Symbiose

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(J'écris actuellement un roman sur la passion sous toutes ses formes et je me suis dis que je pouvais en proposer un extrait qui remplissait bien les critères de ce défi ^^ j'espère que ça ne posera pas de soucis de compréhension et bonne lecture !)

[...]

Le repas se termina sans autre incident, les deux jeunes hommes se retrouvèrent dans la chambre du blondinet après la douche règlementaire du soir. Lucian revint de la salle de bain, il frottait avec énergie ses boucles humides avec sa serviette, si absorbé dans cette tâche que le tableau renaissant qui s’offrit à lui le surpris.

Sur le lit, Morgan, étendu sur le ventre, face à son ordinateur portable. Des gouttes roulaient de ses mèches platines pour s’écraser sur son large t-shirt ; le coton blanc dévoila en transparence ses omoplates où le tissu marquait un pli qui guida son regard jusqu’aux reins cambrés. Les deux fossettes luisaient encore, mal séchées, sous la lumière artificielle du plafonnier ; sa gorge s’assécha, il pouvait sentir le creux de sa taille dans ses mains et ses pouces caresser ces deux tentations. Son exploration ne cessa pas malgré les commentaires des animateurs de la course retransmise à travers l’écran, brisant le silence de la chambre. Ses yeux escaladèrent les collines charnues dont la rondeur révélait leur rebondi sous l’ourlet de ce short outrageant, puis dévala les jambes imberbes. Un loup s’éveilla dans son bas-ventre, il grognait et grattait un désir qu’il s’interdisait.

Le rouquin s’intima à la maîtrise. Cette errance n’avait rien de correct, nulle part, jamais. Leur amitié primait sur ces bas instincts, et son père le tuerait s’il l’apprenait. Il abandonna sa serviette sur le sol, poussa le blond pour se faire une place bien que le lit simple exigeait qu’ils se collent l’un à l’autre et s’adossa aux oreillers pendant que son ami installait l’ordinateur sur leurs genoux.

La chaleur libérée par le roux enveloppa Morgan autant que son odeur le submergea. Même le gel douche au classique bois de santal ne masquait pas le musc masculin naturel de son meilleur ami. Sa ferme musculature, pressée contre son corps souple, attisait ses hormones immatures. Un feu s’alluma au creux de ses cuisses qu’il frotta l’une contre l’autre dans l’espoir vain de l’étouffer avant qu’il ne provoque une réaction embarrassante de son corps.

Sur l’écran, le plan de la course s’affichait, explicité par les présentateurs aussi barbants que pour tous les évènements sportifs ; l’attention du blondinet fut happée dans son analyse personnelle de ce parcours autrement plus dangereux que sa dernière escapade dans les falaises. Des frissons dressèrent les poils de ses bras, ce vulgaire plan de vol suffisait à titiller son adrénaline : montagnes, volcan, forêt, rivière, cette épreuve finale en Islande exigeait une polyvalence de la part des cavaliers.

A ce stade de la compétition, il ne restait que cinq participants, les meilleurs et sans doute les plus chanceux car les obstacles naturels et conditions de vol n’étaient pas les seules difficultés des tournois professionnels.

Ils trépignèrent lors de la présentation des challengers, ils avaient déjà leur favori mais les stratégies de chacun renforçaient leur passion d’amateurs. La tactique, le point de détail qui séparait les meilleurs des novices. Chaque concurrent plaçait trois atouts sur le parcours avec la liberté de les déclencher une fois à n’importe quel moment. Un piment qui renversait l’échiquier à coup sûr car il n’y avait aucune règle outre l’interdiction de mettre la vie d’un tiers en danger.

Un jour, ils iraient sur place. Sur le terrain ou dans les gradins, peu leur importait mais ils voulaient vivre ça, connaître l’euphorie incomparable d’assister à un grand moment. Ils pourraient acheter des places en réalité virtuelle, mais ils ne pourraient pas profiter de la course ensemble, et quelque part, ils aimaient garder ce plaisir intact pour que l’intensité soit à son paroxysme dans la réalité.

