers et variés et aussitôt, des tablées s'organisent. Mccoy se retrouve avec Mr Spock pour une étrange partie de cartes qui ressemblait à la belote. On parie des cacahuètes et le perdant est contraint de les manger, sauf s'il déclare forfait, après en avoir trop ingurgité. Le capitaine Kirk a un certificat médical signé de son praticien personnel, qui lui interdit de jouer à ces jeux, en raison d'un risque élevé d’œdème de Quincke, suite logique de ces nombreuses allergies. Conséquence de cette contre-indication, le capitaine Kirk est affecté à la danse, ce qui n’est pas pour lui déplaire.
***Une nouvelle supposée nuit stellaire est tombée sur l'Enterprise, la délégation a été raccompagnée jusqu'au port d'embarquement du vaisseau et les adieux ont été chaleureux. Ils vont se revoir bientôt et rien ne sera laissé au hasard ni à l'anarchie de l'autre camp. Les Féroziens sont assurés du soutien de la Fédération et Mr Spock a laissé sous entendre qu'il envisageait quelques solutions. Les trois officiers se saluent avant de rejoindre leurs quartiers.
« Voilà, Bones, vous allez pouvoir laisser votre cou respirer ! » annonce Kirk, en étouffant un petit rire complice.
« oh bon sang oui, mais d'abord je vais quitter mes souliers et les ranger dans leur boîte en espérant qu'ils ne ressortiront pas d'ici un bon bout de temps », maugrée le docteur, en soupirant.
« Illogique, docteur. Vos souliers n'étant dotés d'aucune volonté propre, il est peu probable qu'ils sortiront seul d'une boîte », assène le Vulcain, droit comme le I de sourcil, les mains croisées dans son dos, comme on le voyait souvent quand il formulait un postulat ; un de ceux qu'il a en magasin.
« Évidemment, fallait pas la louper, celle-là. Franchement, Mr Spock, vous ne pouvez pas vous en empêcher, et me mettre en boîte à cette heu... ». Le médecin lâche un soupir et laisse tomber ses bras en signe de défaite, suivi par le capitaine Kirk qui éclate de rire.
« Messieurs, arrêtons-là les joutes verbales et allons nous coucher. A demain. »
« Bonne nuit, capitaine » répondent les deux hommes et les trois officiers de Starfleet prennent des directions différentes.
***Léonard Mccoy marche vers ses quartiers. Le secteur dans lequel il se trouve est en mode actif, mais ceux qui sont en repos ont à leur disposition toute une batterie de fonctions pour désactiver les mécanismes sonores des appareils se trouvant à proximité de leur quartier de repos. Mccoy voit que l'infirmerie est encore allumée. Il désactive l'ouverture automatique qui fait, en temps normal, trop de bruit et passe en mode manuel. Il pousse lentement la porte et entre dans la clinique. Christine Chapel est assise sur un tabouret blanc à une des tables du laboratoire. Elle s’est assoupie, sa tête repose entre ses bras. Il s'approche doucement, et l’appelle en un doux murmure. Elle ne réagit pas. Il pose sa main sur son épaule et la secoue gentiment, elle n’a aucune réaction. Il la prend dans ses bras et la soulève délicatement pour aller la déposer sur un des lits de l'infirmerie. Il vérifie ses constantes, son pouls bat, il peut le percevoir, sa respiration est régulière quoi qu'un peu lente. Il palpe l'arrière de son crâne et le dessus de la tête, peut-être qu'elle a une bosse qui aurait pu provoquer un hématome intracrânien, mais il ne perçoit rien. Il prend son tricordeur et le promène autour d'elle, l'appareil ne révèle aucune douleur, aucune chute de tension, aucun accident circulatoire ou respiratoire. Il se saisit d'un hypospray et lui fait une injection. Elle est vivante, en bonne santé mais inerte. Il appuie sur un petit bouton au bord du lit, ce qui actionne une commande. Un drap et une couverture viennent recouvrir la jeune femme qui est là, assoupie mais inconsciente. Il passe sa main sur son visage, se frotte le front, pour effacer fatigue et soucis, il mord le bas de sa lèvre, fronce les sourcils, réfléchit aussi vite qu'il le peut. Doit-il prévenir le capitaine, Mr Spock et l'officier Sulu ? Certainement, mais pas avant d'avoir une idée claire de ce qui s’est passé pendant son absence. La logique commande d'aller interroger le tableur. Il l’avait connecté à la puce que portait la rhizobactérie qui leur croquait les doigts. Ce qu'il fait. Il s'approche de la table et élève la voix, usant d'un ton firme et un peu menaçant :
« Et si jamais j'apprends que c'est toi qui a fait ça à mon infirmière, je vais être très fâché, tu m'entends ? Je vais te "dépétaliser", tu vas voir. »
