Magie et boule à neige

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J’ai de la chance : je suis tombé sur un motocycliste sympa. Me voyant au bord de la route, il s’est arrêté et m’a proposé de m’amener au cimetière, offre acceptée avec plaisir. C’est en à peine trente minutes que je rejoins le cimetière. En remerciement, je propose à mon motard de passer un soir au restaurant et que le repas serait au frais de la maison ! Il ne s’attendait vraiment pas une récompense et a l’air d’un coup tout penaud. Un large sourire se forme sur son visage et me dit qu’il viendra avec plaisir. Remettant son casque, il me fait un clin d’œil à travers la visière puis repart.

Terreur est dans mes bras. Il est toujours dans son état comateux et n’a pas bougé. Si Gérard me voyait avec son chat dans son cimetière, je serais dans une position assez gênante. Du coup, j’attrape la brouette à l’entrée, dépose Terreur dedans puis le recouvre avec une bâche. Mes craintes étaient fondées ! A peine avais-je fait dix mètres que Gérard sort de sa cabane et m’interpelle. Voyant que je ne viens pas, il accourt vers moi. Je m’attends à ce qu’il me fasse une réflexion sur la brouette donc j’essaie de trouver une excuse valable, sans succès d’ailleurs, mais celui-ci a l’air trop préoccupé pour remarquer mon attirail de jardinage. Il a l’air assez affolé et me dit :

« Persée, tu ne devineras jamais ! Ce sont mes oies ! Je viens de les trouver inconscientes dans leur enclos ! Comme Terreur ! »

Il a l’air vraiment inquiet. Mais je n’ai pas le temps de m’occuper de toute la ménagerie !

« Ne t’inquiète pas. Je suis sûr que ce n’est rien. Rentre chez toi et demain tout ira mieux. Désolé mais je dois y aller. »

Ma réponse le laisse coi, mais je ne lui donne pas le loisir de répondre. Ma brouette devant moi, je repars en direction du coin où j’ai trouvé le chat la première fois.

Mon plan est très simple : si Terreur est sous l’emprise d’une malédiction ou pratique de l’Art similaire, je peux essayer de trouver une connexion avec celui qui l’a lancé, comme un fil d’Ariane qui me guiderait. Ensuite, avec un peu de chance, je pourrais négocier pacifiquement une cessation et tout le monde sera content… Si seulement !

J’ai besoin de beaucoup d’Art pour détecter ce lien mais grâce à mon « ami » Barbe Noire, mes propres ressources sont déjà épuisées. Il faut que je tape dans une source extérieure. Je décide donc d’attendre minuit. Pourquoi ? Je pense que je vous l’ai déjà dit : certains lieux et certaines périodes ont des effets de boost sur l’Art. Minuit en est une, heure des maléfices. Pourquoi pensez-vous que tous les méchants attendent minuit pour mettre en marche leur grand plan ? Car minuit a un pouvoir. Tout comme midi d’ailleurs, mais à l’opposé, pour les aspects bénéfiques. Il en est de même pour les solstices, celui d’été pour le renouveau, celui d’hiver pour le crépuscule, Halloween bien sûr avec les morts, etc… C’est pareil pour les nombres ; le trois par exemple est un chiffre du pouvoir. Pensez au Triumvirat, la Sainte Trinité, les Trois Mousquetaires et même les sœurs Halliwell ! Donc minuit m’apportera l’Art nécessaire pour combler mon manque.

Je dépose Terreur sur le sol et prépare l’endroit. Je trace sur la terre un cercle autour du corps du chat et y inscris quelques runes. Quand je le dis ainsi, ça a l’air facile mais je peux vous dire que ça ne l’est pas du tout ! Le plus dur est de tracer des runes bien visibles avec un bout de bois dans la terre et je dois m’y reprendre à plusieurs reprises.

Mes travaux de bricolage me prennent bien une heure. J’ai encore du temps devant moi mais je n’ai pas encore fini mes préparations. J’ai maintenant besoin d’un catalyseur pour visualiser le lien. La version de luxe serait un diamant pur mais disons que ce n’est pas le type d’accessoire que j’ai toujours sur moi… Quand on est pauvre ou non-préparé comme dans mon cas, un verre devrait faire l’affaire. Du coup, je vais à la cabane de Gérard pour en prendre un dans la cuisine. J’espère que le fossoyeur n’est pas fâché contre moi de l’avoir ignoré précédemment !

A mon grand étonnement, il n’y a personne dans la maison. Gérard doit être avec ses oies ; je l’imagine très bien en train de leur parler, de les cajoler et même de leur raconter une histoire pour qu’elles aillent mieux. Cet homme est vraiment un sain ! Je me dirige vers la cuisine mais m’arrête soudainement. Sur mon visage se forme un sourire bien large lorsque mon regard se pose sur l’étagère non loin du poêle. Au-dessus sont posées des boules à neiges ! C’est encore mieux que des verres ! Vous savez : ces boules en verre remplies d’eau dans lesquelles il y a des représentations de monuments célèbres ou de pères Noël et lorsque vous les secouez, il y a une sorte de neige qui flotte dedans. Gérard en a quatre : un Père Noël (classique !), la Tour Eiffel, un autre bâtiment que je ne connais pas et enfin le Phare d’Alexandrie. Je reconnais ce dernier très facilement grâce à une plaque avec dessus des hiéroglyphes fixée sur le socle. Gérard a dû l’acheter lors de ses vacances en Egypte. Voilà exactement ce dont j’ai besoin ! Le Phare servait de guide aux marins et cette version me servira de guide pour retrouver celui qui a lancé le maléfice. Parfaite symbolique !

Ravi, mon catalyseur en main, je sors de la cabane et retourne à l’endroit où j’ai laissé Terreur. Tout d’un coup, je considère que ça a une chance de marcher !

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