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Depuis la soirée avec Blanche, Capucine manifeste régulièrement son envie de rencontrer Hélène, une autre fidèle de Romain. Il reste prudent. Même si les deux filles partagent la même curiosité l’une pour l’autre, il explique à Capucine que Hélène est plus « compliquée » que Blanche. Il a peur que les choses ne se passent pas aussi bien. Finalement, il se décide un soir et invite Capucine à les rejoindre, lui et la jeune femme. Avec sa jupe plissée et son air mutin, elle séduit tout de suite Capucine. Elle est plus petite qu’elle, et sa poitrine semble bien plus développée. Romain a déjà confié préférer les seins menus, mais Capucine, elle, est émoustillée par ces courbes généreuse.

Ce soir-là, Romain est excité comme un gosse. Il réalise plusieurs tours de magie pour ses invitées, raconte des histoires à grand renforts de gestes, debout tandis qu’elles l’observent, amusées, sur le canapé. Hélène se monstre sarcastique, futée, franche. Son attitude impertinente charme Capucine. Comme avec Blanche, elle comprend pourquoi Romain est attiré par elle. Au bout d’un moment, Hélène semble s’impatienter. On voit bien qu’elle attend que son amant prenne les devants au lieu de faire le clown. Cette fois, Capucine ne tente rien. Elle aime quand Romain est comme ça, plein de joie. Elle en profite, jusqu’à ce qu’il se place entre elles deux. Il semble ne pas savoir quoi faire, alors Capucine lui suggère d’embrasser Hélène.

Peu de temps après, ils sont sur le lit, nus, s’adonnant à des jeux plus osés qu’avec Blanche. Le désir entre eux trois est plus sauvage. L’alchimie entre Hélène et Capucine réveille les sens de Romain, qui les regarde sans intervenir. Capucine sent que les sept années qui la sépare d’Hélène lui donnent une sorte d’autorité qui excite la jeune fille. Jouant de cette excitation, les gestes de Capucine se font plus fermes qu’ils ne l’ont jamais été. Elle a l’impression d’être une autre personne, plus masculine. Elle la plaque contre le mur de la chambre, serre son cou, lui mord les lèvres, agrippe des poignées de cheveux. Oubliant leur amant, elles continuent longtemps de se tester mutuellement. Soudain, elles entendent un « Bon. »

Honteuse d’avoir exclu Romain pendant de si longues minutes, Capucine cherche à se racheter. Toutes deux veulent s’occuper de lui, mais il n’est plus très excité. Ils retournent dans le salon, penauds. Hélène attrape une guitare et chante une de ses compositions qui parle d’une relation entre une jeune fille et un homme plus âgé. C’est vraiment beau, Capucine est impressionnée. Cette petite nana, comédienne de formation, est décidément pleine de talents. Un instant, Capucine ressent une pointe d’infériorité face à Hélène et Romain, tous deux artistes à leur manière. Après tout, elle n’est qu’une secrétaire médicale sans intérêt…

Après la chanson, Hélène annonce qu’elle est fatiguée. Capucine est déçue de laisser Romain en plan, mais elle comprend le message : Hélène veut se retrouver seule avec lui. Pour la première fois, la jeune femme ressent un début de jalousie. Elle aussi voudrait se faire pardonner, lui montrer qu’elle est là pour lui et non pour profiter de ses jeunes amantes. Mais le mal est fait.

Les jours suivants, Hélène et Capucine discutent en privé par messages. Elles expriment en secret tout le plaisir qu’elles ont eu à se rencontrer et à jouer ensemble. Une idée traverse leur esprit : et si elles se revoyaient toutes les deux, sans Romain ? Il se sentira peut-être moins exclu si les choses se passent loin de son regard. Toutefois, ne voulant pas faire les choses derrière son dos, elles lui parlent de cette envie. Il leur explique que ce n’est pas une bonne idée, que cela va changer la dynamique de leur relation. Capucine, agacée qu’on l’empêche de voir qui elle a envie, songe vertement qu’il veut être le centre de tout, qu’il n’accepte pas qu’on puisse s’amuser sans lui. Elle le trouve égocentrique pour la première fois.

Hélène, avec son esprit rebelle, insiste également pour aller au bout de son envie. Romain jette l’éponge. Elles veulent se revoir ? Très bien, mais il ne faudra pas s’étonner si les choses s’enveniment par la suite. Ignorant l’avertissement, les deux jeunes femmes se retrouvent dans un parc non loin de chez Capucine. Elle se promènent le soir, s’embrassent devant un type qui les regarde avec insistance. Le reste de la soirée, chez Capucine, ne se passe pas tout à fait comme elle l’avait imaginé. Trop heureuse de pouvoir parler de l’homme qui l’obsède, elle ne parvient pas à changer de sujet. Même s’il n’est pas là, il reste dressé entre elles comme un mur. Elles font l’amour, mais Capucine ne retrouve pas la fièvre qu’elle a ressentie quand elles étaient devant Romain.