***Dans le labo, le tableur révélait quelques marques d'agitation, mais rien qui indiquait que la créature avait de près ou de loin attaqué la jeune infirmière. Bones quitte le laboratoire et revient vers Christine pour poursuivre son examen. Il se saisit de son hypospray, l'actionne en mode « prélèvement ». Peut-être que quelques millilitres de sang livreront de quoi faire un diagnostique. Il étouffe un bâillement, secoue la tête pour chasser la fatigue qui veut lui tomber dessus. Il se lève et va se commander un mug fumant, avant de croquer dans un fruit reconstitué, pour tenir. Il se penche au-dessus de son microbiophaseur et commence l'analyse du sang qu'il a prélevé.
« Bon, maintenant, fini de s'amuser. Ça ne prend plus ta petite moue. Maintenant, on va laisser de côté les sentiments et je vais te montrer de quel bois je me chauffe. » Bones, le regard noir et la main ferme empoigne un sécateur et tranche une des nombreuses ramifications qui partaient de la tige de la bio-plante. Un hurlement horrible jaillit dans la pièce, le cri d'un être vivant mutilé ; une plainte aiguë qu'avec horreur, il identifie. Les yeux écarquillés, le geste pétrifié, il se lève et se précipite dans la pièce d'à côté.
« Oh mon dieu, Christine, mais qu'est-ce que j'ai fait ».
La jeune femme est prostrée sur son lit, les genoux remontés sur sa poitrine, serrant contre elle ses bras, ses jambes qui sont comme lacérés. Il ne commente pas le fait qu'elle est sortie de sa torpeur, il attrape son protoplaseur pour cautériser les déchirures sur ses membres. Si une seule artère est touchée, la vie de la jeune botaniste est menacée.
« Saleté de plante, bon dieu, comment j'ai pu être aussi idiot.»
Autant Gertrude était d'une grande sensibilité et rentrait dans sa tige à la moindre agitation, autant ce végétal est maintenant un agresseur en puissance. La fureur déforme le visage du Dr Mccoy. Il multiplie les applications de protoplaseur au-dessus des plaies, mais il n’a pas l'impression d'être efficace. La vue brouillée par la colère, il s'efforce de maintenir le calme dans son esprit, se concentrant sur sa tâche et essayant de bloquer le flot de panique qui menaçait de détruire sa maîtrise. Il voit le visage de sa patiente virer au gris cireux, il est en train de la perdre. Il s'explose le poing contre le boîtier de commande :
« KIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIRK, VITE, URGENCE. VENEZ VITE ».
***La sonnerie de l'appel retentit au-dessus de la tête de James Tiberius Kirk, le virant de son lit. Quelle sortie violente. Il visualise immédiatement le plancher de sa cabine et se relève précipitamment pour aller basculer le biper en mode réponse :
« Kirk à infirmerie, j'arrive ».
Il se rue hors de son cockpit de repos et, torse nu, galope jusqu'au turbo lift pour rejoindre l'infirmerie. Il a déjà retrouvé sa vitesse de pointe, malgré ses yeux endormis et un léger fourmillement dans les pieds. Le sang circule à plein régime dans son corps et il court à perdre haleine. Il sait que Bones ne va pas flancher, mais l'urgence dans la voix du médecin chef est flippante. Qu'avait-il bien pu se passer ? Avait-il lui aussi été sorti du lit par une putain d'urgence ? En moins de quinze secondes il est aux portes de l'infirmerie, il déverrouille le système d'ouverture et fonce vers les lits. Ce qu'il découvre termine de le réveiller.
