Chapitre 4 : La Première Tâche (1)

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 Plus Cassius craignait le jour de la première tâche, plus celui-ci se rapprochait. Et inversement, inéluctablement.

 La veille du jour de l'épreuve, Adrian le réveilla en lui lançant un coussin au visage.

 — Dépêche-toi, tu vas être en retard.

 Il était déjà prêt et sortit l'attendre dans la salle commune. Le dortoir était vide. Cassius enfila en hâte quelques vêtements et rejoignit Adrian en bas. Il n'y avait personne non plus. Ils se dirigèrent vers la Grande Salle qui se vidait aussi. Assis à la table des Serpentard, Cassius tournait et retournait sa cuillère dans son bol sans avaler grand chose, sous le regard inquiet de son meilleur ami. Celui-ci lui proposa des beignets fourrés aux pommes et même des chocolats qui fondaient dans la bouche mais rien n'y fit.

 — C'est la première tâche qui te préoccupe tant ? s'inquiéta Adrian.

 Cassius leva les yeux.

 — Ou bien est-ce Pansy ?

 Cassius baissa immédiatement la tête vers ses céréales.

 — Vraiment ? dit Adrian. Tu passes demain la première épreuve du Tournoi des Trois Sorciers et tu ne penses qu'à ta défaite face à une quatrième année ?

 — Crois-moi, soupira Cassius, la première tâche m'occupe aussi l'esprit. Mais elle le ferait sûrement plus si je savais en quoi elle consistait.

 Adrian ne fut pas dupe et ne laissa pas la conversation changer de sujet.

 — Ne t'en fais pas Cassius, tout le monde oubliera ta défaite écrasante face à Miss Pansy quand tu auras botté les fesses de ce Viktor Krum ! En attendant, tu n'es pas dispensé de cours.

 Adrian se leva, serra l'épaule de son ami et s'éloigna. Cassius abandonna son petit déjeuner pour partir avec lui. Ce n'est que juste avant de traverser les portes de la Grande Salle qu'il réalisa qu'il n'avait pas son sac.

 — Ah ! oui, rétorqua Adrian, je dois l'avoir mis quelque part par là.

 Il fouilla dans son propre sac et en sortit quelques instants plus tard celui de Cassius, qui était au moins aussi gros que le sien, et le lui rendit.

 — J'ai déjà mis toute tes affaires dedans.

 Ils sortirent donc dans le hall d'entrée et se dirigèrent vers le cours de Sortilèges. Cassius n'était qu'à quelques pas de la salle lorsqu'un « CRAC ! » retentit, suivi du bruit de plusieurs livres qui s'écrasent au sol et de bouteilles d'encre qui explosent. En un instant, le poids sur ses épaules semblait s'être relâché. Cassius baissa les yeux et vit son sac déchiré et tout son contenu déversé sur le sol. Dans un soupir, il se tourna vers Adrian qui avait déjà ramassé plusieurs livres.

 — Laisse, je m'en occupe. Je ne vais pas te mettre en retard plus que ça. Dis à Flitwick que j'arrive.

 Tandis qu'Adrian s'éloignait, Cassius se mit à genoux. À ses pieds, son Manuel de métamorphose avancée si précieux était maintenant imbibé d'encre. Tandis qu'il le nettoyait en murmurant quelques formules magiques, il entendit des bruits de pas venir dans sa direction et s'arrêter juste en face de lui. Il leva alors les yeux pour découvrir Harry Potter qui se tenait debout au-dessus de lui. Cassius se releva instantanément. Qu'est-ce qu'il faisait là ?

 — La première tâche, dit-il, c'est d'affronter des dragons.

 — Quoi ?

 — Des dragons. Il faut passer devant eux sans se faire brûler.

 Cassius le fixa, incrédule.

 — Qu'est-ce que tu racontes ?

 — Je suis absolument certain, je les ai vus.

 Une question traversa alors l'esprit de Cassius.

 — Pourquoi tu me dis ça ?

 Harry s'apprêtait à répondre quand il fut interrompu par le pas claudiquant du professeur Maugrey qui venait de surgir derrière lui.

 — Viens avec moi, Potter. Toi tu t'en vas, Warrington.

 Les bras chargés de parchemins et de livres, Cassius se dépêcha d'aller en cours. Il s'excusa brièvement pour son retard mais, avant même qu'il ne se soit assis à côté d'Adrian, le professeur Flitwick avait déjà repris sa leçon. Cassius n'attendit pas plus longtemps pour raconter à son ami ce que Potter venait de lui dire.

 — Des dragons ? s'écria Adrian.

 Plusieurs têtes se tournèrent vers lui et le professeur à l'autre bout de la salle sembla quelque peu déstabilisé, ne comprenant pas ce que des dragons avaient à faire avec les effets secondaire du sortilège d'Eau.

 — Tu veux dire de véritables dragons en vie, ici, à Poudlard ? reprit Adrian en chuchotant, lorsque plus personne ne les regarda.