Les conséquences de cette petite soirée se font sentir dès qu’elle revoie son amant. Celui-ci a une attitude très froide, il ne l’enlace pas comme à son habitude, lui répond à peine lorsqu’elle parle. Elle a l’impression nette qu’il la punit, ce qu’elle trouve profondément injuste, mais elle ne sait pas quoi faire, elle reste sidérée. Finalement, Romain décide de leur faire couler un bain. La proximité dans l’eau chaude les aide à parler. Il explique à Capucine qu’il s’est senti très mal le soir où les deux jeunes femmes étaient ensemble, et que désormais, Hélène a compris que Capucine était amoureuse, ce qui complique la relation censée être légère. Il laisse également entendre que jusque-là, c’est lui qui a « apporté » des jeunes filles à Capucine, mais qu’il aimerait que ce soit le contraire. Elle accuse le coup.

C’est son fort désir de se rattraper qui va la pousser à faire quelque chose qu’elle regrettera longtemps après la fin de sa relation avec Romain. Un jour, elle matche sur Tinder avec Ondine, une fille de 19 ans qui veut bien la rencontrer. Elles se donnent rendez-vous dans un café. Capucine séduit la jeune fille, qui se montre très timide. Elle lui parle de ses aventures, et Ondine se montre très intéressée. Elle lui avoue être fascinée par l’idée du libertinage. Capucine saute sur l’occasion.

— Je vais chez mon amant après, tu veux venir avec moi ?

— D’accord…

Pour rassurer Ondine, Capucine lui dit qu’elle est libre de partir quand elle veut, que personne ne la force à rien, que c’est juste une rencontre. Elle insiste sur le consentement et affirme qu’elle demande toujours aux gens leur accord avant un rapprochement sensuel. Ce mensonge lui coûte cher, quand dans l’ascenseur de l’immeuble de Romain, excitée par la situation, elle embrasse Ondine sans la prévenir.

— Je croyais que tu demandais toujours avant d’embrasser…

— Désolée, je croyais que tu en avais envie…

Gros impair, mais elles sont désormais devant l’appartement. Ondine reste. Avec Romain, le courant passe difficilement. La jeune fille parle très peu, ne répond que par « oui » ou par « non ». Pourtant, cette fois en respectant bien son consentement, Capucine l’embrasse à nouveau. Ils vont dans la chambre, les deux amants s’occupent de leur invitée, mais soudain, celle-ci se dégage.

—En fait, je crois que je vais partir. Terminez ce que vous êtes en train de faire, je file.

Sous la surprise, et ne comprenant pas bien ce qui se passe, Romain fait un câlin maladroit à Ondine, croyant qu’elle a besoin d’être rassurée. Mais celle-ci, mal à l’aise, s’enfuit en une minute. Elle oublie son briquet. Plus tard, Romain lui signale pour qu’elle passe le récupérer, mais ni lui ni Capucine n’ont plus jamais aucune nouvelle. La jeune femme se dit qu’elle a probablement choqué cette fille qui ne savait pas trop où elle mettait. Que s’est-il donc passé dans sa tête pour qu’elle s’échappe si rapidement ? Elle ne le saura jamais.

Cette mésaventure n’est pas le seul souvenir dont Capucine aura honte, plus tard. Il y a aussi l’épisode du collant. C’est avec le collant qu’elle a appris que Blanche aussi exploitait les fantasmes déviants de Romain pour les très jeunes filles… Un jour, la sage Blanche, qui faisait de la danse, a dérobé un collant rose laissé dans les vestiaires par une fille d’un autre cours. La taille du collant ne laissait pas de doute quant à l’âge de cette fille. Quand Romain montre le vêtement à Capucine, celle-ci n’hésite pas. Elle s’en sert pour l’exciter, lui chuchoter de nouveaux scénarios interdits. Mais pendant qu’elle déroule les scènes imaginaires, elle est prise de malaise devant le collant, preuve matérielle dérangeante de sa propre perversité. Elle se demande comment Romain fait pour que des jeunes femmes n’hésitent pas à risquer l’illégal pour lui. Capucine en a le vertige, d’autant qu’Hélène aussi partage ce vice. Et plus la jeune femme y pense, plus ces fantasmes la gênent.

Ce qui était au départ source de complicité avec Romain devient progressivement source d’éloignement. Les lolitas sont des spectres qui empêchent le magicien d’être pleinement avec elle, de la reconnaître pour sa personne et non pour sa simple capacité à le faire bander. Pourtant, aveuglée par son amour, elle reste.

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