« Oh mon dieu, Bones, que se passe-t-il ? » hurle t-il. « C'est quoi ce sang, le vôtre ? Celui de Christine ? Qu'est-ce que je peux faire ? » Bones lui tend le protoplaseur : « Continuez de cautériser les plaies, moi je vais faire de la suture de microchirurgie. Avant de filer vers le labo il écrase à son tour le boîtier du télé-transmetteur:
« Mr Spock, ramenez-vous à l'infirmerie. Il nous faut une de vos fusions vulcaines et sortez Mr Sulu de son monde onirique. »
Bones plonge ses deux avant-bras dans deux cylindres qui lui désinfectent la peau, avant de se munir d'un scalpel à cautérisation laser immédiate. Il place un champ stérile autour de la plante. Il prend délicatement la pousse et s'affaire à réparer les dégâts qu'il a provoqués. Comme il l'avait fait pour l'oreille de Spock gravement endommagé lors d'une attaque, comme il l'avait fait de nombreuses fois sur des membres d'équipage, il fait preuve de minutie pour tenter de raccorder les fibres et les terminaisons nerveuses de la plante. Comme en plus, il se sent terriblement coupable, il prend encore plus de précautions, allant jusqu'à parler doucement. Soudain le bruit caractéristique des ventouses de porte se fait entendre.
« Officier Spock , sur place, que puis-je faire » demande t-il calmement.
« Comment ça se passe, Jim » questionne t-il sans interrompre son geste.
« J'ai cautérisé la dernière blessure » lance Jim, en maintenant le protoplaseur sur le bras de Christine. « Plus de saignements, mais elle souffre ».
« Très bien, Mr Spock, faites une fusion mentale d'apaisement à Miss Chapel, puis vous viendrez en faire une à ce végétal blessé, je vous expliquerai. Moi j'ai fini de suturer de ce côté là», annonce t-il, la voix faible, le ton grave.
« Attendez docteur, on peut encore faire un peu plus » s'écria Sulu en jaillissant du sas. Il tient à sa main un petit sachet qu'il est en train d'ouvrir. Ça contient une étrange poussière blanche qui ressemblait à du bicarbonate de soude ou à…
« Lieutenant Sulu, vous nous expliquez ? Dois-je vous rappeler les dégâts que cette poudre a faite ? Est-ce que le mot camé vous dit quelque chose », gronde le capitaine Kirk.
« Ne dites pas d'âneries, capitaine. Il s'agit d'un traitement à visée thérapeutique. C'est de l'aloe vera séchée et que j'ai réduite en très fines particules ! » explique Sulu en faisant le geste de piler quelque chose avec un mortier.
« Normalement, il aurait fallu réaliser une greffe avec le végétal, mais cette plante a déjà subi une lourde intervention et on ne va rien tenter là tout de suite, et puis notre médecin a déjà beaucoup donné de sa personne. »
Bones, penché sur la table, mains ouvertes, se frotte le visage et les yeux pour ramener un peu de fraîcheur dans son esprit et se secouer un peu. Quelle nuit de dingue.
« Allons-y, monsieur Sulu. Que voulez-vous que nous fassions ? » demande Bones, soudain un poil plus vaillant.
Sulu commence à écarter délicatement le bas du feuillage et verse une grande quantité de poussière tout autour de la tige.
« Cela va agir comme un engrais pour hâter la reprise, mais en même temps, les agents de l'aloe véra vont modifier le programme interne de la plante, diminuer ses velléités agressives et les remplacer par des molécules ayant des vertus cicatrisantes et calmantes. »
« En gros, vous envisagez une rééducation de ce végétal, c'est ça, Mr Sulu ? » demande Jim Kirk, un peu soupçonneux.
« Je n'ai jamais entendu dire que cela était possible, mais à cet instant précis, j'ai envie de vous croire ».
