C'est le fossoyeur qui a perdu son chat...

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J’ai laissé mon esprit vagabonder trop longtemps car je viens de réaliser que le cortège funéraire a déjà avancé et je me suis laissé distancer. Je me dépêche de le rejoindre, slalomant entre les tombes au lieu de suivre les chemins en gravillon. J’aime beaucoup ce cimetière. Tout d’abord, car il est fait sur un design américain : tombes à même le sol dans la pelouse, surface découpée en carrés (facile pour se repérer) et gravillons blancs pour les chemins. De plus, la semaine dernière, j’ai fait la connaissance du gardien, Gérard, un doux bonhomme, toujours avec un mot gentil pour les veuves éplorées ou un bonbon pour les enfants. Il est d’habitude accompagné de son chat, « Terreur ». Gérard l’a nommé ainsi car ce mini-félin avait réussi à mettre en déroute le roi des animaux, un lion qui s’était échappé du zoo et était rentré dans le cimetière. Enfin… C’est ce que la légende urbaine raconte ! C'est que Terreur est aussi sauvage que son maître est gentil. Maintenant que j’y pense, c’est étonnant, je ne l’ai pas vu avec Gérard en entrant ce matin. C’est étrange.

La cérémonie finit par les hommages et le cortège se désagrège doucement. Je décide d’abandonner la famille qui va veiller en comité privé. En partant, je m’arrête à la cabane du fossoyeur, que je trouve inquiet.

« Terreur a disparu, me déclara-t-il. Ce n’est pas son style. Il fait sa ronde toutes les nuits et reviens toujours dormir ici. Et ce matin il n’est pas revenu.

Il a dû suivre un oiseau, dis-je, et sera probablement de retour bientôt. »

Mais Gérard n’est pas convaincu.

« Monsieur Persée, me dit-il, je dois aller m’occuper de quelques emplacements. Est-ce que ça vous dérangerait de chercher Terreur dans le cimetière ? »

A la face qu’il tire, je pense qu’il serait soulagé si j’acceptais. Alors je lui dis que oui.

Je ne sais pas si le Père Gérard a de la parenté avec la Mère Michel, mais en tout cas me voilà en train de chercher le chat ! Méthodique, je commence par l’entrée du cimetière et je parcours les allées les unes après les autres.

« A te voilà ! », m’écriais-je. Terreur était étendu sur les graviers au fond d’un chemin annexe. Il doit bien dormir car il ne réagit même pas lorsque je m’approche. Mais quelque chose cloche… Il est inconscient ! Je l’inspecte un peu : pas de trace de sang, pas de blessure apparente. Le cœur bat mais il n’a aucune réaction, même quand je le prends dans mes bras. Alerté, je cours vers la cabane où Gérard vient d’arriver.

« Il n’est pas bien !, m’exclamais-je. Il faut l’amener chez le véto !

J’attrape mes affaires et on y va !, répondit le fossoyeur. »

Et me voilà dans la quatrelle verte de Gérard, assis entre l’arrosoir et la cisaille, en direction du cabinet du Docteur Boulègue, vétérinaire du quartier !

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