Chapitre 36 - La sentence

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Nous marchons sans rien dire vers le lieu de restauration.

- Je dois avouer qu’Alexandre est un très bon orateur, avoue mon avocat une fois le groupe installé dans la cafétéria. Cela ne joue pas vraiment en notre faveur.

- Ce salaud va me le payer ! gronde Matéo en faisant trembler la table.

- Calme toi Matéo, intervient sa mère d’un ton dur. Ton comportement orageux n’aide personne.

Mon homme ne réplique pas car je sais qu’il reste concentré dans ses pensées. Nous allons chercher nos plateaux repas sans grand appétit. Julie est complètement repliée sur elle-même et semble subir le procès tandis que Laura semble ailleurs. Je suppose qu’elle se demande comment Alex va la cuisiner lors de son passage après la pause repas.

- Après la dernière intervention, les jurés vont probablement se retirer pour délibérer, poursuit notre avocat. Cela m’étonnerait qu’ils demandent de poursuivre car à mon avis, la décision va être prise rapidement.

J’ai peur des résultats car les deux avocats qui se font face sont parmis des meilleurs de la ville et nous savons qu’un seul gagnera. D’ailleurs, en l’attente d’un résultat, aucun membre du cercle n’est venu nous soutenir.

Le reste du déjeuner se déroule dans un silence de mort. Seul quelques répliques sont partagées mais personne n’ose parler. Heureusement pour nous, aucun membre de la famille Damas ne mange dans la cafétéria. Dans le cas contraire, je n’aurais pas donné deux secondes à Matéo pour déformer le visage de mon ex.

À présent, nous attendons devant porte de notre salle que le procès continue. L’un des vigiles ne tarde pas à nous faire entrer dans la salle. Nous nous installons avec des mouvements robotiques devant les jurés.

Sans ajouter quoi que ce soit, je prends la main de Laura pour lui montrer mon soutien. Dans certaines circonstances, les gestes sont plus puissants que les mots.

- Nous pouvons reprendre la séance, clame le juré principal une fois que le public est installé.

Cette fois, c’est au tour de mon amie de se lever pour raconter les faits après avoir été appelée par notre avocat comme victime.

- Je connais Alexandre depuis mon entrée à l’université de droit, commence-t-elle la voix posée. C’est un homme qui aime sortir et assez populaire auprès des filles mais il est sorti avec Valentina pendant un court moment. Je peux affirmer qu’il n’a jamais couché avec elle car mon amie possède des valeurs sures. Elle n’était pas amoureuse de lui et par conséquent n’aurait jamais…

- Venons-en au fait ! s’exclame l’avocat d’Alex.

Je remercie intérieurement mon amie de m’avoir défendu à l’encontre de ce qui était prévu. Sans se laisser démonter Laura lâche un regard assassin dans sa direction avant de continuer dans le sens souhaité.

- J’ai commencé à me rapprocher d’Alexandre après sa rupture car il me plaisait. Mais comme le savent mes amies, l’attachement que je peux montrer à un homme peut très vite s’évanouir. Durant la dernière soirée chez Charlie fin juillet, j’ai rencontré une personne qui m’a attiré plus qu’Alexandre. Ce dernier ne l’a pas supporté car il a l’habitude d’être toujours celui que tout le monde préfère. Nous avions bu tous les deux mais je me rappelle avoir été abusée. Il m’a amenée dans une chambre mais je n’ai pas pu faire grands choses pour me défendre et le pire est arrivé. Je ne pourrais malheureusement pas affirmer le déroulement de cette ignoble action.

Laura mentionne qu’elle a terminé puis rejoint notre banc. Maintenant, c’est à Alex de s’expliquer pour la troisième fois. Nous avons toutes été courageuses pour nos aveux intimes devant toutes une assemblée. Les jurés n’ont pas de question à poser à mon amie et je commence à sentir la pression monter dans mon corps.

- J’affirme avoir eu des rapports sexuels consentit avec Laura. D’ailleurs cette jeune femme couche avec n’importe qui, elle devrait faire attention. Elle me dénonce comme agresseur juste parce qu’elle n’a pas pu contrôler notre rapport sous l’effet de l’alcool. J’ai entendu dire que Laura aimait avoir le dessus donc quand j’ai pris les devants elle a dû penser sous l’effet secondaire que je lui faisais du mal. Cependant, la demoiselle se trompe assurément, nos échanges sexuels étaient consentis.

Alex termine avec un sourire d’innocent puis part se rasseoir. Il faut avouer qu’il est vraiment bon orateur, une qualité que je ne soupçonnais pas. Laura a été courageuse car c’est elle qui en a le plus pris durant cette séance. Se faire traiter indirectement de fille facile devant sa famille ne doit pas être facile à encaisser. Néanmoins, je suis contente qu’elle assume pleinement ce côté de femme sexuellement libérée.

