La silhouette sombre

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James se situe juste devant moi. Je le suis. Je le surveille. Quand il se retourne pourtant, il ne me voit pas. Il faut dire que je me fonds dans le décor, tel un caméléon.

Il marche au milieu de ce parc jonché d’arbres, par cette belle journée ensoleillée. Parfois, parmi les feuillages, je perds sa trace. Je me mélange au paysage.

James s’assois sur le banc dans ce parc, je ne suis pas loin de lui, comme toujours. Je suis sûr qu’il attend cette Holly.

Il vient ici tous les dimanches après-midi et elle, elle s’assoit toujours sur le banc d’en face. Il la regarde, par-dessus son journal qu’il ne lit jamais.

C’est à peine si elle voit qu’il est là, alors que lui il ne rate jamais un dimanche. Si seulement je pouvais aller voir James et lui dire à quel point il est ridicule !

De toute façon il ne me voit pas, il ne m’entend pas… à croire que je n’existe pas pour lui.

Et cette Holly, toujours bien apprêtée. Toujours impeccablement coiffée, maquillée et habillée toujours avec goût. Elle m’écœure par sa perfection.

Sincèrement elle ne peut pas ouvrir les yeux ? Elle ne peut pas se rendre compte que ce nigaud de James est sur le banc d’en face tous les dimanches ?

Ceci dit c’est peut-être aussi bien qu’elle ne s’en rende pas compte, il serait bien fichu d’être arrêté pour comportement suspicieux.

Il se lève, je me déplace à sa suite. Mais où va-t-il ? D’habitude il s’en va vers la fontaine, fait deux fois le tour lentement, avant de repasser devant le banc d’Holly.

Qu’est-ce que ça peut rendre con l’amour sincèrement ! Oh zut ! Le ciel s’obscurcit. Je perds sa trace.

Oui, je sais ce que vous vous dites : « Mais quel rabat-joie ? »

Oui je sais… c’est beau l’amour… C’est doux… Gna gna gna. C’est niais oui !

On ne se connaît pas depuis longtemps et le peu de temps que nous avons passé ensemble doit vous faire dire que je suis quelqu’un de sombre, de triste à mourir ou pire : de mauvais.

Je ne suis rien de tout ça. Je suis juste blasé.

Ça fait des années que je suis James dans ses moindres mouvements. Des années que j’assiste impuissant à ses innombrables râteaux, à ses échecs en amour et à ses filatures plus que douteuse.

Est-ce qu’il se demande ne serait-ce qu’une seconde ce que moi je ressens ? Oui il sait très bien que je le suis. Même s’il ne me voit pas, je lui colle à la peau. Il le sent.

Ah ! Une éclaircie. Où est-il rendu cet andouille ?

Oh ce n’est pas vrai quel boulet ! Il est aller s’asseoir à côté d’Holly et maintenant nous sommes tous les trois sur le banc d’en face.

Tiens, c’est qui ça ? Un bien belle silhouette dites-moi. Mais c’est qu’elle se collerait presque à moi avec ces formes divines.

Oui bon, peut-être que celle sui suit Holly me fera changer d’avis qui sait. Encore faut-il que James, l’humain donc je colle aux basques depuis sa naissance, ose articuler quelques mots.

Je suis quelqu’un de très sombre et je passe ma vie à suivre un humain. Je suis impuissant, on ne peut pas m’entendre et je disparais dès que le soleil se cache.

Je ne suis pas un psychopathe, je suis simplement une ombre qui aura peut-être un rencard avec l’ombre d’Holly, si James ouvre enfin la bouche.

© Tous droits réservés-Noralifewriter - 2020

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