La course démarra, comme souvent, en douceur. Bien que les participants se connaissaient déjà, ils se jaugeaient, tentaient de deviner les fourberies à venir. Chacun savait que prendre la tête lorsque tous les pièges étaient encore à disposition demandait de la témérité. Ou de l’inconscience. Un candidat se dévoua au rôle.

Bien vite, l’hystérie gagna les deux jeunes hommes dès lors que les premières embuscades furent déclenchées. Si Morgan admirait la stratégie, Lucian privilégiait l’ingéniosité des dispositifs : fumigènes, filets, peinture, ventilateurs, et tant d’autres. Les garçons se firent violence pour se retenir de crier leurs encouragements et d’hurler leur plaisir. Ils jouirent de la victoire avec leur favori, gloussaient en chœur, submergés de bonheur. Ces effusions de joie taries, ils girent dans le lit, le souffle écourté, un sourire béat ornait leurs lèvres. Le calme repoussa l’adrénaline, ils échangèrent un regard complice, la fainéantise engourdissaient leurs corps relâchés, le reste du monde n’existait plus à cet instant. Il n’existait plus que leurs âmes unies, en résonnance.

Tout était réuni. Trop engagés, la vacuité de leur volonté se révéla à eux. Ils luttaient contre une obscure loi de l’univers qui les poussaient, impérieuse, l’un vers l’autre. Leurs visages se rapprochèrent, leurs respirations se mêlèrent. Une hésitation ; les yeux se fuyaient, cherchaient la courbe de leur bouche. Enfin, les paupières tombèrent, vaincues, et les lèvres s’effleurèrent. La timide caresse de ces tendres pétales s’enhardit d’une passion longtemps étouffée.

Morgan agrippa le coton écarlate du débardeur de son ami tandis que Morgan enveloppait sa joue de sa main brûlante. Le mécanicien percevait son inexpérience au travers des nombreuses maladresses qui ponctuaient ce qu’il ignorait être le premier baiser du blondinet.

Une lame de possessivité déferla dans son corps, submergea son cœur et brisa sa raison. Morgan lui appartenait, il devait rester avec lui, rien qu’à lui. Un froid mordant le glaça jusqu’aux os. C’était la peur qui l’emporta dans un ressac, qui l’arracha à cette étreinte désirée en secret.

Il recula, manqua de tomber du lit ; il cherchait déjà une excuse, paniqué, coupé dans son élan par le spectacle qui s’offrit à son regard.

La peau de Morgan imitait la surface de la glace, cristalline et bleutée, ce nouvel aspect soulignait les traits fins de son visage comme l’une de ces inaccessibles statues de perfection exposées dans les musées. Sa chevelure restait libre, elle luisait d’un bleu clair, lui prêtait des airs de créature jaillie des abysses. Sublime…

Morgan retint une plainte, déçu, lorsque son ami rompit le baiser. Il se sentait égaré, c’était trop tôt, ses lèvres réclamaient plus. La réalité le frappa alors, cet acte, ce désir interdit, il avait cédé. Il se redressa sur les mains, la tête rentrée dans les épaules, il affrontait son premier moment de gêne avec son meilleur ami. Ces traits coupables lui fendaient le cœur, il réagit aussitôt, une épaisse carapace cadenassa ses sentiments amoureux, il devait lui assurer qu’ils pouvaient feindre que ce baiser ne représentait rien.

L’admiration qui pétilla dans les yeux ambrés le surprit, il prêta attention à sa propre personne et la joie balaya ces tourments pour l’instant.

Il admira les reflets de la lumière sur son bras glacé, Lucian approcha ses doigts de sa main, il n’hésita pas à lier leurs doigts, malgré l’embarras du moment précédant, ils en avaient besoin. Le rouquin palpa la peau de son meilleur ami, fasciné par sa texture réaliste, glissante, fraîche.

La glace en contact avec la main de Lucian fondit mais conserva la forme des membres du jeune homme qui imitait la surface cristalline d’une eau pure. Morgan soupçonnait un certain schéma entre leurs pouvoirs.

Les deux garçons repoussèrent l’heure du coucher plus que de raison, absorbés par leurs étranges capacités qu’ils tentaient d’invoquer de leur plein gré.

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