« Croyez-le capitaine, croyez-le. Tout ceci est d'une logique implacable. Influencer sur le cours de croissance d'un être vivant est tout ce qu'il y a de plus faisable, et de surcroît, c'est souhaitable. Maintenant, messieurs, je suggère que nous allions tous prendre un peu de repos. Permettez-moi d'intervenir pour donner un petit coup de main à notre chère infirmière et à ce végétal qui va avoir à mener une sacrée lutte contre sa blessure, contre sa nature et pour son salut, en acceptant ces nouveaux germes ». Et il invite le capitaine et le lieutenant Sulu sortir.
***Cette nuit là Mr Spock fait une fusion mentale supplémentaire, une de plus que celles demandés par Bones, et Bones a été bien inspiré de les demander au Vulcain. La première apaise Christine, la deuxième hâte la guérison de la plante et la troisième plonge Bones enfin dans le repos dont il a tant besoin, pour évacuer l'épuisement, la très forte tension, l'effroi et enfin la culpabilité. Ordre est donné de laisser le docteur Mccoy dormir jusqu'à complet rétablissement.
POV personnel
***Il me faut beaucoup d'abnégation et de courage pour me rétablir. Les nerfs ont été un peu malmenés lors de l'attaque et il m’a fallu réapprendre à faire fonctionner mes bras et mes jambes. A tour de rôle, Jim et l'équipage se sont affairés autour de moi pour me soutenir et me guider dans mes exercices. Sulu m’a apporté des fleurs, des gentilles jonquilles et il me fait rire, un tel traitement est assurément salutaire. Au plus profond de moi-même, je sais que faire partie de l'Enterprise est ce qui m’est arrivé de mieux, j’ai trouvé des amis, une famille et des gens qui tiennent suffisamment à moi pour ignorer leurs propres limites. Sulu lui a expliqué qu'ils allaient devoir éduquer ce végétal, les molécules qui lui ont été ajouté remplissent leur fonction, mais la plante va avoir besoin d'accompagnement. Tous trois collaborent et finissent par établir un protocole éducatif, similaire à ceux que la Fédération avait mis en place pour chaque nouvelle planète découverte par un des vaisseaux de Star Fleet. Programme d'enseignement, règles strictes et contrôle annuel. Sauf que la plante reste, pour l'instant, à bord de l'Enterprise. Elle a trouvé place dans le laboratoire de Mr Sulu, qui me rend compte et au capitaine des avancées.
***quelques temps après
Cette épreuve nous a évidemment encore un peu plus rapproché, au-delà de notre complicité professionnelle, il m’a sauvé la vie.
« Avez-vous entendu ce que je vous ai dit, docteur ? » Je demande en élevant un peu la voix. Je viens de finir de mettre à jour les dossiers et les relevés, tandis que le docteur Mccoy remplissait des doses dans différents hypospray pour les mallettes d'urgence des navettes et des ponts. Il est très concentré et il ne consent à lever les yeux qu’au moment où je pose ma main sur son bras :
« je vous demande pardon, Christine, vous disiez ». Je lâche lâcha un soupir de dépit.
« Je vous demandais si vous étiez d'accord de m'accompagner au mess pour déjeuner, ensuite nous pourrions nous téléporter sur Canopus, nous avons droit à un congé, il me semble. »
«Oui, cela serait une bonne idée, cependant je. Enfin. Vous savez Christine, je ne pense pas que… Après ce qui s'est passé, je... »
Le brillant médecin chef ne s’est jamais autant emmêlé les neurones dans une prestation orale. Je le trouve carrément mauvais, je ne le laisse pas s’empêtrer davantage, je mets un doigt sur sa bouche pour le faire taire.
« Docteur Mccoy, maintenant, vous allez arrêter et vous allez m'écouter. J'en ai assez de votre fâcheuse tendance à trouver tout le temps des excuses pour tout. Et en plus, vous sentir continuellement coupable de ce qui m'est arrivé, devient vraiment pénible. Je vous propose cette sortie, car visiblement vous n'allez pas le faire et moi, j'ai envie de passer un peu de temps avec vous, c'est clair ? »
Je ne lui laisse pas le temps d’en placer une.
