Chapitre 2
« Numéro 408 ! Votre main s’il vous plaît. Votre œil. Votre pouls. Négatif ! A gauche ! »
Thorn fut soulagé : il était négatif ! Dans deux personnes, ce sera le tour de Tuva. Il aurait aimé être là pour voir ce qu’elle était. Mais un garde l’attrapa par l’avant-bras pour le faire sortir de la zone. Et ces gardes ont une force surnaturelle… Rien d’étonnant à cela, puisque que ce sont des robots, comme le contrôleur qui crie le numéro des gens. En effet, ici, sur Terre, tout a changé depuis le XXIème siècle. Les humains ont inventé des robots surpuissants. Grâce à ces robots, certaines entreprises se sont enrichies. Et une plus que toutes les autres : LicarionRobot. Ainsi, les robots de LicarionRobot étaient partout. Et cela a permis à son patron de prendre le contrôle de la Terre. Aujourd’hui, il a réduit les humains en esclavage grâce à ces machines. Quant aux animaux, ils n’ont presque plus d’espaces pour vivre. Enfin, ceux que Licarion n’a pas réduit en esclavage pour lui faire des spectacles, à lui et ses proches, ou pour faire des tests scientifiques. Tests qu’il fait autant sur des hommes que sur des animaux.
Une fois sorti de la zone, Thorn attendit au niveau de l’entrée. Avec tous ces tests, les esclaves avaient une journée de repos. Soudain, Thorn vit sortir la personne qui lui semblait être juste avant Tuva. Puis celle juste après. Mais aucune trace de la jeune fille. Il attendit que plusieurs personnes passent pour être sûr qu’il ne s’était pas trompé, mais il ne la voyait pas : serait-elle positive ? Il finit par aller demander à un garçon si le numéro 410 était passé.
« Regarde mon tatouage. Dit-il en soulevant sa manche. Voilà, tu es content ? » Puis il reparti en râlant et en pestant. Mais Thorn ne l’écoutait pas : sur le bras du garçon était écrit le numéro 417. Thorn en était sûr maintenant : Tuva était positive. Il ne la reverrait certainement jamais. Tuva était sa meilleure amie, et la seule personne qui lui restait. Maintenant, il était seul.
Déprimé et las, Thorn commença à errer dans les couloirs de la Louca. C’est comme ça que les Humains appelaient l’endroit où ils dormaient et mangeaient. Quand ils ne faisaient pas ça, ils assistaient à des conférences interminables de Licarion, ils inventaient de nouveaux modèles de voitures ou de robots. En fait, contrairement au XVème siècle où les esclaves travaillaient dans les plantations, donc faisaient des travaux manuels, Licarion se servait des cerveaux des hommes pour inventer de nouvelles choses. Souvent des choses pour son confort, mais parfois aussi des machines qui serviront plus tard à torturer et faire travailler les animaux. Et ils n’avaient pas le choix. Car Licarion les faisait fouetter s’ils n’inventaient rien. Et il ne leur donnait que le minimum pour inventer de machines. En fait, il leur donnait aussi le minimum à manger et à boire, et lorsque cela n’avançait pas assez vite, il les privait parfois de nourriture. Certains hommes et la plupart des animaux donnaient des spectacles à Licarion. Certains disaient que c’étaient ceux qui avaient la plus belle vie, mais Thorn et Tuva n’y croyaient pas trop.
Ainsi, Thorn finit par retourner dans sa chambre. Enfin, plutôt dans son dortoir : ils dormaient à 15, dont lui et Tuva, dans un petit espace de 40m². Du numéro 405 au numéro 420. Ils avaient chacun un petit lit, le même toute leur vie, et ils recevaient un vêtement par an. Soudain, la cloche retentit : c’était l’heure du repas. Il fallait y être dans 15 minutes. Cela peut paraître beaucoup, mais les couloirs de la Louca, par on-ne-sait-trop-quel-mécanisme, changeait tout le temps, surtout à l’heure du repas. C’était apparemment un des jeux préférés de Licarion, regarder les hommes tenter de trouver de quoi manger un peu.
Une fois le self trouvait et le bout de légumes déshydratés mangé, les esclaves sortaient dans la cour, sous la pollution, où un écran géant était dressé : c’était l’heure du grand discours de Licarion.
« Messieurs, mesdames, je suis heureux de vous voir aujourd’hui. »
Licarion commença son discours habituel, mais Thorn ne l’écoutait pas. Il pensait à Tuva. Soudain, ce que Licarion attira l’attention du jeune garçon:
« C’est un jour spécial. En effet, comme vous le savez, certains d’entre vous ont été sélectionnés lors du grand test. Ces personnes ont une mission de la plus haute importance : ils vont aller à la rencontre d’autres créatures sur d’autres planètes ! Non pas pour qu’ils nous servent mais pour faire du commerce avec eux : imaginez tout ce qu’ils pourraient nous apporter ! De nouveaux aliments, de nouvelles cultures… Nous avons sélectionné les plus forts et ceux qui ont le plus de chances de survivre avec peu d'oxygènes. Ils partiront demain. Bonne nuit à tous ! »
Puis chacun se dirigea vers son dortoir.
« Alors c’est ça. C’est pour ça que Tuva a disparu : elle va aller dans l’espace ! » pensa Thorn.
Mais au fond, il ne savait pas vraiment si c’était bien ou pas : ils rêvaient tous les deux d’aller dans l’espace, loin de toutes ces machines, mais maintenant que Tuva va y aller, Thorn se posait pleins de questions : et si elle ne survivait pas ? Si elle manquait d’oxygène ? Si les extra-terrestres la tuaient ? Et surtout, dans leurs rêves d'espace, Licarion ne les forcait à rien...
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