 Il y avait une pointe d'inquiétude dans sa voix. Et Cassius ne s'en sortait guère mieux. Si, jusque là, emporté par les événements de ce mois mouvementé, la première tâche lui était sortie de l'esprit, elle était maintenant passée numéro un dans la liste de ses problèmes à résoudre. Comment allait-il bien pouvoir se débrouiller pour affronter un dragon et en ressortir en un seul morceau ? Se retrouver face à face avec ces créatures était déjà effrayant, mais savoir par avance qu'on allait devoir passer devant l'une d'entre elles dans à peine un jour l'était encore plus. En deuxième place sur sa liste se trouvait le fait que Potter lui en ait parlé. Pourquoi un Gryffondor aiderait-il un Serpentard ? Il ne pouvait voir aucune raison qui puisse avoir poussé Potter à faire cela. Peut-être le jeune élève était-il encore trop innocent, peut-être qu'il ne réalisait pas vraiment tous les enjeux de cette compétition. Mais quand bien même, les Gryffondor avaient toujours voué une haine certaine (et réciproque) envers les Serpentard. Ou alors était-ce justement de cela qu'il s'agissait. Une ruse pour lui mettre des bâtons dans les roues. Mais puisqu'il n'avait aucune autre piste, Cassius allait creuser à fond sur celle-ci, quitte à perdre du temps. Il n'avait rien d'autre à perdre, de toute manière. En dernière position sur sa liste se trouvait Pansy Parkinson.

 Cassius se tourna lentement vers Adrian.

 — Pourquoi je me suis embarqué là-dedans ? demanda-t-il d'un air désespéré.

 — Pour gagner, répondit Adrian du tac au tac.

 Cette phrase eut l'effet d'un électrochoc sur Cassius. Car c'était exactement pour cela qu'il avait inscrit son nom sur ce bout de parchemin avant de le jeter dans la Coupe de Feu. Jouer, et gagner. Cette adrénaline qui s'emparait de lui lorsqu'il élaborait des stratégies pour prendre le contrôle de quelque chose qui lui échapperait toujours, l'inconnu et la compétition qui le poussaient sans cesse à se dépasser et à voir au-delà du cadre, l'immense satisfaction quand il finissait premier et tout ce qu'il pouvait tirer des erreurs qui l'avaient fait atterrir à une autre place pour ensuite devenir le numéro un. C'est tout cela qui l'avait mené dans cette maison, qui avait fait de lui un Serpentard et qui maintenant l'avait poussé à entrer dans ce tournoi. En cet instant plus que jamais, il était déterminé à devenir le vainqueur de la Coupe des Trois Sorciers.

 C'est ainsi qu'à l'heure suivante, lui et Adrian décidèrent de se dispenser de cours de Défense Contre les Forces du Mal pour faire quelques recherches à la bibliothèque. À leur arrivée, Madame Pince leur jeta le même regard méfiant que durant leurs six années à Poudlard et auquel ils ne prêtèrent donc guère d'attention. Ils se rendirent directement au rayon consacré aux dragons. En voyant l'énorme quantité de livres qui les y attendaient, Cassius regretta la fascination que portaient les sorcières et les sorciers à ces créatures.

 Ils se mirent au travail tout de suite. Ils trouvèrent toutes sortes de livres. Adrian en attrapa un si vieux qu'il tomba en décomposition entre ses mains, formant un petit tas de poussière qu'il essaya de dissimuler sous les immenses bibliothèques. Cassius trouva une encyclopédie illustrée des œufs de dragons purs et hybrides si fascinante qu'il faillit en oublier sa mission. Il y avait des livres qui parlaient le langage aquatique, certains durs comme la pierre qu'on ne pouvait pas ouvrir et d'autres encore qui crachaient du feu. Tout ce boucan finit par attirer l'attention de Madame Pince qui ne cessait de passer et de repasser suspicieusement devant leur rayon. Elle avait peut-être été prévenue qu'il fallait surveiller les champions qui s'intéressaient de trop près aux dragons. Ils décidèrent donc de prendre quelques livres et de s'installer plus loin.

 Cassius se plongea dans Les Animaux Fantastiques de Newt Scamander et se fit quelques frayeurs en découvrant que les flammes du Suédois à museau court pouvaient réduire en cendre les os les plus solides, que le Magyar à pointes pouvait cracher du feu jusqu'à quinze mètres ou que le Dent-de-vipère du Pérou, amateur de chair humaine, possédait des crochets venimeux. Adrian, lui, lisait un ouvrage sur les habitudes sociales des dragons. Malheureusement, le livre s'arrêtait abruptement en plein milieu d'un mot, avant que le chapitre « Neutraliser facilement un dragon par la diplomatie » annoncé dans le sommaire n'ait pu être abordé. Une note sur la dernière page précisait que l'autrice avait été embrochée puis rôtie par une Cornelongue roumaine avant qu'elle n'ait pu écrire la fin de son ouvrage.

 Dépités, ils remirent les livres à leur place et Cassius remarqua alors, sur l'étagère la plus haute, un livre épais dont le titre Ensorceler les dragons était écrit en grosses lettres dorées sur la tranche. Il était tellement lourd qu'il eut beaucoup de mal à le porter jusqu'au bureau de la bibliothécaire, sur lequel il s'écrasa en faisant s'élever un nuage de poussière dans les airs. Madame Pince, les bras croisés, s'avança vers eux d'un air menaçant.

 — C'est pour quoi ? demanda-t-elle sèchement.

 — Pour emprunter, répondit Adrian. Vous savez, le but d'une bibliothèque.

 Elle plissa les yeux comme s'il y avait quelque chose de suspect à déceler dans cela puis ouvrit tout d'un coup la couverture et y inscrivit leur nom avec une telle frénésie qu'il semblait qu'elle allait déchirer la page avec sa plume. Finalement, elle leur tendit avec réticence le livre d'une seule main, comme s'il était aussi léger qu'un journal, et Cassius dut le tirer d'un coup sec pour qu'elle accepte de le lâcher. Dans un soupir, ils purent enfin prendre la direction de leur salle commune. Ils ne prirent pas la peine de commenter ce qu'il venait de se passer car c'était devenu une scène habituelle pour tous les élèves de leur maison. Face à eux, la bibliothécaire tenait à ses livre comme à la prunelle de ses yeux.

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