***POV de l’auteur.
Il ne trouve rien à répondre ; elle a tout dit et avec un ton sans équivoque. Elle a été nette et précise. Il se dit qu'il doit faire quelque chose. Il lui prend la main et l’emmène loin de l'infirmerie, avalant les quelques centaines de mètres d'un pas alerte, en la priant de le suivre, comme s'il craignait de s'arrêter en route et de ne pas aller au bout de ce qu'il voulait faire. Arrivé près de ses quartiers, il déverrouille les double-portes et l'invite à entrer.
L'accident de Christine a fait remonter un lourd passé, mais il a décidé de dire les choses.
***Il lui avait fallu quelques secondes et une ou deux flûtes de champagne avant de finir par lui avouer que son ex-femme lui avait fait énormément de reproches lorsqu'ils avaient perdu la petite Evanaïa. Il avait été accablé par l'immense douleur mais elle l'avait crucifié avec des mots tellement durs qu'il avait ravalés et enfouis au fond de lui.
« Le jour où j'ai voulu m'approcher d'elle pour un geste tendre, elle s'est détournée de moi et m'a repoussé. Cela m'a fait tellement mal, quelque chose a été brisé en nous ce jour là et notre couple s'est fracassé contre le mur du silence, de l'incompréhension et de la colère. » Il détourne le regard d'elle pour tenter de masquer son émotion, mais il y parvient de plus en plus difficilement.
« Si je n'avais pas été médecin, m'aurait-elle autant puni, elle m'en a voulu de ne pas avoir pu sauver notre petite fille. A quoi auront servi toutes ces nuits de garde et ces journées interminables à t'attendre si tu n'es même pas capable d'empêcher ta fille de mourir, lui avait-elle balancé à la figure. Si seulement elle lui avait assené une claque, ça lui aurait fait moins mal.
***POV personnel.
Je suis très touchée par les confidences qu'il vient de me faire. Il me dit aussi que Jocelyn, son ex-femme, avait fini par enterrer la hache de guerre et qu'ils avaient réussi à trouver la voie de la politesse pour continuer d'élever Joanna. Il m’ explique que les heures douloureuses du passé se sont atténuées mais qu'elles ne sont point totalement effacées.
« Je me suis senti tellement mal en voyant ce que je vous avais fait, je ne voulais pas m'autoriser à espérer quoi que ce soit, sachant que j'étais coupable de ce geste maladroit et stupide. »
Je le fais taire une fois de plus et je me blottis contre son tee-shirt noir. Il me serre contre lui et enferme ses bras autour de moi, tendrement. Il baisse les yeux sur moi, me sourit affectueusement avant de déposer un chaste baiser sur ma joue. Je goûte la délicate saveur de ses lèvres et je me laisse aller à ce si joli moment.
***Nous demandons les jours suivants à être téléportés pour Canopus où nous passons quelques heures délicieuses, grisés par les belles émotions de l'amour naissant et du plaisir de marcher ensemble en se tenant la main. La nuit que nous passons à la belle étoile est prometteuse de levers de soleils intenses et sensuels, un embarquement pour un voyage au bout de nos envies, de notre désir, hors du temps, dans l'instant présent de notre immense bonheur.
***Plus tard :
Le turbo lift s'ouvre sur le docteur Mccoy. Ses lèvres viennent à peine de se détacher des miennes. Je deviens aussi rouge que la pierre que la pierre que je porte autour du cou. Léonard se contente d'hausser les épaules et se retourne, faussement dérangé :
« Bon sang de bois, vous pouvez pas prévenir, quand vous appelez les turbolifts, c'est pas vrai. Pas moyen d'avoir un peu d'intimité, sur ce foutu vaisseau ». Ce qui fait éclater de rire l'équipage. Spock ne peut s'empêcher d'ajouter :
« de la Vokaïa rouge ? J'ignorai qu'il en existait de cette sorte là ».
Et Sulu d'expliquer que c’est dû à la poudre d'aloe Vera qui a modifié la teinte de la Vokaia.
« Et reste-t-elle radioactive et traçable ? » demande Kirk, décidément très en verve, et amusé par tout ça.
« Évidemment que non, elle ne l'est pas. Vous me prenez pour qui ? Je suis docteur, pas détective privé ».
Et l'équipage part d'un nouvel éclat de rire, le docteur Mccoy a encore eu le dernier mot.
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