- Nous en avons terminé, s’exclame le juré principal après avoir partagé quelques mots avec ses collègues. Nous allons délibérer puis annoncer prochainement le résultat du procès.

Lorsque les jurés se lèvent dans un grincement de chaise, des puissants murmures commencent à gagner l’assistance. Notre avocat nous renseigne à voix basse qu’il ne connait absolument pas la finalité de ce procès.

Nous patientons environ quarante-cinq minutes avant que les jurés ne reviennent vers nous. Il faut dire que chaque seconde qui passaient rendait tout le monde de plus en plus angoissé. Je suis soulagée que le procès touche à sa fin. Nous avons mangé tard et il est maintenant presque quatre heures de l’après-midi.

- Nous avons pris le temps d’analyser à tête reposée chaque partie de ce procès, clame le vieux juré principal. Nous avons conclu que seul le témoignage de Julie Perrin était recevable.

À ces mots, des murmures de protestations se lèvent parmi public. Je sens la vibration que Matéo provoque en frappant avec force le banc.

- Nous avons également pris en compte le profil d’Alexandre Dama, poursuit-il sans se soucier des protestations de l’assistance. Nous avons donc conclu que l’accusé ici présent serait condamné à six mois de sursis. Si après ce temps imparti, monsieur Damas a bénéficié d’une conduite exemplaire, aucune reprise judicaire ne sera conclue.

Une fois la séance levée, je remarque que mon homme se lève d’un bon et se dirige sans ménagement à l’extérieur sans s’excuser auprès des gens qu’il bouscule. En jetant un œil du côté des Damas, je suis ulcérée par leur comportement satisfait et heureux.

- Il est difficile de faire condamné des agresseurs sexuels, surtout chez les personnes aisées, soupire notre avocat désolé par cette défaite.

C’est l’esprit abattu que nous nous dirigeons vers la sortie. Quelques regards et répliques compatissantes nous sont adressées en guise de soutient de la part de personne que je ne connais même pas. Je remercie mon avocat pour avoir défendu un dossier aussi gros avec trois victimes et je ne lui en veux pas car il a fait tout ce qu’il fallait.

Il faut dire que ma famille a dépensé une fortune pour ce procès. Je ne sais pas quels ont été les stratégies mise en place par les Damas pour gagner. Ce procès est donc perdu injustement face à un homme qui a vraiment commis ces agressions sexuelles.

- Je suis désolée Tina, souffle Irina avant de me prendre dans ses bras. Va retrouver ton amoureux, il semble vraiment sur le point d’exploser. On se verra plus tard quand tu auras un moment.

Mon amie a raison, il faut que je le retrouve avant qu’il ne fasse une bêtise. Je cherche avec inquiétude Matéo du regard parmi la foule qui sort du palais de justice. Je le repère enfin en train de cogiter sur les marches devant le bâtiment.

- Cela ne sert à rien de s’énerver, je lui explique. Il faut accepter cette défaite aussi injuste soit-elle. Je suis aussi mal que toi mais nous ne pouvons plus rien faire.

- Tout le monde savait ce qu’il a fait ! s’écrit-il sans se soucier du regard des passants. J’en ai ma claque de ses magouilles de riches !

- Je vous demande de vous calmer monsieur, intervient un vigile.

- Nous devons partir mon amour, je poursuis en le poussant de force vers la voiture que mon père s’est dépêché de déplacer à l’entrée.

Un silence de mort est présent dans la voiture tout au long du trajet. Matéo semble sur le point de tuer quelqu’un tandis que ma mère essui ses larmes de frustrations. Mon père est totalement stoïque et ne laisse transparaitre aucune émotion signe d’une humiliation extrême.

Nous arrivons dans la maison accueillit par Maria qui nous a préparé pleins de choses pour le gouter. Notre domestique ne nous demande rien car elle voit bien à nos mines défaites quel a été l’issu du procès.

Alma et ma mère s’installe dans le canapé pour discuter d’un air grave tandis que mon père s’isole comme à son habitude dans son bureau. Matéo me suit sans un mot jusqu’à ma chambre et je m’installe près de lui allongée sur mon lit. Il ne faut pas que je bloque mes émotions en rationalisant cette affaire comme je l’ai fait sur les marches du palais de justice.

- C’est tellement injuste, je gémis en me collant ma tête contre son torse.

Je commence à laisser transparaître ma colère et ma tristesse au contraire du calme qui est revenu chez mon amoureux signe qu’il est prêt à accueillir mes émotions. Je me laisse aller à des flots de larmes contre l’homme qui me soutient en toutes circonstances.

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